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L'extradition de migrants subsahariens attise les tensions entre Alger et Rabat

Xinhua | 19.12.2016 08h46

Accusée d'avoir expulsé manu militari des migrants subsahariens se trouvant en situation irrégulière sur son sol, l'Algérie a réagi en dénonçant "des commentaires malveillants destinés à jeter le discrédit sur l'hospitalité traditionnelle du peuple algérien".

En effet, pendant la première semaine de décembre, les autorités algériennes ont comme à chaque période hivernale, lancé une opération de "rapatriement" ou d'"expulsion" de personnes en situation irrégulière de différentes nationalités africaines.

Seulement, dès le commencement de l'opération des voix s'étaient élevées pour dénoncer des conditions inhumaines que la police a fait subir à ces migrants.

Selon Alger, ces "accusations fantaisistes" ont été notamment menées par "certains milieux connus pour leur hostilité envers l'Algérie qui exploitent à des fins inavouables une opération somme toute ordinaire, gérée dans le respect des droits humains des personnes rapatriées", a souligné samedi un communiqué du ministère algérien des Affaires étrangères.

En évoquant des "milieux connus pour leur hostilité envers l'Algérie", le MAE désigne sans les citer des parties qui souhaitent attiser la tension déjà palpable entre l'Algérie et le Maroc.

Car dans les titres des médias marocains largement diffusés, on pouvait lire par exemple "l'Algérie expulse, le Maroc régularise" ou plus provocateur "Mohammed VI envoie une aide d'urgence aux migrants subsahariens expulsés par l'Algérie vers le Niger".

Jeudi dernier, un média marocain a effectivement fait savoir que "suite à la crise migratoire et humanitaire conséquente à l'expulsion massive de personnes d'origine subsaharienne vers le Niger, sa Majesté a donné ses instructions afin qu'une aide d'urgence soit accordée à ces personnes expulsées et se trouvant en situation de précarité extrême dans un centre dans le nord du Niger".

Cherchant à se démarquer de son voisin de l'est et à enfoncer le clou, le Maroc a lancé une deuxième vague de régularisation au profit des migrants subsahariens, la première datant de 2014. Une décision prise le 12 décembre par le Roi à son retour d'un périple africain.

En répliquant à ces accusations partagées par ailleurs, par des organisations de défense des droits de l'Homme, le texte du MAE rassure que l'Algérie "continue, malgré une conjoncture économique peu favorable, de consentir des efforts considérables en termes de prise en charge de nombreux migrants qui bénéficient, au même titre que les citoyens algériens, de l'accès gratuit aux services de santé et d'éducation".

Ainsi, cette opération a été, justifie le communiqué, décidée en tant que "mesure de dernier recours", eu égard aux "atteintes récurrentes à l'ordre public commises dans plusieurs régions du pays (..) en particulier des actes de vandalisme et des agressions physiques inacceptables et injustifiées contre des bénévoles du Croissant Rouge algérien".

Interrogé sur cette question, Ahmed Ouyahia, secrétaire général du Rassemblement national démocratique (RND, parti au pouvoir) et également directeur de Cabinet du président algérien Abdelaziz Bouteflika, a estimé que son pays était en droit de prendre des dispositions pour faire face au phénomène de migrants en situation irrégulière, rappelant que l'Algérie a été un pays de refuge pour des milliers d'Africains depuis son indépendance en 1962.

L'opération de rapatriement des ressortissants africains n'est pas la première du genre effectuée par l'Algérie. En novembre 2014, Massaoudou Hassoum, alors ministre nigérian de l'Intérieur, de la Sécurité publique et des Affaires religieuses avait même demandé aux autorités algériennes de rapatrier les ressortissants nigériens entrés en Algérie.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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