Dernière mise à jour à 15h36 le 27/08
Alors que la plupart des jeunes diplômés chinois sont occupés à prendre leurs marques dans leurs nouveaux emplois, certains ont choisi de remettre à plus tard leur entrée dans le monde du travail.
Li Yu de l'Université agricole d'Anhui fait partie des 7,49 millions de nouveaux diplômés universitaires chinois cette année, un record. Au lieu de chercher du travail, il a passé l'été à étudier dans plusieurs zones agricoles modernes dans la province d'Anhui, dans l'est de la Chine.
"Je veux passer plus de temps à gagner de l'expérience dans la gestion des fermes", a-t-il déclaré, "cela m'aidera à lancer ma propre ferme et me permettra de mieux la gérer à l'avenir".
Cette année, la saison de recherche d'emplois a vu plus de 220.000 diplômés de plus qu'en 2014 entrer sur le marché, et la croissance économique qui ralentit a entraîné une baisse du recrutement de nouveaux diplômés par les compagnies.
D'après le Bureau national des statistiques (NBS) de la Chine, le taux de chômage des récents diplômés s'est élevé à 7,74%, bien au-dessus de la moyenne.
Des étudiants chinois, comme Li, ont choisi de rester sans emploi pour voyager, lancer des startups ou se porter volontaires.
"Peu importe ce que l'on choisit, la plupart d'entre nous cherche ce qui est meilleur pour nous", a déclaré Li, "tant que ce que nous faisons est bénéfique pour notre futur, c'est un choix plus judicieux que de se faire embaucher juste après avoir reçu notre diplôme".
Wang Man, 25 ans, diplômée l'année dernière, est d'accord avec Li. Elle a refusé une position de secrétaire dans une compagnie à Hefei, capitale de la province d'Anhui, et voyage depuis.
"Je n'aime pas le travail monotone", a-t-elle expliqué. "Pour être honnête, je n'ai pas encore décidé ce que j'allais faire. Ce ne serait pas bon pour moi de définir à la hâte ma carrière".
Les partisans de ces jeunes les applaudissent pour avoir jeté à la poubelle une façon de pensée qu'ils considèrent désuète et défendre une nouvelle attitude vis-à-vis de l'emploi.
"Peut-être que si vous ralentissez les choses un peu et regardez ce qu'il se passe dans le monde, vous pouvez façonner de manière plus précise votre avenir", a déclaré Du Mengjie, 26 ans, fondateur et PDG du site Internet Dreammore de financement par les internautes chinois.
Avant de lancer la plateforme de levée de fonds en 2012, M. Du a passé huit mois à voyager au Népal, en Inde, en Afghanistan et au Bahreïn, entre autres.
Ses voyages étaient principalement financés par des dons effectués en ligne, qui lui ont inspiré la création du site Internet visant à aider les jeunes Chinois à réaliser leurs rêves.
"Les étudiants chinois devraient être moins utilitaristes. Ils devraient prendre leur temps pour penser à leurs rêves", a-t-il déclaré.
D'après les analystes, de plus en plus d'étudiants décident de ne pas travailler juste après avoir reçu leur diplôme afin d'éviter les pressions liées à la recherche difficile d'un emploi.
"Les étudiants chinois qui recherchent un emploi aujourd'hui doivent faire face à une pression sans précédent", a expliqué Li Anding, professeur associé à l'école de journalisme et de communication de l'université du Nord-Ouest.
Mais beaucoup désapprouvent cette tendance des "NEETs", jeunes qui ne travaillent pas, ne sont pas à l'école, ne suivent pas la formation (Not in Employment, Education or Training, en anglais), et qui vivent au crochet de leurs parents.
Xia Shanjing, 25 ans, de Xi'an, chef-lieu de la province de Shaanxi, a décidé de mettre fin à son année sabbatique et prépare le concours de fonctionnaire.
"Je me sens déconnectée de la société quand je ne travaille pas", a-t-elle expliqué.
Pour les experts, si le fossé entre l'école et le travail est trop long, la confiance et la compétitivité des jeunes chercheurs d'emplois peuvent être ternies.