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Le port de Kribi et son autoroute stimulent l'économie camerounaise

Xinhua | 30.03.2022 08h42

Lorsque les Chinois sont arrivés au Cameroun en 2011 pour lancer la première phase de la construction du port en eau profonde de Kribi (sud-ouest), le pays d'Afrique centrale avait besoin à l'époque d'ouvrir un nouveau couloir de transport reliant sa vaste zone côtière à ses voisins maritimes.

Le principal port du pays situé à Douala, la capitale commerciale, à quelque 150 km au nord de Kribi, souffrait depuis longtemps de congestion. L'entreprise de BTP China Harbour Engineering Company (CHEC) a alors entrepris de construire le nouveau port de Kribi, achevant les travaux de la première phase en trois ans.

Ce nouveau port a stimulé l'économie du Cameroun et a apporté du répit à celui de Douala, tout en offrant de l'espace aux grands navires, se félicite Alain Patrick Mpila Ayissi, patron de la Direction de l'aménagement et de l'environnement du Port autonome de Kribi.

"Depuis l'achèvement des travaux en 2014 et sa mise en service en 2018, le port a commencé à (avoir) un impact sur l'économie", dit-il en citant comme premier indicateur la croissance des recettes douanières, passées de 750 millions de francs CFA (environ 1,25 million de dollars) par an à près de 150 milliards de FCFA (environ 250 millions de dollars) par an.

"Nous avons un écosystème qui se met en place", assure M. Ayissi. "Il y a encore sept ans de cela, il y avait à peine trois banques à Kribi. Aujourd'hui, il y a pratiquement toutes les banques de premier ordre qui sont installées à Kribi : on est passé (...) à pratiquement neuf banques" aujourd'hui, salue-t-il.

En tant que base logistique bon marché, ce port est fondamental dans le processus d'industrialisation du Cameroun, fait remarquer Xu Huajiang, directeur général de la branche Afrique centrale de CHEC.

Il a déjà attiré "beaucoup d'investissements". "Par exemple, la Côte d'Ivoire a déjà investi une usine de cacao. Deux cimenteries sont en construction. De nombreuses entreprises de logistique se sont installées pour construire leurs propres chantiers et entrepôts", observe-t-il, ainsi que des entreprises chinoises discutant d'investissements dans les énergies renouvelables (recyclage de papier et de pneus usagés, soutien au réseau électrique). "Je pense que de plus en plus d'investisseurs de Chine et du monde entier viendront", assure M. Xu.

Se trouvant au centre du golfe de Guinée, le port de Kribi est entouré par une zone industrielle vaste de 262 km² et compte accueillir de nouveaux développements industriels et logistiques.

Avec un marché camerounais en expansion, Kribi devrait devenir une plaque tournante régionale pour la côte atlantique africaine. Les armateurs ne risqueront plus de décharger une partie de leur cargaison ailleurs avant de jeter l'ancre au Cameroun, souligne M. Ayissi. Avec ce port, dit-il, "le Cameroun s'est positionné davantage comme la porte (d'entrée) de la sous-région, cela a donné le sens à certains projets industriels au Tchad, en Centrafrique et au Congo".

Dans le cadre de ce projet, CHEC a aussi lancé la construction de l'autoroute reliant Kribi au terminal minier de Lolabé, qui répondra aux besoins du transport portuaire et de la logistique et contribuera à la prospérité locale. Cette autoroute, qui comprendra vingt ponts, constituera une artère de circulation importante dans la région de Kribi.

L'entreprise chinoise est désormais impliquée dans la phase 2 du port de Kribi. Après l'achèvement de ce projet, des pays enclavés tels que la Centrafrique et le Tchad seront tous à la portée de son rayonnement.

Dans le processus de construction du port et de l'autoroute, au moins 1.000 emplois ont été créés, voire 1.200 ou 1.500, indique Xu Huajiang qui cite une prévision officielle envisageant à l'avenir environ 15.000 emplois directs et environ 25.000 emplois indirects créés à Kribi.

Eric Defo Fotso, Larissa Ekale Koule et Fran Mbofris sont des employés camerounais de CHEC. Ils partagent l'idée que la construction du plus grand port de leur pays est une opportunité de mettre à jour leurs propres compétences et de contribuer à l'industrialisation de leur patrie.

"CHEC donne la possibilité aux jeunes Camerounais. Cela m'a permis d'avoir de bonnes pratiques sur le plan international. Mon directeur de projet a partagé avec nous l'expérience managériale, la manière de gérer les problèmes et la culture chinoise : ça ouvre l'esprit et permet de voir les choses de manière différente", salue M. Fotso, 32 ans, coordinateur de projet.

"Chaque nation aspire à être émergente, comme le Cameroun. C'est un honneur pour nous d'avoir la Chine, avec son expertise, qui a accepté de partager avec nous", ajoute Mme Koule, 26 ans, dont la principale mission est de s'assurer que tous les travailleurs sur le site soient en bonne santé.

D'après M. Ayissi, le projet du port de Kribi est un bon exemple de la participation du Cameroun à l'Initiative la Ceinture et la Route (ICR) proposée par la Chine et le pays africain s'est engagé à libérer le potentiel des réseaux de production interconnectés et des chaînes de valeur qui sont ancrés dans l'ICR.

Par Arison Tamfu

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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