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Rencontre au cœur de Paris avec Kim Hun, libraire et éditeur hors-norme d'origine chinoise

Xinhua | 23.04.2016 10h49

Au cœur du quartier latin de Paris, à quelques pas de l'Université de la Sorbonne, se trouve la librairie Youfeng, et quelques clients s'arrêtent devant les étalages qui s'étirent du sol au plafond où sont soigneusement rangés des milliers de livres français et chinois.

L'atmosphère est calme et silencieuse dans cette petite librairie aux grandes bibliothèques blanches.

Une cliente espagnole vient spécialement chercher un ouvrage sur la médecine chinoise, tandis qu'une autre cherche un livre de François Cheng. Elles sont conseillées par deux libraires qui travaillent avec le fondateur historique de la librairie, Kim Hun, qui y est présent presque tous les jours.

C'est en 1976 que Kim Hun a débuté son activité de libraire en ouvrant son propre établissement à Paris, la célèbre et incontournable librairie "Youfeng", et il a créé en 1980 sa propre maison d'édition "Youfeng Editions", qui sort aujourd'hui 80 livres par an, dont la plupart sont des livres français sur la Chine.

Ce Cambodgien d'origine chinoise, fait Chevalier des Arts et des Lettres de France, a un parcours hors-norme. Il était étudiant à Paris lorsqu'il s'est intéressé aux biographies de plusieurs poètes chinois, explorant le confucianisme et le taoïsme.

"J'étais paresseux, très bon en sport mais très mauvais en littérature", explique-t-il à Xinhua. "Ce sont mes amis étudiants français qui m'ont parlé de poètes chinois. N'y connaissant rien, j'ai commencé à me renseigner puis cela m'a passionné et je n'ai depuis cessé de lire".

Kim Hun est avant tout guidé par sa passion pour la littérature chinoise : "J'ai ouvert une librairie pour lire, pas pour vendre", explique-t-il.

Concernant ces choix éditoriaux, le plaisir de lire en est le moteur : "j'édite les livres que j'aime, qui m'intéressent, pour le plaisir de partager un savoir, je n'ai pas de considérations commerciales", souligne-t-il.

Il a créé ses propres dictionnaires franco-chinois, qui figurent parmi ses best-sellers et sont vendus chaque année par milliers; mais aussi ses propres livres d'apprentissage de la langue chinoise, avec le souci de "rendre compréhensible l'apprentissage du chinois en l'adaptant à la façon de penser française", précise-t-il à Xinhua.

Ses ouvrages sont tellement appréciés qu'il en envoie 20 à 30 exemplaires par jour à l'étranger. Sa clientèle parisienne est constituée à 50% de Chinois et 50% de Français.

Interrogé par Xinhua sur l'existence d'une éventuelle concurrence en France de la part de grandes maisons d'éditions françaises, Kim Hun a expliqué que malgré l'intérêt croissant des lecteurs pour la littérature classique et contemporaine chinoise, les grands groupes français ne prennent pas le risque de vendre à perte : "Les livres chinois sont populaires sur le marché français mais peu d'éditeurs français en publient, car cela ne leur rapporte pas assez", a-t-il confié à Xinhua. "Moi, c'est différent, j'ai le sang chinois".

Ce passionné de littérature chinoise est également convaincu de l'importance de connaître ses racines et de transmettre le savoir littéraire aux générations actuelles et futures : "Il ne faut pas oublier la langue, les bases de notre littérature, et ce notamment pour les jeunes générations (chinoises) qui vivent ici (en France)".

(Rédacteurs :Yishuang Liu, Wei SHAN)
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