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Chelsea Manning, l'ancienne taupe de Wikileaks, est sortie de prison

le Quotidien du Peuple en ligne | 18.05.2017 08h29

Chelsea Manning, ancien militaire qui avait fait la une autant pour ses révélations que pour son changement de sexe, est sortie libre de la prison militaire de Fort Leavenworth, dans le Kansas, mettant un point quasi final à l'une des affaires criminelles les plus extraordinaires de l'histoire américaine sur la divulgation de secrets du gouvernement au public. Condamné à une peine sans précédent d'emprisonnement de 35 ans pour la divulgation d'archives de dossiers secrets à WikiLeaks, Chelsea Manning a passé sept ans en prison, soit déjà le double de la plus longue peine prévue dans les cas de fuite, et elle va être libérée 28 ans plus tôt parce que le président Barack Obama, dans un de ses derniers actes, a commué la majeure partie de sa peine restante.

L'armée et l'équipe juridique de Chelsea Manning, cherchant à éviter un cirque médiatique, n'ont divulgué que quelques détails sur sa libération et ses projets immédiats. L'armée n'a pas dit à quelle heure elle sortirait et a déclaré qu'elle ne permettrait pas aux journalistes d'attendre près de la porte de la prison. Le réseau de soutien de l'ancien militaire, qui a collecté 138 000 Dollars US en dons en ligne pour aider à couvrir ses frais de subsistance initiaux dans une campagne baptisée « GoFundMe.com », a dit qu'elle entendait s'installer dans le Maryland, où elle a de la famille. Mais ses partisans ont également été discrets sur les lieux où elle sera dans les prochaines semaines, dans l'espoir de lui donner un peu d'espace mental et physique - et de sécurité - pour se remettre à vivre à l'extérieur.

Chelsea Manning avait été connue sous le nom de soldat Bradley Manning en 2010, et alors encore un homme, quand elle a été arrêtée, soupçonnée d'avoir copié des centaines de milliers de fichiers militaires et diplomatiques secrets d'un réseau informatique classé, auquel elle avait accès comme analyste du renseignement à faible niveau sur une base d'opérations en Irak. Après sa condamnation, elle avait annoncé qu'elle était une femme transgenre et a changé son nom en Chelsea. Dans l'espoir d'inspirer des « discussions, des débats et des réformes dans le monde entier », comme elle l'avait écrit à l'époque, Chelsea Manning avait envoyé des fichiers à l'organisation anti-secrets WikiLeaks, qui les a publiées en lots, en collaboration avec les agences de presse traditionnelles, dont le New York Times. Les actes de Chelsea Manning eurent de vastes conséquences, inaugurant un nouveau type de fuite : la copie et la diffusion en vrac de nombreux fichiers sur de nombreux sujets disparates, préfigurant les fuites en 2013 de dossiers de l'Agence nationale de sécurité par un contractant des renseignements, Edward Snowden. Ses fuites ont mis en lumière de nombreux faits cachés, dont des meurtres de civils inconnus pendant la guerre en Irak, des relations diplomatiques obscures et douteuses, la corruption locale dans le monde entier, et des évaluations de renseignements sur les détenus de Guantánamo Bay.

L'armée lui avait réservé, avant même son jugement, un traitement des plus sévères, la mettant à l'écart des autres détenus et la gardant dans des conditions de préventive austères, même après qu'un psychologue de la prison ait dit que ce n'était plus nécessaire, déclenchant des protestations. Elle est devenue une icône pour les militants anti-guerre et anti-secret, qui l'ont considérée comme un dénonciateur historique, alors que les procureurs l'avaient dépeinte comme un traître. Et dans un autre mouvement sans précédent, l'armée l'a accusée d'« aide à l'ennemi », l'équivalent de la trahison, sur la théorie que la fourniture d'informations au public voulait aussi dire que les adversaires comme Al-Qaïda en feraient aussi leur profit, alarmant les défenseurs du premier amendement, qui considérèrent cela comme une étape importante dans la répression criminelle de l'administration Obama sur les fuyards. Et si un juge militaire l'avait acquittée de l'accusation d'aide à l'ennemi, Chelsea Manning avait toutefois été reconnue coupable de nombreuses violations de la loi contre l'espionnage e s'était vue infliger une peine sans précédent, avant que Barack Obama n'exerce finalement son droit de grâce peu avant son départ de la Maison Blanche.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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