Dernière mise à jour à 10h43 le 15/02
Tam O'Braan a eu plusieurs vies. Après avoir été soldat, agronome et entrepreneur, il fait maintenant pousser du thé sur les contreforts des Highlands écossais, et fait l'envie de ceux qui jadis le traitaient de fou. Cela fait quatre ans qu'il a commencé à cultiver le thé à Dalreoch, une ancienne ferme de moutons située près du petit village écossais de Amulree, et depuis, cet Irlandais bon teint a vu son thé blanc fumé couronné d'une médaille d'or lors du Salon du Thé de Paris l'année dernière.
Aujourd'hui, Tam O'Braan vend son thé médaillé d'or dans les magasins de luxe comme Mariage Frères à Paris où il est proposé à 78 euros les 20 grammes et Fortnum & Mason à Londres, où il est vendu 51 euros les 20 grammes , ainsi que dans des hôtels célèbres comme The Dorchester. « Mes voisins me prenaient pour un fou », a-t-il dit goguenard. « Des gens qui ont travaillé dans l'industrie du thé pendant 30 ou 40 ans nous ont dit catégoriquement que ce n'était pas possible ». Pourtant, au 19e siècle déjà, le botaniste écossais Robert Fortune avait déjà montré qu'il était possible de cultiver du thé en Ecosse. Son projet avaiut finalement échoué, mais c'était avant tout parce qu'il avait utilisé des plants inadéquats.
Déterminé à ne pas faire la même erreur, Tam O'Braan a importé des théiers d'origine chinoise qui poussent sur les contreforts de l'Himalaya (Camellia sinensis sinensis), avant de les adapter au climat écossais. Les graines de plantes, qui sont semblables à de petites noix, sont mises à germer à l'extérieur avant que les plantes soient cultivées dans une petite serre non chauffée. « Ces plantes qui à l'origine ont commencé sur les contreforts de l'Himalaya, qui peuvent supporter la neige, sont encore plus fortes », a-t-il précisé. Une fois les plants de thé acclimatés, l'Écosse s'est révélée être un endroit idéal pour leur croissance, avec son brouillard, ses fortes précipitations, ses paysages vallonnés et un sol riche. Un peu comme les régions indiennes produisant parmi les meilleurs thés du monde.
« C'est un fait reconnu chez les experts en thé que les meilleurs thés de Darjeeling ou d'Assam viennent de régions qui sont enveloppées de nuages pendant la majeure partie de l'année", a déclaré Tam O'Braan. « Une autre chose est que, parce que les plantes se trouvent dans ce que beaucoup considèrent comme un environnement non nature, une certaine quantité de stress chimique est générée à l'intérieur de la feuille. C'est ce qui est responsable de la saveur plutôt douce de notre thé ».
En 2015, Tam O'Braan a produit 500 kilos de thé de ses 14 000 plants et fondé l'Association des producteurs de thé écossais, dans le but d'être davantage reconnu dans un pays plus connu pour son whisky. Depuis, dix personnes l'ont rejoint, créant de petites plantations de thé d'environ 1000 plants chacune dans des endroits comme l'île de Mull et les Lowlands. Les membres de l'association peuvent utiliser une petite usine de transformation de thé que Tam O'Braan a créé sur sa ferme. La production de Dalreoch est d'ores et déjà vendue pour les quatre prochaines années -ce qui signifie qu'il devrait y avoir beaucoup d'activité pour tous ceux qui se sentent prêts à tenter l'aventure.