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En devenant artistes-paysans, les habitants ruraux vivant dans des montagnes mènent une vie meilleure

le Quotidien du Peuple en ligne | 22.08.2022 10h16

À partir de la ville de Liuyang de la province du Hunan située dans le centre de la Chine, si l'on se dirige en voiture vers l'est en longeant la rivière Liuyang, on arrive au canton de Xiaohe en un peu plus d'une heure, reconnu pour les peintures créées par des artistes-paysans. À plus de 70 km de la ville de Liuyang, ce canton est entouré par des monts Luoxiao, à la croisée de deux provinces : le Hunan et le Jiangxi.

Zhan Qiuming, qui était en train de peindre dans un studio du village de Xinhe, s'est arrêté et s'est serré les mains avec le journaliste. Il est dans la cinquantaine, pas très grand, avec une peau foncée, et un visage fin couvert de rides.

« C'est l'artiste-paysan le plus connu de notre canton ! », a présenté Shao Shao, secrétaire du comité du Parti du canton.

Zhan Qiu ming, un peu timide, a ri. « Quand je travaille dans les champs, je lève les yeux et vois les nuages au-dessus des montagnes. C'est quelque chose de grandiose, et j'ai envie de dessiner ce que je vois. La rivière miroite sous la lumière, et les gens s'amusent. C'est une image harmonieuse et je veux la peindre aussi. »

En mai 2022, dans un centre culturel du comté autonome miao de Rongshui de la ville de Liuzhou de la région autonome Zhuang du Guangxi (dans le sud de la Chine), Miao Jialin, expert en tableaux réalisés par des paysans, leur enseigne la peinture. (Liao Ziyuan / Pic.people.com.cn)

Zhan Qiuming a mis trois ans à améliorer ses compétences. En tant que membre d'une équipe de production de peinture, ses tâches se limitaient à de simples lignes et au coloriage au début. Ensuite, il copiait des tableaux de paysage tout seul. Il est maintenant capable de dessiner le paysage rural de son village.

Il vivait dans la montagne Zaochong, ce qui a rendu sa vie très difficile. En 2016, grâce au projet de construction des nouvelles campagnes visant à améliorer les lieux ruraux en général, sa famille a quitté la montagne. Cependant, avec seulement 4 mu de rizière (0,27 hectare), il ne pouvait que faire les petits poulots près de chez lui pour s'occuper de ses parents très âgés et de son fils qui allait à l'école primaire.

En 2017, le canton de Xiaohe a utilisé les fonds pour la réduction de la pauvreté et a introduit les projets de peinture à l'huile et de peinture artisanale. Le canton a invité les peintres et les étudiants des écoles des beaux-arts à apprendre aux paysans à peindre. Le canton a également fait venir les marchands d'art, pour garantir un débouché une fois que les paysans ont réalisé les tableaux.

En voyant leurs voisins s'enrichir après avoir appris à peindre, Zhan Qiuming a encouragé sa femme à l'apprendre. Sa femme l'apprenait assidûment pendant deux mois. « Je me suis rendu compte finalement qu'elle n'était pas faite pour la peinture, et j'ai commencé à l'apprendre moi-même », a dit Zhan Qiuming.

En août 2022, des peintures créées par des paysans sont exposées lors d'une exposition biennale à Nanjing. (Wang Jiankang / Pic.people.com.cn)

« Je pensais que le pinceau était plus lourd que la houe la première fois que j'ai tenu un pinceau. Je n'arrivais pas à m'arrêter quand je voulais, et je ne savais pas comment appuyer. » Au bout d'un mois de formation, Il n'a appris qu'à dessiner les lignes et à tenir l'équilibre.

Malgré le début difficile, ce paysan ayant grandi dans les montagnes ne cédait pas facilement face aux obstacles. Il apprenait en ligne après la fin de la formation et s'entraînait en apprenant. Trois mois plus tard, son œuvre réalisée sur une feuille carrée a été vendue à cinq yuans. Aujourd'hui, le prix de son tableau de paysage peut aller jusqu'à 600 ou 700 yuans.

Dans le studio qui a été un ancien grenier, des paysans travaillent chacun à leur poste. Huang Boyou trace des lignes soigneusement. « Nous travaillons sur une chaîne de production et je me charge de la première étape. » Huang Boyou, 49 ans, avait travaillé dans la ville de Donguan de la province du Guangdong pendant dix ans. Elle avait des remords car elle ne pouvait s'occuper de ses parents et de ses enfants.

Dès l'ouverture du studio dans le village, elle est retournée au village après avoir démissionné. « J'ai un revenu mensuel stable d'environ 3 000 yuans. Ce qui est important, c'est que je puisse m'occuper de ma famille et travailler dans les champs. »

En août 2020, des paysans du bourg de Xiepu de la ville de Ningbo de la province du Zhejiang (dans l'est de la Chine) peignent des tableaux portant sur les bonnes manières à table. (Zheng Kaixia / Pic.people.com.cn)

Dans le canton de Xiaohe, les tableaux peints par les paysans sont l'une des industries pour consolider les progrès en matière d'élimination de la pauvreté et de revitalisation rurale. Il y a six studios dans le canton, pour la peinture chinoise traditionnelle, la peinture à l'huile, la peinture créative et autres, ainsi que 460 artistes-paysans. En collaborant avec des entreprises, le canton coordonne la formation des paysans et la vente de leurs œuvres, et a réussi à transformer les paysans travaillant avec la houe en peintres travaillant avec le pinceau. Leurs œuvres sont vendues dans une dizaine de pays étrangers, permettant à 42 foyers pauvres de sortir de la pauvreté.

Avec cinq villages et 15 000 habitants, la proportion de personnes pauvres du canton de Xiaohe a été la plus élevée dans la ville de Liuyang il y a quelques années. Ces dernières années, par le développement des tableaux réalisés par les paysans et du tourisme rural, le canton a créé des lieux touristiques comme le barrage Yulin, des rues artistiques, le musée pour le patrimoine immatériel dédié à l'impression à caractères mobiles et un observatoire astronomique, attirant plus de 300 000 touristes par an. Il a ainsi sorti sa population de la pauvreté par des mesures ciblées, et a embelli les villages et a enrichi les villageois.

« Je n'ai jamais quitté mon village natal dans ma vie, et je ne m'attends pas à ce que mes œuvres aient visité les pays étrangers à ma place. » Zhan Qiuming commence à concevoir sa prochaine œuvre. « Je souhaite dessiner une rivière sur les nuages, avec des montagnes, des ruissellements, des pins millénaires, et notre belle vie aujourd'hui ! » 

(Par He Yong, journaliste au Quotidien du Peuple)

(Rédacteurs :Shuang Sheng, Yishuang Liu)
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