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L'UA appelle à une présidentielle "de concorde nationale" au Cameroun en crise séparatiste

Xinhua | 16.07.2018 08h51

En visite à Yaoundé vendredi, le président de la Commission de l'Union africaine (UA), Moussa Faki Mahamat, a invité les acteurs politiques du Cameroun à "conjuguer leurs efforts" de sorte à permettre que la future élection présidentielle prévue le 7 octobre se déroule "dans un climat d'apaisement et de concorde nationale".

Arrivé la veille pour une visite officielle de trois jours, jusqu'à samedi, le haut responsable africain a été reçu vendredi au Palais de l'Unité, siège de la présidence camerounaise à Yaoundé, pour un entretien à huis clos d'environ une heure avec le chef de l'Etat, Paul Biya, suivi d'un déjeuner d'Etat, où il a déploré les "conséquences dramatiques" des violences survenues au Nord-Ouest et au Sud-Ouest du pays.

Depuis fin 2016, ces deux régions anglophones du Cameroun sont le théâtre d'une violente lutte armée menée par des groupes d'activistes contre les forces de défense et de sécurité sous le prétexte de revendications séparatistes.

Cette grave dégradation du climat sécuritaire dans ces régions suscite des inquiétudes pour le déroulement du scrutin présidentiel prévu le 7 octobre, dans un contexte où par ailleurs la menace terroriste due à Boko Haram, survenue depuis 2014 dans la région de l'Extrême-Nord, n'a pas encore été totalement endiguée.

Dans son allocution lors du déjeuner d'Etat avec le chef de l'Etat camerounais, le président de la Commission de l'UA a déploré cette crise dans la zone anglophone d'une ampleur inédite et ses "conséquences dramatiques" sur les populations locales.

Selon les statistiques officielles annoncées par les autorités du Cameroun fin juin, cette crise, dont le nombre de victimes, surtout civiles, est difficile à évaluer, a causé près de 75.000 déplacés internes et près de 25.000 réfugiés au Nigeria.

Le 20 juin, le gouvernement avait annoncé un plan de réponse humanitaire d'urgence pour l'assistance à ces populations et la reconstruction des deux régions où de nombreux édifices publics et des établissements scolaires ont été détruits suite à des attaques de groupes armés sécessionnistes, à l'origine de la crise.

Un important élan de solidarité a commencé à se manifester à travers les différentes régions du Cameroun pour l'opérationnalisation de ce plan d'un montant de 12,7 milliards de francs CFA (environ 25,4 millions de dollars), pour lequel les contributions des partenaires internationaux ont été aussi sollicitées.

M. Faki Mahamat a promis le soutien de l'UA à cet élan de solidarité, annonçant l'élaboration d'une "initiative permanente" à cet effet.

Jeudi, au moment où l'ex-ministre tchadien des Affaires étrangères entamait sa visite de trois jours à Yaoundé, le convoi du ministre chargé de la Défense, Joseph Beti Assomo, a été visé par une attaque lors d'une visite à Kumba (Sud-Ouest), qui a fait une dizaine de morts parmi les assaillants et six blessés dont deux journalistes et quatre militaires membres de la délégation, selon une source proche d'elle.

Cette attaque est la preuve de la détermination des groupes armés sécessionnistes à poursuivre leur lutte armée. Elle laisse planer un risque de perturbation de la tenue de l'élection présidentielle dans les deux régions anglophones.

Le président de la Commission de l'UA a dit partager ces craintes et a invité les acteurs politiques du pays, majorité, opposition et société civile, à "conjuguer leurs efforts pour que ces élections se déroulent dans un climat apaisé et de concorde nationale".

Il a aussi annoncé l'accompagnement de l'organisation panafricaine pour ce rendez-vous électoral crucial, par l'envoi d'une mission d'observation électorale.

Très attendu, ce scrutin suscite de nombreuses déclarations de candidature et déchaîne les passions.

Peu avant de recevoir le haut responsable africain vendredi, le président Paul Biya, 86 ans, au pouvoir depuis 1982, a annoncé sa décision de briguer un nouveau mandat de sept ans par un message sur son compte Twitter, où il a invité son peuple à relever avec lui le défi d'un "Cameroun uni", un rejet explicite des revendications sécessionnistes anglophones.

Les partisans de M. Biya, notamment les militants de son parti, le Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), avaient lancé de multiples appels en faveur de cette candidature, comme en 2011.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yishuang Liu)
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