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En Inde, une ville fait la chasse aux mauvais payeurs à coups de tambour

le Quotidien du Peuple en ligne | 01.06.2016 09h14

Pendant cinq ans, Prahul Sawant, un promoteur immobilier indien, a ignoré les ordres du gouvernement lui demandant de payer ses impôts. Un jour, des joueurs de tambours sont arrivés, frappant sur leurs instruments et exigeant qu'il paie. Les voisins se sont penchés à la fenêtre, étonnés. Quelques heures plus tard, c'est un M. Sawant au visage rougi par la honte qui avait écrit un chèque équivalent à 945 Dollars US pour régler ses arriérés de longue date. A Thane, près de Mumbai, la honte est le nouvel outil auquel le gouvernement local recourt pour percevoir les impôts des citoyens réticents. Face à des collectes maigres et la hausse des dépenses, commissaire municipal de Thane, Sanjeev Jaiswal, a recours à l'embarras public pour les dettes fiscales.

« Lorsque vous recevez un avis, vous êtes le seul au courant », a déclaré M. Jaiswal, qui a été nommé l'année dernière. « Un groupe de joueurs de tambours en bas de votre maison change les choses. Pour les gens, peu de choses sont aussi importantes que leur réputation ». Depuis que les joueurs de tambour ont commencé à travailler au début de cette année dans cette banlieue de la capitale commerciale indienne Mumbai, les recettes de l'impôt foncier ont fait un bond de 20%, a précisé M. Jaiswal. Sanjay Bohir, un dinandier de 50 ans qui devait 285 Dollars US en arriérés d'impôts, s'est ainsi précipité à pour avant que le groupe ne se présente devant chez lui parce qu'il ne pouvait pas supporter de voir son « statut moral abaissé », a-t-il dit. Ou de Vilas Pednerkar, paniqué quand il a vu les joueurs de tambour venir. Il devait 300 Dollars US à la ville et ne voulait pas que les clients de son entreprise de réparation de rue pensent qu'il est peu fiable.

L'Inde a longtemps eu des difficultés à persuader les gens de partager leurs revenus avec le gouvernement. Seulement 3% des 1,2 milliards d'habitants du pays paient des impôts, surtout parce que beaucoup sont trop pauvres pour ne rien devoir, mais aussi parce que, selon les autorités, la fraude est généralisée. Dans l'ensemble, les collectes fiscales indiennes représentent environ 17% du produit intérieur brut, contre 25% aux États-Unis et de 33% au Royaume-Uni, selon la Fondation du patrimoine.

En partie à cause de cela, New Delhi connaît des problèmes de sous-investissement chronique dans les infrastructures et les systèmes d'éducation et sanitaire du pays, en difficulté. Les tentatives visant à augmenter les recettes fiscales ont rencontré une résistance. La résistance fiscale est ancrée dans l'histoire indienne. La lutte du Mahatma Gandhi pour l'indépendance avait ainsi tourné en partie autour d'une protestation contre une taxe sur le sel imposée par les Britanniques. Mais M. Sawant s'est résolu à payer : « Quand j'ai entendu le groupe, j'ai été stupéfait », a-t-il déclaré. « Je suis une personne très timide ». En quelques heures, il a réussi à rassembler l'argent dont il avait besoin, avec des amis et la famille, et s'est précipité vers la mairie pour payer, exprimant, bon gré mal gré, son admiration envers cette tactique de collecte fiscale « C'est très, très efficace », a-t-il dit.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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