Dernière mise à jour à 08h39 le 29/11
Début novembre, l'école ethnique de Xiangrui, relevant de l'école secondaire de l'Université No 2 des langues étrangères de Beijing, a organisé une cérémonie spéciale de rentrée scolaire pour marquer la participation des 31 premiers écoliers sélectionnés à un programme intitulé "lycée franco-chinois".
De leur quatrième année d'école primaire jusqu'à la fin du lycée, ces 31 adolescents recevront, outre des cours en chinois, dix heures de cours en français (langue française, sciences, arts et exercices physiques) par semaine. Quatre enseignants français sont chargés de leur éducation.
Il s'agit du premier programme d'enseignement en langues chinoise et française en Chine. Il est le fruit du 3e Dialogue des échanges culturels de haut niveau Chine-France organisé en juin 2016 et du jumelage entre Beijing et Paris.
Yuan Jing (pseudonyme) compte parmi les 31 écoliers sélectionnés. "J'adore le français. Je voudrais faire un jour mes études en France et trouver un travail nécessitant l'utilisation du français", explique-t-il d'un ton ravi. Sa mère précise toutefois que cela ne saurait justifier un relâchement en anglais, à cause du bac chinois.
Toujours cette année, Sciences Po a annoncé son programme d'école d'été, qui ouvrira pour la première fois aux lycéens internationaux, dont les Chinois.
"Les élèves et parents chinois cherchent depuis des années une troisième voie au féroce concours national d'entrée à l'université et aux études supérieures dans des pays anglosaxons", explique Liu Huayin, représentante du bureau en Chine de Sciences Po. Selon elle, l'école d'été est une belle occasion de donner à ces jeunes un avant-goût de la pédagogie et de l'ambiance de cette université.
Le niveau d'anglais (les cours y sont donnés en anglais), les connaissances de base et l'intérêt pour les sciences sociales sont trois facteurs de sélection des candidats, précise Mme Liu.
Selon elle, Sciences Po compte parmi les premières universités françaises à admettre des bacheliers chinois. Ces dernières années, le nombre de demandeurs et celui des personnes sélectionnées ne cessent d'augmenter. Aujourd'hui, les étudiants chinois, y compris ceux participant à des échanges, sont 400 à suivre des cours dans cette université, juste derrière les Américains et les Allemands. Les Chinois choisissent principalement des cursus en politique, en relations internationales et en commerce.
Quant aux sciences naturelles, la France a lancé il y a plus de dix ans, à l'occasion de l'Année de la culture française en Chine en 2005, un projet baptisé "50 élèves chinois pour les classes préparatoires aux grandes écoles".
Un ancien responsable du Lycée Louis-le-Grand et de l'Association des proviseurs de lycées à classes préparatoires aux grandes écoles, note que les systèmes éducatifs des lycées français et chinois ont beaucoup de points communs et partagent un potentiel de coopération.
La plupart de ces jeunes chinois prometteurs auront un accès à l'ingénierie de pointe française, comme celle d'Airbus, du TGV et des centrales nucléaires.
En revanche, Tang Sheng (pseudonyme), qui offre des services de conseils sur les études en France pour les élèves chinois et qui possède une dizaine d'années d'expériences, adopte une attitude plus discrète vis-à-vis du phénomène de suivi d'un cursus du secondaire en France par des élèves chinois.
"Ces mineurs sont psychologiquement moins stables, et la langue étrangère du système éducatif chinois est l'anglais. La barrière de la langue et le problème de l'intégration à la société locale sont deux grandes difficultés à surmonter, surtout quand leurs parents ne sont pas là", constate M. Tang.
Selon lui, en France, il n'existe pas de politique de visa permettant aux parents d'accompagner leurs enfants tout au long de leurs études. Par ailleurs, l'hébergement de ces écoliers n'est pas géré par leurs écoles. Il faut donc trouver une famille d'accueil ayant la volonté d'assumer le droit de tutelle. Cet arrangement n'est pas sans risque, à la fois pour la famille d'accueil et le lycéen lui-même. D'après M. Tang, les étudiants universitaires représentent encore la grande majorité des élèves chinois en France.