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La monnaie du Venezuela est tellement dévaluée qu'elle ne tient plus dans les portefeuilles

le Quotidien du Peuple en ligne | 28.11.2016 09h08

Un peu comme dans l'Allemagne des années 1920, même si la situation n'est fort heureusement pas aussi grave, il n'est aujourd'hui pas si facile de trouver quelqu'un qui utilise encore un portefeuille au Venezuela, où l'inflation devrait atteindre 720% cette année et où le plus gros billet -100 Bolivars- ne vaut qu'environ 5 Cents américains sur le marché noir. La monnaie locale a chuté de façon spectaculaire en valeur du fait de l'effondrement de l'économie pétrolière du Venezuela et parce que le gouvernement a frénétiquement fait fonctionner la planche à billets. Les prix sont en plein essor, ce qui fait que les Vénézuéliens doivent manipuler d'énormes volumes d'argent -tellement que les billets ne tiennent pas toujours dans un portefeuille standard- beaucoup de gens portant des liasses de monnaie dans des sacs à main, des ceintures porte-monnaie voire des sacs à dos.

Selon le propriétaire d'un petit kiosque vendant des journaux, des cigarettes et des snacks dans l'un des quartiers les plus agréables de Caracas, chaque soir, il emballe tranquillement un sac en plastique rempli des gains de la journée, environ 100 000 Bolivars (environ 52 Dollars US) en billets de 10, 20, 100 Bolivars. Le Venezuela est un pays où le taux de criminalité est l'un des plus élevés dans le monde, et transporter beaucoup d'argent est dangereux. Il a dit qu'il ne se sent pas en sécurité, bien qu'il utilise son propre scooter plutôt que les transports publics.

« L'ensemble de Caracas n'est pas sûr », a déclaré ce propriétaire de kiosque de 42 ans, qui a refusé de donner son nom. Il y a trois ans, le volume d'argent qu'il transportait à la maison après une longue journée de travail était plus petit, a-t-il dit, et les risques aussi. Il a dit que ses clients comptaient généralement leurs billets avant de sortir dans la rue, ayant trop peur d'être vus tenant de l'argent en public. Son produit le plus vendu est la cigarette, qui a grimpé de 250 Bolivars à 2 000 Bolivars, soit un peu plus d'un Dollar US sur le marché noir. La vente d'un seul paquet de cigarettes ajoutera un nouveau lot de 20 billets de 100 Bolivars à ses gains.

L'effondrement de la valeur de la monnaie vénézuélienne signifie que le retrait de l'équivalent de 5 Dollars US d'un distributeur automatique donne une poignée d'au moins 100 billets. Certains guichets automatiques doivent maintenant être remplis toutes les trois heures, car ce que les machines contiennent ne peut durer beaucoup plus longtemps. En raison des difficultés de réapprovisionnement des machines, il y a souvent un nombre limité de guichets automatiques fonctionnels et des queues interminables de personnes qui attendent pour retirer de l'argent.

Tous ces tracas au sujet de l'argent liquide ont incité de nombreux vénézuéliens à payer leurs achats avec des cartes de crédit. Le propriétaire d'un café local, qui a refusé de donner son nom, a ainsi déclaré que 90% des revenus de son entreprise ont été payés par voie électronique. Le paiement électronique est de plus en plus fréquent dans le pays, a déclaré Henkel Garcia, directeur du think tank économique vénézuélien Econométrica. « L'utilisation des paiements en ligne pourrait bien avoir monté en flèche », même si, pour les petites entreprises, acheter et mettre en place des machines à cartes de crédit est cher.

Le président Nicolás Maduro, qui est arrivé au pouvoir en 2013 et a poursuivi la politique socialiste de son prédécesseur, Hugo Chávez, met les malheurs de son pays sur une « guerre économique » menée par ses adversaires du milieu des affaires et aux États-Unis. Mais, selon la presse locale, signe que son gouvernement reconnaît tout de même les problèmes monétaires, les autorités envisagent d'émettre des billets de plus grande dénomination en janvier. Les billets devraient commencer à 500 Bolivars et atteindre jusqu'à 20 000 Bolivars, soit un peu plus de 10 Dollars US. « Ils sont nécessaires pour l'économie, pour les banques et pour le peuple », a déclaré José Grasso Vecchio, consultant économique et ancien directeur technique exécutif de l'Association des banques vénézuéliennes. « Cette initiative est positive ». 

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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