Dernière mise à jour à 08h25 le 22/12
En dépit de la rhétorique américaine présentant comme involontaire le survol d'îles chinoises en mer de Chine méridionale par des bombardiers B-52, il est clair pour tous que cet incident est le fruit d'une nouvelle manoeuvre de Washington visant à maintenir son hégémonie mondiale.
Au cours des derniers mois, les Etats-Unis ont accru la tension dans la région en y envoyant deux bâtiments de guerre ainsi que des avions de patrouille, le tout sous prétexte de vouloir préserver la liberté de navigation.
Comme ces exemples le démontrent, l'armée américaine a pris goût au fait de croiser au large de ces îles en mer de Chine méridionale ou de les survoler.
Après avoir invoqué pendant aussi longtemps cette excuse sur la liberté de navigation, les Etats-Unis sont peut-être aujourd'hui fatigués de devoir le faire encore pour justifier leurs actes. L'incursion des deux B-52 a connu une nouvelle justification : les appareils ont dû changer de cap en raison du mauvais temps.
Toutefois, si l'on écoute des experts militaires, il est très peu probable qu'un bombardier stratégique comme le B-52 doive modifier son cap à cause de la météo.
En réalité, la mer de Chine méridionale n'est pas la seule zone qui a vu les Etats-Unis prendre des décisions préjudiciables en contradiction avec leur engagement de travailler avec la Chine à établir un nouveau type de relation entre puissances majeures entre les deux pays.
Le 16 décembre, le président américain Barack Obama a fait autoriser la vente à Taïwan d'un ensemble d'armements d'une valeur de 1,83 milliard de dollars et cela au moment où les relations des deux côtés du détroit de Taiwan ont atteint un niveau jamais atteint depuis 1949, dans la foulée de la rencontre historique en novembre à Singapour entre les dirigeants des deux rives du détroit.
Washington justifie cette vente d'armes sous le prétexte fallacieux d'aider l'île à se défendre d'une agression qui viendrait du continent. Ceci ignore délibérément le fait que Beijing prône une réunification pacifique et que la Chine a toujours promis de ne jamais recourir à la force contre Taïwan sauf si l'île venait à décider de déclarer son indépendance ou de couper les ponts avec le continent.
Depuis sa décision d'effectuer un "pivot" diplomatique et militaire vers l'Asie, Washington a pris un certain nombre de décisions dans la région Asie-Pacifique. Malheureusement, au grand dam de beaucoup, la majorité de ces décisions, officiellement prises pour promouvoir la stabilité et la prospérité dans la région, n'ont visé en réalité qu'à asseoir l'hégémonie américaine.
La Chine, qui exerce un rôle responsable sur la scène mondiale, a toujours maintenu que l'océan Pacifique était assez grand pour voir Chinois et Américains y cohabiter.
Le multilatéralisme est une tendance de fond dans les relations internationales. Si Washington continue de s'accrocher à son concept périmé d'hégémonie et de chercher à saper les intérêts légitimes de la Chine, il pourrait se retrouver empêtré dans un bourbier qu'il aura lui-même engendré.