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Une réponse de la jeunesse chinoise au discours de Mike Pence

le Quotidien du Peuple en ligne | 09.10.2018 16h14

Depuis le début de cette année, les frictions commerciales provoquées par les États-Unis se sont intensifiées et on a pu découvrir que les problèmes économiques sont aussi en train de devenir des problèmes politiques.

Des refus répétés de visas demandés par des scientifiques chinois souhaitant se rendre aux États-Unis, à l'envoi fréquent du FBI pour enquêter sur des érudits chinois, puis aux rumeurs d'« annulation complète des visas accordés aux étudiants chinois », les divers messages en provenance des États-Unis ont fait ressentir à beaucoup de gens l'impression « d'être comme dans un autre monde », et certains craignent même la réapparition de l'ombre du maccarthysme aux États-Unis ».

Un récent discours du vice-président Pence a confirmé les inquiétudes des gens et a choqué les jeunes Chinois préoccupés par la situation internationale et nationale. Quelles vont être les conséquences des accusations injustifiées et des calomnies pernicieuses qui figurent dans ce discours sur les relations entre la Chine et les États-Unis ?

Un professeur d'âge moyen nous a envoyé un texte rempli de déception. Il se souvient encore d'avoir écouté le discours de l'ancien président américain Ronald Reagan sur le campus de l'Université Fudan. La description passionnée des relations sino-américaines par le président Reagan l'avait alors impressionné. Cependant, le discours de M. Pence « a négligé les faits fondamentaux entre les deux pays », et, déplore-t-il, les mots entre les lignes sont « pleins d'arrogance et de préjugés ».

Bien que M. Pence ait affirmé dans son discours que compétition ne signifie pas toujours hostilité, nous regrettons de constater que ses paroles soient principalement un produit d'hostilité et de haine. C'est aussi pourquoi la puissante réplique de Huang Zhixian, une présentatrice de Taiwan, a été tellement transmise et a fait écho chez tant de gens : « La Chine n'a jamais rien dû aux États-Unis ». « La paix et la prospérité dont jouit la Chine aujourd'hui ne sont le résultat d'aucune agression ou colonisation. Elles viennent de nous, de notre intelligence, de nos sacrifices et de notre travail acharné ».

Nous savons qu'à l'approche des élections à mi-mandat aux États-Unis, il y a toujours des gens qui aiment évoquer des choses relatives à la Chine pour s'en servir au bénéfice de leur élection et d'eux-mêmes. Mais nous voulons encore profiter de cette occasion pour discuter avec M. Pence et pour parler des relations sino-américaines telle que nous les voyons, ainsi que de l'histoire et de la réalité, avec la vision et la compréhension de la jeune génération chinoise.

Dans son discours, M. Pence a évoqué de nombreux « événements sino-américains » du point de vue de Dieu, mais malheureusement, la plupart d'entre eux sont des « souvenirs sélectifs », dont beaucoup ne correspondent pas aux faits historiques. Et, naturellement, il est alors bien difficile de faire aux gens des « révélations » correctes.

Il a ainsi déclaré que « Lorsque la Chine a subi "cent ans de honte", les États-Unis ont refusé d'y participer », mais il aussi omis de dire que lorsque les armées des huit puissances alliées ont envahi la Chine en 1900, les États-Unis ont envoyé plus de 2 100 hommes, et que ces troupes furent les premières à monter à la porte Tian'anmen, où elles hissèrent la bannière étoilée.

Dans son discours, il a également dit qu'après la Seconde Guerre mondiale, « les États-Unis ont tout fait pour que la Chine devienne une partie intégrante des Nations Unies et devienne une force importante dans le monde de l'après-guerre », sans toutefois mentionner que, dans le même temps, ils ont remis arbitrairement le « gouvernement » des îles Diaoyu, pourtant chinoises, au Japon.

M. Pence a aussi affirmé qu'après 1949, « la Chine a commencé à se tourner vers l'expansionnisme autoritaire », et que les deux pays se sont ensuite affrontées dans la péninsule coréenne, sans toutefois mentionner que les États-Unis avaient envoyé des troupes pour s'immiscer dans la guerre civile coréenne et avaient lancé une guerre de grande ampleur contre la RPDC, traversant le 38e parallèle et atteignant même les rivières Yalu et Tumen, portant même les feux de la guerre sur les terres de la nouvelle République populaire de Chine. Nos grands-parents nous ont dit que s'ils avaient traversé la rivière Yalu dans le passé, c'était afin de « protéger le pays et de le défendre ».

Evoquer le passé pour parler d'aujourd'hui, se servir du premier pour caricaturer le second est un art oratoire majeur. Mais si vous utilisez l'histoire pour en faire une présentation taillée sur mesure pour faire la leçon aux autres, cela n'est en fait rien moins qu'un blasphème envers l'histoire et inverse ce qui est juste et faux.

En fait, s'agissant du développement de la Chine aujourd'hui, M. Pence est également dans une perspective de Dieu et, pour lui, la supériorité du « Sauveur » est incontestable.

M. Pence a mentionné dans son discours que les États-Unis avaient ouvert leurs portes à la Chine à l'aube du 21e siècle et inclus celle-ci dans l'Organisation mondiale du Commerce. Ce qu'il sous-entend, c'est que la Chine devrait être reconnaissante de cette « acceptation ». Cependant, il n'a pas mentionné le travail acharné de la Chine pour accéder à l'OMC, pas plus que son accession à l'OMC résultait de plusieurs séries de négociations multilatérales, et non d'un « cadeau » unilatéral des États-Unis. Souvenons-nous de l'ancien Premier ministre chinois Zhu Rongji, qui avait alors déclaré avec émotion : « Nous parlons depuis 15 ans (...). Les personnes aux cheveux noirs qui ont discuté sont aujourd'hui devenues des personnes aux cheveux blancs ».

Comme l'a justement dit M. Pence, « Au cours des 17 dernières années, le PIB de la Chine a été multiplié par 9 et elle est devenue la deuxième économie mondiale », mais derrière tout cela se trouvent 287 millions de travailleurs migrants et 20 millions d'entrepreneurs privés. Des millions de familles luttent pour changer leur propre destin ; ce sont d'innombrables Chinois, qui acceptent de rester à l'écart de leurs familles dans le processus d'urbanisation actuellement en cours. Ils ne rechignent pas à ne prendre que les plus maigres profits du processus de mondialisation. Ils sont les patrons pendant la journée, mais ils dorment sur le sol la nuit, et c'est comme ça qu'ils se sont réalisés, et qu'ils ont fait de la Chine un pays puissant.

Personne n'en sait plus sur le sens du mot autonomie que les Chinois. Le développement de la Chine, sans exporter de révolution et ni de réfugiés, se fait étape par étape. Si ce genre d'efforts sont une aussi une erreur, alors où est la soi-disant voie correcte ?

M. Pence estime que le « grand déficit commercial » entre la Chine et les États-Unis a eu pour conséquence que ceux-ci ont « reconstruit la Chine au cours des 25 dernières années », mais dans le même temps, il a délibérément évité d'évoquer l'essence du libre-échange, qui fait qu'une partie est disposée à acheter et l'autre à vendre. Quiconque comprend le commerce sino-américain sait que la prospérité des États-Unis tire également parti de la croissance rapide de la Chine et de son énorme marché de consommateurs. En juin de cette année, le rapport de recherche publié par la Deutsche Bank estimait ainsi que les États-Unis avaient en réalité obtenu plus d'avantages commerciaux nets que la Chine dans le cadre du processus commercial bilatéral entre les deux pays.

Cette année-là, la Chine a dû vendre des centaines de millions de chemises pour importer un seul gros avion de ligne. Aujourd'hui, quand la Chine exporte un costume d'une valeur de 450 dollars vers les États-Unis et les bénéfices obtenus par la Chine et les États-Unis sont respectivement de 5% et 84%. Sans oublier les fameux téléphones mobiles Apple si appréciés des jeunes Chinois : un téléphone mobile Apple 7 se vend à un minimum de 649 dollars, sur lesquels les coûts de fabrication en Chine représentent moins de 1%. Face à ces faits, on peut se demander sur quoi se base la « théorie des pertes américaines » de M. Pence.

Nous savons clairement que la réforme et l'ouverture constituent un formidable processus de développement et de progrès communs entre la Chine et le monde. La prospérité et le développement de la Chine au cours des dernières décennies doivent tout à la lutte sans faille du peuple chinois et des échanges étroits avec les économies, les cultures et les peuples du monde. Nous n'avons pas oublié les divers types d'assistance fournis par les pays développés au début de la réforme et de l'ouverture, ainsi que du rôle important des investissements étrangers en Chine. C'est pourquoi nous sommes profondément reconnaissants envers le monde et espérons pouvoir aider davantage de personnes dans le monde grâce à notre propre développement.

Nous pensons que les habitants de nombreuses régions du monde ont ressenti la bonne volonté des Chinois et de la Chine. C'est aussi pourquoi l'initiative « la Ceinture et la Route » proposée par la Chine a pu inciter autant de pays à y participer ensemble ; et c'est aussi pourquoi l'idée de « communauté de destin humain » proposée par la Chine peut être inscrite dans les documents de l'ONU.

Dans son discours, M. Pence a cité les paroles du grand écrivain chinois Lu Xun, et nous souhaiterions aussi également lui présenter un idiome chinois : « Faire une marque de l'endroit où une épée est tombée à l'eau sur le bord d'un bateau en mouvement ». Cela signifie que la rivière de l'époque nous a déjà emmenés très loin mais que certaines personnes préfèrent demeurer dans la cabine d'un vieux navire.

Nous regrettons de constater que, dans le contexte de la mondialisation économique actuelle, les États-Unis appliquent toujours un « double standard » et sont les seuls à rester sur la rive des temps anciens.

M. Pence a accusé les navires de guerre chinois d'avoir incité des navires de guerre américains à s'éloigner, oubliant au passage de dire que lesdits navires de guerre américains naviguaient à moins de 12 milles marins des îles chinoises des Nansha ; il évoque une soi-disant « militarisation » de la Chine en mer de Chine méridionale, sans toutefois mentionner que les États-Unis sont de leur côté engagés dans des exercices militaires dans cette région. Un grand nombre d'armes perfectionnées ont été envoyées en mer de Chine méridionale et de nouvelles bases militaires ont été constamment construites.

M. Pence s'est aussi plaint que « les dépenses militaires actuelles de la Chine dépassent la somme de tous les pays de la région Asie-Pacifique », mais ne dit pas que les dépenses militaires des États-Unis au cours de l'exercice 2019 ont historiquement dépassé 700 milliards de dollars. Ce chiffre est non seulement le « plus élevé de l'histoire » mais il représente aussi à lui seul plus que l'ensemble de ce que dépensent les autres grandes puissances.

D'une part, M. Pence affirme sans vergogne que « La pénétration et le contrôle des États-Unis par la Chine ont atteint Hollywood, les universités, les groupes de réflexion, les entreprises et même les gouvernements locaux. Elle tente de mettre en œuvre tous les aspects de l'économie, des études et de l'opinion publique ». Mais d'autre part, il s'est immiscé dans les affaires intérieures et la diplomatie de la Chine avec beaucoup de mépris et s'est montré arrogant à l'égard de la réforme et de l'ouverture de la Chine, du concept « Made in China 2025 » et de l'initiative « la Ceinture et la Route ».

Dans son discours, M. Pence dit aussi que la seule construction d'un système de « note de crédit social » par la Chine l'insupporte. Il estime qu'il « contrôle presque tous les aspects de la vie des gens », tout en omettant fort opportunément de rappeler que les États-Unis ont eux aussi mis en place un système de crédit depuis plus de 100 ans. Il se montre apparemment réticent à dire que les Américains sont tenus de demander au gouvernement fédéral un numéro de sécurité sociale à vie (SSN) dès leur naissance et hésitent à dire que quand on n'a aucun crédit aux États-Unis, il est bien difficile de faire quoi que ce soit.

En ce qui concerne l'allégation selon laquelle « la Chine a lancé une action sans précédent pour influencer l'opinion publique américaine, les élections de 2018 et l'environnement avant l'élection présidentielle de 2020 », elle n'a pas seulement rendu la Chine perplexe, mais même au département américain de la Sécurité intérieure, la ministre Kirstjen Nielsen a déclaré le 3 octobre qu'il n'y a actuellement aucune preuve que la Chine tente de saper ou de changer le résultat des élections de mi-mandat de 2018 aux États-Unis. De leur côté, les États-Unis devraient peut-être réfléchir à la manière dont ils ont utilisé les sites de réseaux sociaux pour créer des troubles au Moyen-Orient et déclencher une chaîne de révolutions.

Ce que craignent le plus certains de nos amis aux États-Unis, c'est que les Chinois soient « diabolisés » dans leur ensemble. Certains étudiants, collègues et même des Chinois devenus Américains sont très prudents lorsqu'ils nous écrivent des courriels. Parce qu'ils deviennent des cibles d'attaque et d'exclusion, s'ils ne font pas attention, ils sont vite considérés comme « participant à diverses activités d'espionnage ». Certains politiciens américains ont même déclaré publiquement que « presque tous les étudiants qui viennent dans ce pays sont des espions ».

En Chine, un grand nombre de nos pairs partent ou sont partis étudier aux États-Unis. Ce changement a laissé en eux, ainsi qu'à leurs parents, un sentiment d'incrédulité. « Il est difficile d'imaginer que c'est la logique dont font encore preuve les États-Unis alors que la civilisation humaine avance au 21e siècle ». « La Chine a fait preuve de beaucoup de patience, de dignité et de sobriété face à une rhétorique anti-chinoise de plus en plus incendiaire et agressive des Etats-Unis », a de son côté déclaré le chercheur britannique Jacques Martin. « Si la Chine suit l'exemple des Etats-Unis, celle de la confrontation, les relations sino-américaines vont connaître une "chute libre" et se détériorer, ce qui aura de graves conséquences pour le monde entier ».

Dans le film américain « Spider-Man », il est dit que « plus grandes sont les capacités, plus grande est la responsabilité ». En tant que « première grande puissance » et « superpuissance » du monde, les États-Unis devraient assumer leur responsabilité et se montrer à la hauteur de ce qu'ils sont. Malheureusement, au fil des ans, les gens sont devenus de plus en plus déçus.

Nous nous souvenons aussi que ces dernières années, les États-Unis se sont retirés de tout un ensemble d'accords, comme de l'Accord de Paris, de l'UNESCO et du Conseil des droits de l'homme des Nations unies. Rien qu'au mois d'octobre, il se sont aussi retirés du traité d'amitié signé avec l'Iran et du Protocole facultatif à la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques concernant le règlement obligatoire des différends dépendant de la compétence de la Cour internationale de justice.

Nous avons vu que les Etats-Unis, ancien « porte-parole du libre-échange » sont aujourd'hui devenus les premiers tenants du protectionnisme et imposent fréquemment des restrictions à diverses activités commerciales pour de soi-disant raisons de sécurité nationale. En Chine, des produits tels que les téléphones Apple sont omniprésents et nous ne nous sentons pas menacés. Cependant, si quelqu'un achète un téléphone portable Huawei aux États-Unis, il semblerait que ce soit un incident grave qui menace la sécurité nationale des États-Unis. Les États-Unis, première puissance mondiale et puissance technologique, seraient-ils déjà vulnérables à une telle situation?

Nous sommes heureux de voir les États-Unis « redevenir grands », « great again » comme ils disent, mais une telle grandeur ne repose pas sur un seul grand, ni sur la suppression d'autres pays. C'est aussi pourquoi le discours de M. Pence va profondément décevoir et même indigner la jeune génération chinoise.

Nous nous souvenons que nos pères ont adopté la « diplomatie du ping-pong » il y a plus de 40 ans, mettant fin à la situation de séparation entre les peuples des deux pays pendant plus de 20 ans. Les dirigeants chinois et américains réécrirent alors l'histoire des relations sino-américaines avec le courage politique et la sagesse des stratèges. La percée historique dans les relations sino-américaines aboutit alors à une « poignée de main à travers le Pacifique ».

Nous nous souvenons aussi que le Président Xi Jinping et l'ancien Président américain Barack Obama eurent « des discussions de nuit impromptues » et que le Président Trump lui-même participa à « une causerie autour du thé à la Cité Interdite », lors de laquelle les deux chefs d'Etat ont parlèrent de l'histoire, de leurs goûts, admirant des vestiges culturels et écoutant de l'Opéra de Beijing. A cette époque, le monde entier pensait effectivement qu'il « y avait assez d'espace des deux côtés de l'océan Pacifique pour accueillir les deux grandes puissances que sont la Chine et des États-Unis ».

Cette année marque le 40e anniversaire de l'établissement des relations diplomatiques entre la Chine et les États-Unis. En tant que jeune génération, nous pensons que les États-Unis sont bien développés et bénéfiques pour la Chine, et que la Chine est aussi bien développée et bénéfique pour les États-Unis. Après tout, la Chine et les États-Unis sont aujourd'hui les deux plus grands pays du monde. Les deux pays se font face et constituent une énorme énergie positive l'un pour l'autre et pour le monde.

L'écrivain américain Mark Twain a dit un jour que les personnes qui tiennent un marteau dans leurs mains ressemblent à des clous. Un autre proverbe occidental dit que, quand on donne une rose, la main s'imprègne de son parfum. Nous espérons que de moins en moins de gens tiendront un marteau et que de plus en plus de gens tendront une rose. Après tout, le monde appartient à ceux qui ouvrent les bras plutôt qu'à ceux qui serrent les poings.

Des jeunes chinois 

(Rédacteurs :Wei SHAN, Yishuang Liu)
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