Dernière mise à jour à 08h39 le 16/11
La Chine, qui se prépare à accueillir le sommet du G20 l'an prochain, a une excellente occasion de contribuer à établir un programme du G20 solide qui pourrait aboutir à des résultats plus concrets, ont estimé des experts américains.
En tant que forum économique et financier le plus important au monde, le G20 a répondu très efficacement à la crise financière mondiale en 2008 et 2009, mais il a eu de grandes difficultés à obtenir des résultats significatifs depuis l'amélioration de la crise en 2010, a estimé Matthew Goodman, conseiller en économie asiatique et titulaire de la chaire William E. Simon d'économie politique du Centre pour les études stratégiques et internationales (CSIS), un think-tank américain.
"Je pense que le principal sujet à l'ordre du jour sera les moyens d'accroître la croissance, mais franchement, je ne m'attends pas à de grandes réalisations pour améliorer la croissance", a déclaré M. Goodman dans une interview accordée récemment à Xinhua dans laquelle il a évoqué le sommet du G20 ouvert dimanche dans la ville balnéaire turque d'Antalya (sud-est).
Le 10e sommet du G20 intervient à un moment où le Fonds monétaire international (FMI) a averti que l'économie mondiale risquait de continuer à enregistrer une croissance inférieure à la normale et appelé les membres du G20 à entreprendre des réformes structurelles et à prendre des mesures efficaces axées sur la demande afin de stimuler davantage la croissance.
Lors du sommet du G20 de l'année dernière à Brisbane, en Australie, les dirigeants du G20 ont décidé de mettre en place des politiques qui permettraient d'élever leur PIB collectif de 2 points de pourcentage supplémentaires en 2018. "Selon les prévisions actuelles, ils sont 2 points de pourcentage en dessous de ce qui était prévu. Il leur manque donc encore 4 points de pourcentage", a indiqué Edwin Truman, chercheur à l'Institut Peterson pour l'économie internationale.
"Le problème est que la croissance est lente dans les pays avancés, les marchés émergents et les pays en développement... Il n'y a pas vraiment de consensus sur la manière de sortir de cette crise", a indiqué M. Truman à Xinhua.
M. Goodman a estimé que les dirigeants du G20 devaient cesser d'adopter des "grands plans d'action" et se concentrer sur des choses très spécifiques et sur les "pierres d'achoppement" afin que le G20 parvienne à une croissance forte, durable et équilibrée.
En tant que membre fondateur du G20 et pays d'accueil du sommet du G20 en 2016, la Chine pourrait adopter cette approche réaliste afin de faire progresser le programme du G20 en travaillant concrètement dans les domaines des investissements dans les infrastructures, du commerce et de la réforme de la réglementation financière, a-t-il indiqué.
Selon M. Goodman, la Chine pourrait contribuer à transformer le Centre mondial des infrastructures créé lors du sommet du G20 l'année dernière à Brisbane en un forum plus institutionnalisé afin d'étudier de nouvelles approches dans les investissements dans les infrastructures.
"La Chine a beaucoup de capitaux et une grande expérience dans les investissements dans les infrastructures, et la Chine a intérêt à ce que certains problèmes sous-jacents ou obstacles dans les investissements dans les infrastructures soient réglés correctement", a-t-il indiqué, notant que la Banque asiatique d'investissement dans les infrastructures (BAII) pourrait être un autre outil qui pourrait soutenir le programme d'infrastructures du G20.
Avec un capital autorisé de 100 milliards de dollars américains, la BAII pourrait promouvoir le développement durable de l'économie asiatique et investir dans des secteurs tels que l'énergie, les transports, la construction urbaine et la logistique ainsi que l'éducation et la santé.
Cette initiative est "très constructive" pour la promotion de la coopération en Asie, a indiqué M. Truman.
En ce qui concerne le commerce, M. Goodman a indiqué que les dirigeants du G20 avaient décidé de ne pas imposer de nouvelles mesures protectionnistes et de soutenir le programme commercial multilatéral.
La Chine a tout intérêt à ce qu'un bon régime de commerce multilatéral soit mis en place, selon M. Goodman, qui estime que Beijing pourrait contribuer à faire avancer des négociations sectorielles dans le cadre de l'OMC, par exemple sur l'élargissement de l'Accord sur les technologies de l'information et de l'Accord sur les biens environnementaux.
"Si la Chine fait progresser les négociations sur plusieurs autres accords commerciaux multilatéraux, ce sera une bonne chose", a également estimé M. Truman, faisant écho à M. Goodman.
En ce qui concerne la réforme de la réglementation financière, M. Goodman a déclaré que le G20 avait accompli un bon travail en renforçant la base de capital des banques et en faisant en sorte qu'aucune banque ne soit "trop grosse pour faire faillite" ("too big to fail"), mais que la conversation avait surtout été entre les régulateurs américains et européens.
"Je pense qu'il y a peut-être une opportunité, en particulier pour la Chine lorsqu'elle accueillera le G20, de ne pas abandonner le travail sur la réglementation bancaire, de continuer sur cette bonne voie, mais de mettre davantage l'accent sur les problèmes du marché des capitaux, ce qui favoriserait les objectifs de la Chine et d'autres marchés émergents", a-t-il indiqué.
"Je pense qu'il est très utile que la Chine assume le rôle de pays hôte en 2016 et dispose d'une occasion de faire progresser le programme du G20, en particulier en ce qui concerne la croissance, la stabilité financière et les réformes de gouvernance des institutions financières internationales", a estimé M. Goodman.
"La Chine est encore émergente, mais c'est un pays économiquement puissant et important. Je pense qu'elle a un rôle à jouer pour aider à unir tout le groupe en vue de progresser vers la réalisation d'objectifs communs", a-t-il ajouté.
Des responsables de la Maison Blanche ont également fait part de leurs attentes élevées à l'égard du futur rôle d'hôte du G20 de la Chine.
La vice-conseillère de la Maison Blanche pour la sécurité nationale Caroline Atkinson a estimé que les responsables chinois feraient de leur mieux pour accueillir le G20 lors d'un événement organisé à l'Institut Peterson d'économie internationale début novembre.