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Liu Xiaoming : la Chine n'a aucune ambition de "régner sur les mers"

le Quotidien du Peuple en ligne | 01.07.2016 16h11

Le 23 juin 2016, le site de World Post a publié un article intitulé La Chine ne cherche pas à "régner sur les mers", signé de Liu Xiaoming, ambassadeur de Chine au Royaume-Uni. En voici le texte intégral :

"Rule, Britannia ! Britannia rule the waves !" (Règne, Grande-Bretagne ! Règne sur les mers !). Ce fut le chant patriotique de la Royal Navy britannique à l'époque où l'Empire britannique prit forme. C'est la puissance navale qui a été la force qui a permis à la Grande-Bretagne de se diriger vers la domination du monde il y a 250 ans.

Aujourd'hui, certains laissent entendre que la Chine chante une version 21e siècle de cette célèbre chanson avec de nouveaux versets : "La Chine règne sur les mers". Pour ces commentateurs, la Chine est en train de transformer la mer de Chine méridionale en un "lac de Chine méridionale" en y construisant des bases militaires et en bloquant la liberté de navigation.

Mais est-il vrai que la Chine est à ce point anachronique ? Est-il approprié de dire que la Chine se "militarise" et cherche à acquérir un contrôle sur la mer de Chine méridionale ou même essaie de "régner sur les mers", tout simplement du fait des efforts de construction qu'elle y mène et des installations défensives installées sur certaines de ses propres îles ?

La vérité est qu'il y a des siècles la Chine fut la première à découvrir et nommer les îles et les récifs de la mer de Chine méridionale. La Chine fut la première à s'y livrer à des activités de développement et à y exercer sa compétence administrative. La Chine possède la souveraineté sur les îles et les récifs de la mer de Chine méridionale, mais elle n'en contrôle que quelques-unes seulement depuis plus de 40 d'entre elles ont été occupés au cours des dernières décennies par d'autres Etats du littoral, comme le Vietnam et les Philippines, qui, depuis leur occupation, ont gagné des terres sur la mer et construit des installations afin d'y renforcer leur mainmise. Pendant ce temps, sur la plupart des îles et récifs sous le contrôle de la Chine, les conditions de vie sont difficiles –à part l'île Taiping où stationne Taiwan.

Face au déséquilibre grave et croissant en mer de Chine méridionale, la Chine, en tant que véritable propriétaire des îles et récifs, y a besoin d'une présence visible pour réaffirmer sa souveraineté. Dans un sens, c'est un effort de "rééquilibrage" en mer de Chine méridionale.

Après tout, en matière de politique internationale et de négociations diplomatiques il faut être réaliste. Pour les propriétaires, il est toujours difficile d'expulser les squatters. Il est tout aussi nécessaire de garder la maîtrise de soi, et la non-action n'est jamais une réponse à l'opportunisme des intrus.

C'est pourquoi la présence accrue de la Chine en mer de Chine méridionale n'a pas pour ambition de "régner sur les mers". La Chine revendique la souveraineté et ses droits historiques sur les îles et les récifs de la mer de Chine méridionale. Ce n'est pas une créance sur l'ensemble de la mer de Chine méridionale, encore moins la volonté de la transformer en un "lac chinois". Comme la mer de Chine méridionale est une route internationale vitale pour les transports maritimes, la Chine n'y entravera jamais la liberté de navigation légale et légitime.

Le véritable danger provient de pays extérieurs à la région, qui inventent des prétextes pour des actions militaires provocatrices en mer de Chine méridionale afin de forcer la Chine à renforcer sa défense en réponse et pour piéger la Chine dans une "prophétie auto-réalisatrice". A ce petit jeu, imposé de l'extérieur, la Chine ne met pas la main sur l'interrupteur mais réagit de façon apparente aux provocations.

Un autre facteur qui attise les tensions est qu'une poignée de pays de la région estiment qu'ils bénéficient d'un fort soutien. La réalité en mer de Chine méridionale est que la Chine ne cherche pas à intimider des voisins plus petits. La réalité est que c'est la Chine qui est victime d'intimidations par des petits voisins. Un exemple typique est l'arbitrage initié par les Philippines qui pensent qu'elles ont le soutien d'un pays plus grand. Mais elles ne se rendent pas compte qu'elles ne sont rien de plus que les pions sur l'échiquier d'une superpuissance qui pourrait un jour ne plus avoir besoin d'elles. En Asie, les superpuissances vont et viennent. Il faut savoir regarder plus loin que Cam Ranh Bay et Subic Bay.

La question de la mer de Chine méridionale est un test de la sagesse diplomatique de la Chine et de sa cohérence stratégique. La Chine a besoin de maintenir fermement sa souveraineté tout en exerçant un haut niveau de maîtrise d'elle-même. La dernière chose que la Chine veut est d'être entraînée dans un conflit armé. Mais la Chine ne saurait accepter un arbitrage forcé qui lui est imposé par d'autres.

Pour autant, la question de la mer de Chine méridionale n'est pas un problème insoluble. Depuis le tout début, la Chine mis en avant une proposition, mettre les différends de côté et s'engager dans le dialogue et le développement commun. Ce principe de base reste inchangé. En tant que solution réaliste, la Chine a proposé une "double approche", à savoir que les différends en la matière doivent être correctement résolus par les pays directement concernés par la négociation et la consultation. Cette approche est basée sur des faits historiques et le droit international, afin que la paix et la stabilité en mer de Chine méridionale puissent être sauvegardées conjointement par la Chine et les pays membres de l'ASEAN.

La question de la mer de Chine méridionale est une pierre de touche pour tous les pays concernés. Nous espérons que certains pays de cette région n'iront pas trop loin dans leur manière d'intensifier les conflits au détriment de la coopération régionale. Nous espérons qu'ils pourront travailler avec la Chine pour gérer efficacement les différences, préserver la stabilité et explorer un nouveau modèle de coopération.

Quant à tous les pays extérieurs à la région, il est essentiel qu'ils renoncent à toute provocation, comme monter un pays contre un autre ou renforcer leur déploiement militaire dans cette région. Nous espérons que les pays extérieurs à la région pourront se montrer impartiaux, ne pas prendre parti et soutenir les efforts de la Chine pour résoudre les différends par des négociations bilatérales avec les pays directement concernés.

Le monde d'aujourd'hui ne va pas répéter l'expansion coloniale des 17e et 18e siècles, les conflits entre les puissances européennes de la fin du 19e siècle, ou les années de guerre froide. La Chine est une nation éprise de paix avec une compréhension profonde des leçons sur l'ascension et la chute des grandes puissances. La Chine n'a pas pour tradition de rechercher l'hégémonie. Pas plus qu'elle n'en a l'envie ou des raisons de le faire. Le chemin que la Chine continuera à suivre est une voie de développement pacifique.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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