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Le gouvernement chinois accélère la lutte contre la pollution aux déchets électroniques

le Quotidien du Peuple en ligne | 25.07.2016 13h06
Le gouvernement chinois accélère la lutte contre la pollution aux déchets électroniques
Des ouvriers recyclent des déchets électroniques dans le canton de Guiyu, à Shantou (Province du Guangdong), le 12 juillet 2016. Guiyu a été surnommée la « capitale des déchets électroniques » par ses habitants, et presque chaque famille travaille dans le secteur du recyclage. [Qiu Quanlin / China Daily]

Les autorités chinoises imposent des réglementations strictes sur les ateliers dont les activités endommagent l'écosystème.

Ainsi de Guiyu, une municipalité située dans la Province du Guangdong, qui bénéficie désormais d'une atmosphère plus propre et plus saine depuis que des restrictions strictes sur l'élimination des déchets électroniques, comme les télévisions, les climatiseurs, les machines à laver, les téléphones portables et les ordinateurs sont entrées en vigueur en 2013.

Connue comme la capitale mondiale des déchets électroniques depuis les années 1990, Guiyu est devenue une plaque tournante importante de leur élimination. Selon Lin Qiurong, chef du gouvernement du canton, a son apogée, plus de 100 000 personnes, environ 50% des résidents permanents, gagnaient leur vie en démantelant des équipements électroniques pour en récupérer les métaux coûteux se trouvant à l'intérieur.

Il en était ainsi au point que l'on pouvait croire que, dans chaque rue, chacun s'affairait à chauffer les cartes à circuits sur des feux de charbon pour récupérer le plomb, tandis que d'autres utilisaient de l'acide pour en extraire des morceaux de cuivre ou d'or.

Selon M. Lin, avant que les restrictions ne soient imposées il y a trois ans, l'industrie des déchets électroniques de Guiyu récupérait environ 20 tonnes d'or et 450 000 tonnes de cuivre par an.

Cette activité a connu un essor remarquable, mais les ateliers familiaux, fourmillant d'ouvriers non qualifiés, mal équipés, ont non seulement endommagé l'environnement, mais également affecté la santé des ouvriers.

« De nombreux ateliers rejetaient les eaux usées acides non traitées directement dans les cours d'eau », a précisé Zheng Jinxiong, directeur adjoint de la zone économique et industrielle de recyclage de Guiyu, qui a été témoin d'une grave pollution de l'air, de l'eau et du sol causée par les entreprises non réglementées.

Selon l'autorité locale de protection de l'environnement, un affluent de la rivière Beigang, qui traverse la ville, affichait ainsi des niveaux d'acidité élevés, et son lit boueux avait une teneur en cuivre équivalente à celui du minerai de cuivre.

Une déclaration de guerre à la pollution

« Par le biais des règlements, nous avons déclaré la guerre au démantèlement des déchets électroniques, jusqu'à ce que tous les ateliers familiaux partent vers la zone industrielle, et soient transformés en endroits respectueux de l'environnement », a déclaré Lin Qiurong, chef du canton.

En 2012, Guiyu abritait plus de 5 000 petits ateliers. Il n'y en a plus maintenant qu'environ 1 400, qui se sont par ailleurs consolidés pour former 29 sociétés en coentreprise situées dans la zone industrielle récemment ouverte.

« Guiyu traite actuellement environ 400 000 tonnes de déchets électroniques de rebut (par an). Nous avons mis en place un système permettant de couvrir l'ensemble du processus de recyclage, de la tenue de registres de tous les déchets qui entrent dans la ville, au démantèlement et à la revente finale », a précisé M. Zheng.

En mars, une inspection complète menée par l'équipe environnementale provinciale du Guangdong a montré une baisse généralisée des niveaux de polluants dans l'air, l'eau et le sol.

En 2010, un rapport publié par le Programme des Nations Unies avait souligné que le boom de l'industrie du démantèlement des déchets électroniques de Guiyu et la pollution qu'elle a engendrée reflétait la situation générale en Chine, qui, avec 2,3 millions de tonnes par an, était considérée comme le deuxième le plus grand producteur de déchets électroniques du monde.

Au cours des dernières années, le volume des déchets électroniques en Chine a augmenté en raison de sa puissance économique croissante, qui a stimulé la demande en appareils électroniques, les consommateurs souhaitant remplacer ou moderniser leurs vieux équipements.

Selon les chiffres publiés par le Ministère de l'industrie et des technologies de l'information, au cours des 11 premiers mois de l'année dernière, la production de téléphones portables a dépassé 1,6 milliard d'unités, soit une hausse de 2,9% d'une année sur l'autre.

Shan Mingwei, chercheur en technologie de recyclage des dispositifs électroniques à l'Institut chinois de recherche sur les appareils électriques domestiques, estime qu'environ 187 millions de téléphones portables ont été jetés en Chine l'année dernière.

Le Livre blanc annuel de l'Institut montre que, l'année dernière, 75 millions d'unités de déchets électroniques ont été démantelés et traités à l'échelle nationale, une augmentation de 6,8% d'une année sur l'autre.

« Le gouvernement central a facilité les activités de déchets électroniques par l'intermédiaire de lois et l'amélioration des politiques pour réglementer leur croissance et protéger l'environnement. Il a également émis des mesures préférentielles pour stimuler le recyclage légal et certifié et les entreprises de démantèlement », a précisé M. Shan.

En 2012, le gouvernement central a introduit des subventions qui ont progressivement couvert 109 entreprises de déchets électroniques à l'échelle nationale. Selon le Livre blanc, ces entreprises ont bénéficié de subventions d'environ 5,4 milliards de Yuans (809 millions de Dollars US) l'année dernière.

Cependant, selon les participants à un forum du PNUD organisé à Beijing le mois dernier, ces subventions ne suffiront pas pour maintenir ce secteur en plein essor sur la bonne voie, et d'autres seront nécessaires afin de faciliter davantage la croissance des entreprises.

D'après M. Shan, Il y a une absence de réglementation supplémentaire nécessaire pour les politiques du gouvernement central, et les subventions n'arrivent souvent pas à temps dans les coffres des entreprises à temps, ce qui rend la survie de certaines entreprises difficile.

« Mais je crois fermement que la tendance du plein essor se poursuivra, en raison de l'attention supplémentaire accordée par les gouvernements locaux », a-t-il souligné.

La Chine a fait des efforts importants de lutte contre la pollution au cours des dernières années, et le secteur de l'élimination des déchets électroniques a bénéficié d'une attention particulière en raison de son impact négatif sur l'environnement.

En 2013, un rapport du PNUD sur l'industrie des déchets électroniques en Chine a déclaré que le secteur génère des polluants toxiques lors des phases de démantèlement et de traitement, du fait que des personnes brûlent des cartes à circuits, du plastique et des fils de cuivre, ou utilisent de l'acide chlorhydrique pour extraire les métaux précieux. Ces processus exposent en outre les ouvriers et l'environnement à des métaux lourds toxiques comme le plomb, le béryllium et le cadmium, et libèrent de grandes quantités de cendres dans l'air, l'eau et le sol.

Promotion et expansion

Liu Lili, chercheur à l'École de l'environnement de l'Université Tsinghua, estime quant à lui que le grand nombre de petits ateliers familiaux, comme ceux de Guiyu, ont exacerbé la fois la pollution et les dommages à la santé des ouvriers.

« Ces 109 entreprises, qui ont été approuvées par les gouvernements (local et central), ont de meilleures installations et des technologies de démantèlement avancées, qui contribuent à réduire la pollution et offrent une meilleure protection. Toutes ces choses doivent être promues et élargies dans tout le pays ».

De leur côté, MM. Shan et Liu ont déclaré que les gouvernements ont fait d'énormes progrès dans la régulation du secteur. En outre, les instituts pour lesquels les deux chercheurs travaillent ont fourni une série de nouvelles suggestions pour aider les entreprises et les autorités à stimuler un développement sain du secteur.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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