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Le commerce sino-américain sur la voie de l'équilibre et de la durabilité

Xinhua | 21.09.2015 08h38

L'économie et le commerce sont sans doute les deux domaines où les intérêts chinois et américains convergent le plus et où les deux pays ont réalisé des choses importantes et mutuellement bénéfiques grâce à la coopération et à la gestion des différends.

Avec la montée en puissance de la classe moyenne chinoise et l'entrée sur le marché de la Chine facilitée par le commerce électronique et d'autres mécanismes, tels que l'accord bilatéral d'investissement qui sera prochainement conclu, la structure du commerce entre la Chine et les Etats-Unis est de plus en plus équilibrée et durable.

Beaucoup espèrent que la visite du président chinois Xi Jinping aux Etats-Unis la semaine prochaine entraînera une percée dans les négociations sur le traité bilatéral d'investissement (TIB).

DE L'USINE DU MONDE AU MARCHE DU MONDE

En novembre dernier, plus de 200 tonnes de canneberges séchées ont été vendues lors d'une promotion d'un jour lancée par le géant américain du commerce de détail Costco lors de sa première apparition sur le marché chinois.

Au cours de la promotion, l'entrepôt de Costco à Wuhan, ville du centre de la Chine, a vu disparaître presque tous ses stocks d'assortiments de noix, un autre casse-croûte américain populaire en Chine.

Cette frénésie d'achats a été lancée par le géant chinois du commerce électronique et la plus grande entreprise en ligne au monde, Alibaba. Compte tenu de la hausse du pouvoir d'achat de la classe moyenne chinoise, Alibaba a lancé au début de l'année dernière la plate-forme en ligne Tmall Global, qui regroupe diverses marques étrangères de produits alimentaires, de vêtements, de cosmétiques ou encore de produits de soin pour bébés.

Selon les statistiques publiées par Alibaba, les recettes des gros détaillants étrangers, dont les sociétés américaines Costco et Nature's Bounty, ont dépassé dix millions de yuans (1,6 million de dollars) en seulement neuf mois après le lancement de Tmall Global.

Mais Alibaba n'est pas seul. Le commerce électronique transfrontalier a fortement progressé à la suite de l'annonce par le gouvernement chinois de politiques de soutien visant à accélérer et faciliter les achats en ligne depuis l'étranger et à amoindrir leur coût.

La seconde plus grande société de commerce en ligne de Chine, JD, envisage de construire des entrepôts à l'étranger pour réduire davantage les coûts et accélérer les livraisons.

"L'économie chinoise connaît indéniablement des ajustements structurels. Mais il n'y a aucun problème pour le marché des consommateurs", a indiqué le PDG de JD, Liu Qiangdong.

La Chine est à présent le troisième plus grand marché d'exportation des États-Unis après le Canada et le Mexique. Les exportations américaines à destination de la Chine ont augmenté de 198% au cours des dix dernières années, enregistrant une croissance supérieure à tous les autres pays, a indiqué le Conseil sino-américain des entreprises dans son rapport annuel de 2015.

En outre, alors qu'elle transite vers un modèle de croissance axé sur la consommation, la Chine, qui est l'usine du monde d'aujourd'hui, deviendra le plus grand importateur et le marché du monde, selon une étude sur l'avenir des relations commerciales sino-américaines dans les dix prochaines années.

Les entreprises américaines, grandes ou petites, s'implantent sur le marché chinois en empruntant différentes voies.

"Nous voulons aider nos partenaires américains à tester le marché chinois en ouvrant d'abord des boutiques en ligne", a expliqué à Xinhua Wu Qian, directeur du commerce international à Alibaba.

LA VERITE DERRIERE LE DESEQUILIBRE COMMERCIAL

En dépit d'un appétit croissant pour les biens américains, la Chine demeure la plus grande source d'importations aux Etats-Unis. Son excédent commercial avec les Etats-Unis a atteint 237 milliards de dollars en 2014, par rapport à un volume d'échanges bilatéraux de 555 milliards de dollars, selon les Douanes chinoises.

Ce fort déficit commercial américain avec la Chine a souvent été étiqueté comme une cause du chômage aux Etats-Unis. Certains Américains considèrent même la Chine comme l'une des principales menaces économiques u pays.

Cependant, des économistes notent que, tout d'abord, les statistiques commerciales américaines sont largement trompeuses et déforment profondément notre perception des réalités économiques.

Prenez l'iPhone par exemple. Les appareils sont assemblés en Chine et ensuite exportés aux Etats-Unis, mais une douzaine d'entreprises originaires d'au moins cinq pays leurs fournissent des pièces.

Selon les "règles d'origine" établies par l'Organisation mondiale du commerce (OMC), les iPhones sont enregistrés comme des exportations chinoises parce qu'ils ont subi leur dernière "transformation substantielle" en Chine.

Par conséquent, chaque iPhone qu'Apple vend aux Etats-Unis ajoute environ 200 dollars au déficit commercial sino-américain, alors que la valeur ajoutée réelle dans les usines chinoises n'est que de dix dollars, selon une étude réalisée par trois économistes en 2011. Il en est de même pour un certain nombre de produits américains allant des chaussures Nike aux jouets Disney.

Ainsi, ces modes de calcul en matière de commerce conventionnel gonflent le déficit américain avec la Chine.

Les chiffres officiels chinois montrent que plus de la moitié des exportations chinoises se font en "perfectionnement passif". Par ce système, par exemple, un industriel européen peut exporter les composants d'un bien en Chine qui seront montés et/ou transformés, avant d'être renvoyés en Europe où les droits de douane ne seront payés que sur la valeur ajoutée en Chine.

Lorsqu'ils étaient considérés comme les usines du monde, le Japon et la Corée du Sud ont eux aussi eu d'importants excédents commerciaux avec les Etats-Unis. Maintenant que la main-d'oeuvre chinoise devient plus chère, les industriels américains déplacent leurs usines en Asie du Sud-Est. Et les pays de cette région connaîtront à leur tour le même problème un jour...

En fait, l'excédent commercial de Chine a chuté à environ 3% de son produit intérieur brut (PIB) en 2013, contre 6% auparavant. "Il se trouve désormais à un niveau raisonnable par rapport aux standards internationaux", estime Tao Wenzhao, chercheur principal à l'Institut des études américaines au sein de l'Académie des sciences sociales de Chine (ASSC).

Evoquant l'influence de cet excédent commercial de Chine sur l'emploi américain, M. Tao note que "pour le peuple américain, les efforts chinois (visant à réduire son excédent commercial) ne créeront toutefois aucun emploi aux Etats-Unis".

L'opinion de M. Tao est partagée par Robert Lawrence, professeur de commerce et d'investissement à la Harvard Kennedy School. Pour lui, les Américains qui attribuent les pertes d'emploi à la Chine "ont une guerre de retard".

"Je pense qu'il est très peu probable, si on se tourne vers l'avenir, d'avoir encore les mêmes préoccupations à propos de la concurrence des travailleurs chinois à bas salaire. Mais de toute façon, je ne crois pas que les emplois vont revenir aux Etats-Unis", estime M. Lawrence. "Ces emplois iront vers d'autres pays asiatiques comme le Cambodge, le Myanmar et le Vietnam".

Ces accusations récurrentes contre l'excédent commercial chinois sont aussi un sous-produit de la politique américaine : la hausse du chômage après l'éclatement de la crise financière internationale de 2008 a incité de nombreuses personalités politiques américaines, en particulier les démocrates, à critiquer la Chine afin de détourner l'attention sur la situation intérieure, selon M. Tao.

Pour Washington, l'une des choses utiles à faire aujourd'hui pour réduire son déficit commercial avec la Chine est de lever par exemple ses restrictions sur les exportations de haute technologie. Celles-ci ont forcé la Chine à acheter ailleurs, réduisant les chances de profit des entreprises américaines.

De 2001 à 2011, les importations chinoises de haute technologie de Chine sont ainsi passé de 56 milliards de dollars à 463 milliards de dollars, représentant une augmentation annuelle de 23,5%, selon les chiffres officiels chinois. Or, dans cette même période, la part des produits américains de haute technologie dans le total des importations chinoises a chuté de 16,7% à 6,3%, selon ces mêmes chiffres.

Malheureusement, les progrès en vue d'assouplir le régime des exportations américaines sont lents. Selon le ministère chinois du Commerce, plus de 2.000 produits figurent toujours sur la liste des exportations américaines restreintes vers la Chine.

NATURE COMPLEMENTAIRE ET ESPRIT DE DURABILITE

Les relations économiques et commerciales, qui sont depuis longtemps considérées comme la pierre angulaire des relations sino-américaines, sont complémentaires et mutuellement bénéfiques par nature.

"La Chine et les Etats-Unis ne se font pas tellement concurrence sur les marchés à l'exportation", a déclaré M. Lawrence à Xinhua. "Il est bon pour nous que la Chine se développe, car elle fournit à nos consommateurs des produits moins chers et ne nous force pas à baisser nos prix sur nos exportations."

"Voilà pourquoi je conclus que la croissance chinoise est dans l'intérêt des Etats-Unis. Nous sommes bien plus complémentaires que concurrents", a-t-il indiqué.

En ce qui concerne les différends et les conflits commerciaux entre les deux plus grandes économies de la planète, M. Lawrence a déclaré : "Même les bons amis peuvent avoir des discussions et des différends" et "de nombreuses raisons nous incitent à ne pas détruire notre relation".

Fred Bergsten, chercheur et directeur émérite de l'Institut Peterson d'économie internationale de Washington, considère ces différends comme le résultat d'un grand volume de transactions.

Mais il souligne que "les Etats-Unis et la Chine ont plutôt bien résolu leurs conflits commerciaux".

Le plus important, c'est que les deux parties se soient engagées à transformer et renouveler leurs structures commerciales pour parvenir à une stabilité.

Elément crucial de ces relations bilatérales, les relations commerciales devraient constituer un thème central à l'occasion de la visite de M. Xi et le TIB, un accord historique, figurera en très bonne place à l'ordre du jour.

Le TIB, une fois conclu, donnera lieu à une plus grande ouverture des marchés, aidera à maintenir une relation commerciale sino-américaine mutuellement bénéfique en explorant de nouvelles opportunités, uniformisera les règles du jeu et institutionnalisera la relation commerciale pour réduire les éventuelles frictions.

Qualifiant la relation économique sino-américaine d'"excellente", Bruce Andrews, sous-secrétaire américain au Commerce, a déclaré à Xinhua que la visite de M. Xi aux Etats-Unis allait offrir aux dirigeants des deux pays une bonne occasion de discuter de choses positives, de défis, ainsi que de choses nécessaires "sur lesquelles nous devrons continuer de travailler", comme par exemple le traité bilatéral d'investissement, qui est très important pour les deux parties.

"Nous nous réjouissons de cette visite", a déclaré M. Andrews lors de la réunion d'été du Forum économique mondial qui s'est tenue du 9 au 11 septembre à Dalian (nord-est de la Chine).

(Rédacteurs :Qian HE, Yin GAO)
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