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Mali : un mois après la sanglante prise d'otages, l'hôtel Radisson Blu de Bamako reprend service fièrement

Xinhua | 21.12.2015 13h58

L'hôtel Radisson Blu de Bamako a repris fièrement service moins d'un mois après la sanglante prise d'otages.

Les stigmates de l'attaque terroriste du 20 novembre, qui y a fait officiellement 21 morts (dont trois ressortissants chinois), ont totalement disparu. En un temps record, le décor apocalyptique laissé par des hommes armés qui avaient retenu pendant plusieurs heures environ 150 clients et employés, n'est plus visible. On n'a du mal à croire qu'une tragédie s'y est déroulée il y a seulement un mois.

Un mois après l'attaque, l'établissement a rouvert ses portes comme pour exorciser le mal, le terrorisme.

Ce geste a été salué par le président malien Ibrahim Boubacar Keita qui a assisté à la réouverture de l'hôtel le 15 décembre et a rendu hommage aux trois employés qui ont été tués par les terroristes. Un membre du personnel du Radisson a souligné qu'il était "très important" le travail pour honorer la mémoire des collègues qui ont perdu la vie le 20 novembre.

"Rouvrir était un défi commun. La direction de l'hôtel et le gouvernement ont joué leurs partitions. A nous d'assumer la nôtre en offrant à la clientèle le meilleur service de la place", a-t-il poursuivi.

"Les clients continuent à arriver. Aujourd'hui, il y a beaucoup de réservations", assure un réceptionniste.

Quid de la sécurité. "Le terrorisme est une menace mondiale dont on est à l'abri nulle part. Je ne me sens pas plus en insécurité à Bamako qu'à Paris, Londres, New-York ou Moscou... Et je vois que la sécurité n'est pas pris à la légère par les responsables de l'hôtel", nous rappelle un Européen avant de s'engouffrer dans une grosse cylindrée qui l'attendait.

Pour les habitués des lieux, ce qui impressionne le plus aujourd'hui au Radisson, c'est la sécurité. Difficile voire impossible d'accéder à l'enceinte de l'hôtel sans un contrôle méticuleux.

Outre les détecteurs de métaux et les caméras de surveillance placées à l'intérieur de l'hôtel, de nouveaux portiques de sécurité ont été installés dans la rue qui mène à l'hôtel. Le dispositif de sécurité a été renforcé avec la fouille la plus stricte à l'entrée.

Le Radisson Blu est sans doute aujourd'hui l'hôtel le plus sécurisé de la capitale malienne. Et le ministre malien de la Culture, de l'Artisanat et du Tourisme a indiqué que ces mesures vont être étendues à tous les hôtels du pays.

D'ailleurs, ces mesures de sécurité sont de rigueur dans la capitale malienne. Les patrouilles conjointes de la police de la Minusma et des forces de sécurité maliennes se poursuivent presque pendant toute la nuit.

Les contrôles prennent du temps et créent souvent des embouteillages à l'entrée de certains services et établissements comme les banques. Mais, ils sont acceptés de bonne grâce par la population, comme un mal nécessaire, souligne Halima Touré, cliente d'une banque de la place.

"Dans la perspective des fêtes de fin d'année, qui coïncident aussi avec Maouloud (célébration de la naissance du Prophète Mohamed, PSL) chez les musulmans, le niveau de sécurité sera renforcé pour minimiser tous les risques", affirme un officier des services de renseignement.

"La réouverture de l'hôtel est une bonne chose car il faut que la vie continue et que les activités se poursuivent pour ne pas céder à la panique", assure l'ancien Premier ministre malien, Moussa Mara, interrogé par Xinhua.

Il voit en cette réouverture "le message d'un Mali debout face à l'adversité". "Cette réouverture prouve à suffisance notre refus absolu de céder à la menace des terroristes, et constitue une victoire contre la barbarie", s'est réjouit l'ambassade des Etats-Unis d'Amérique, qui, dans un communiqué, a exhorté tout le monde "à la vigilance pour prévenir d'éventuels attaques".

Cette vigilance d'autant requise que, entre le 14 et le 18 décembre, on a assisté à la reprise des attaques contre les forces armées et de sécurité à Niono, Boni, Goundam, Gao et Bamba, au nord.

Un mois après l'attaque de l'hôtel Radisson, l'enquête ouverte ne semble pas avoir beaucoup progressé, selon les observateurs.

L'identité et la nationalité des deux assaillants de l'hôtel demeurent un mystère. Ils sont "certainement des étrangers", avait estimé le procureur Boubacar Samaké, en charge de l'enquête.

Et des sources sécuritaires proches de l'enquête n'écartent toujours pas l'hypothèse selon laquelle les assaillants auraient eu des complices "dans ou aux alentours de l'hôtel".

Selon une source malienne, les enquêteurs attendent maintenant les résultats des analyses en cours aux Etats-Unis, concernant notamment les armes utilisées par les assaillants et leur ADN.

Une attente qui n'empêche pas les Bamakois de vaquer à leurs occupations.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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