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RDC : les groupes armés mettent à mal la stabilité de la sous-région

Xinhua | 11.12.2017 08h35

L'espoir d'une paix et développement durables est de plus en plus mis en mal en République démocratique du Congo (RDC) par les activités des multiples groupes armés locaux et étrangers dans l'est du pays, selon plusieurs experts interrogés par Xinhua.

Théâtre des conflits armés

Depuis plus de 15 ans, l'armée congolaise (FARDC), appuyée par les forces militaires de la plus grande mission des Nations Unies au monde, combat de multiples factions des milices et groupes armés locaux et étrangers dans les provinces du Nord et Sud-Kivu, les plus touchées par les conflits armés.

Il y a quelques années, le Conseil de sécurité des Nations Unies avait renforcé la Mission de l'ONU en RDC (MONUSCO), en créant pour la première fois une force d'intervention chargée de "neutraliser" les groupes armés opérant dans l'est du pays.

Selon des sources sécuritaires et de la société civile, depuis l'année dernière, le nombre de groupes armés a doublé pour atteindre le chiffre de 120. Dans la région, les groupes armés les plus importants restent les forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR), les rebelles ougandais des forces démocratiques alliées (ADF), étrangers, et les Maï-Maï, une milice locale.

Ce vendredi, au moins 15 militaires onusiens du contingent tanzanien ont trouvé la mort dans l'est du pays dans une attaque lancée par les rebelles ougandais ADF.

Les rebelles ADF bénéficient parfois du soutien ethnique de quelques tribus de la région du territoire de Beni, hostiles au régime de l'actuel président de la RDC, Joseph Kabila, dont le deuxième et dernier mandat a pris fin à la fin de l'année dernière.

Lors de son séjour l'année dernière dans la région de Beni, le président Joseph Kabila a appelé la population de la province du Nord-Kivu à se désolidariser de ces rebelles, et à collaborer activement avec les forces armées pour permettre l'éradication de la violence dans cette partie du pays.

Causes de la présence des groupes armés

Dans un entretien exclusif accordé à Xinhua, l'abbé Bahala Jean Bosco, ancien rapporteur général du comité national de suivi des accords de paix dans l'est du pays, a indiqué que certains acteurs externes et internes, dont des multinationales à la recherche de minerais, influencent les conflits dans l'est du pays. En effet, certains groupes armés reçoivent des armes des pays voisins en échange des minerais présents dans des zones en conflit.

L'ancien rapporteur a également évoqué la mauvaise volonté des pays voisins de la RDC, qui facilitent la libre circulation sur leur territoire des minerais exploités par des groupes armés étrangers et locaux.

"La plupart des pays voisins de la République démocratique du Congo sont devenus des importateurs importants des minerais qui n'existent pas dans leurs pays respectifs. On sait bien que ces minerais proviennent généralement des zones en conflit, occupées par les groupes armés bien identifiés par les acteurs de la région", a expliqué l'abbé.

Il a également souligné le problème des terres, devenu un aspect important des conflits et à l'origine de la création de nombreux groupes armés dans la partie est du pays.

"Les autorités ont mal géré les conflits des terres entre plusieurs tribus dans l'est du pays. Des groupes armés sont aujourd'hui organisés dans des provinces de l'est du pays suite aux conflits fonciers entre les tribus qu'ils défendent contre les injustices orchestrées par les autorités", a-t-il indiqué.

Plusieurs personnalités originaires de la province du Nord-Kivu sont depuis quelques mois poursuivies par la justice militaire, qui les accuse de collaborer avec les rebelles. La justice militaire a également interpellé quelques officiers de l'armée régulière originaires de cette même province, accusés par des témoins de collaborer avec les rebelles ADF.

"Si les groupes armés ont souvent été politisés en RDC, la situation politique actuelle que traverse le pays suite à la crise de légitimité où l'autorité n'est plus reconnue semble avoir encore renforcé cette polarisation des groupes armés. Des seigneurs de guerre profitent de l'absence de l'autorité de l'Etat pour imposer de plus en plus leur présence à travers le pays", a ajouté Bahala Jean Bosco.

Un impact négatif sur la sous-région

A cause de la persistance des conflits dans les deux provinces du Nord et Sud-Kivu, des milliers de personnes ont quitté leurs domiciles, fuyant les exactions des miliciens ou rebelles dans différentes parties de la province. Des milliers de personnes, dont des femmes et des enfants, ont déjà traversé les frontières des pays voisins, plus particulièrement l'Ouganda, pour trouver refuge face aux exactions des groupes armés.

"Tous ces pays de la région ont besoin d'une RDC stable. Les conflits en RDC ont un impact négatif sur les neuf pays voisins qui l'entourent. Il faut le respect de l'accord d'Addis-Abeba, qui interdit aux pays voisins d'apporter leur soutien aux groupes armés pour une paix durable dans la région", a insisté Bahala Jean Bosco.

Même si la déstabilisation de la RDC par les groupes armés profite à certains pays de la région sur le plan commercial à travers les ventes de minerais, Bahala Jean Bosco affirme qu'il est temps pour les Etats de la région d'arrêter de soutenir les groupes armés qui endeuillent des milliers de familles dans la partie est du pays.

L'année dernière, le chef des rebelles ougandais des ADF, Jamil Mukulu, a été arrêté en Tanzanie, avec un important lot de minerais. Transféré en Ouganda par les services de sécurité tanzaniens, ce leader des islamistes ADF est actuellement jugé par la justice ougandaise pour son implication dans les massacres des populations dans son pays et en RDC.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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