Dernière mise à jour à 08h49 le 20/05
Pour Johan Wellander, producteur suédois d'œufs, l'explosion du prix de la nourriture pour ses poules pondeuses a rendu la situation insoutenable, alors que l'inflation a été accélérée par la crise actuelle en Ukraine et les sanctions occidentales contre la Russie.
Le conflit russo-ukrainien a frappé le marché des matières premières et causé un effet de ricochet dans le monde entier. L'industrie suédoise des œufs en pâtit à son tour car elle est fortement dépendante des céréales pour nourrir les bêtes, dans un contexte de prix toujours plus élevés pour le carburant.
"LA SITUATION EST URGENTE"
Entre les silos à grains et les bâtiments de ferme qui abritent plus de 90.000 poules pondeuses, M. Wellander a dépeint un sombre tableau à Xinhua : les producteurs d'œufs en Suède ont du mal à joindre les deux bouts, parce qu'ils sont pris en tenaille entre la hausse des coûts de production des œufs et les prix de vente plafonnés.
"La situation est urgente et à moins que le prix des œufs n'augmente, nous devrons réduire notre activité", a expliqué M. Wellander dans son élevage de volaille, qu'il gère avec son frère sur une plaine agricole en périphérie d'Orebro, une ville située à quelque 160 km à l'ouest de la capitale suédoise Stockholm.
Ses inquiétudes font écho à celles de Leif Denneberg, président du conseil d'administration de Svenska Agg, l'association professionnelle de l'industrie suédoise des œufs.
Le prix de l'alimentation pour animaux a récemment doublé et le fait que le prix des œufs en magasins n'évolue pas au même rythme sera dévastateur pour le secteur national des œufs, a indiqué M. Denneberg au journal local Aftonbladet.
Si un œuf coûte en moyenne 2,5 couronnes suédoises (0,25 dollar), 0,80 couronne représente le coût de production pour les éleveurs. A l'heure actuelle, l'ensemble de cette somme est utilisé pour payer le carburant, a fait savoir M. Denneberg.
Pour M. Wellander, le cauchemar ne s'arrête pas là, car la production d'œufs est un secteur pour lequel le temps de production est long.
"Nous recevrons de nouvelles poules pondeuses dans quelques semaines pour environ un million de couronnes, mais au vu de la situation actuelle avec l'explosion des prix de la nourriture, du carburant et de l'électricité, le choix le plus économique à faire serait de payer la facture sans recevoir les poules", a-t-il déploré.
"Dans ce cas-là, nous ne perdrions "qu"' un million de couronnes au lieu de deux millions si nous prenons les poules pour la production."
UN FARDEAU POUR LES CONSOMMATEURS
En parallèle des négociations pour définir les prix entre les principales parties prenantes, plusieurs grands producteurs d'œufs ont annoncé leur intention de "fortement" faire monter les prix.
Cependant, une telle hausse sur les œufs, un produit alimentaire de base, infligerait forcément un fardeau aux consommateurs qui sont déjà victimes de l'inflation dans tous les domaines de leur vie quotidienne.
Pour ne rien arranger, la montée des prix de l'alimentation s'accompagne en Suède de la hausse des prix du plastique, qui est largement utilisé pour emballer les produits alimentaires.
Le polyéthylène, un matériau plastique souple, devient particulièrement cher. Cette montée des prix peut être attribuée aux prix croissants de l'énergie et du pétrole, ainsi que de certains additifs utilisés dans la production plastique et provenant de Russie, d'où les importations ont été suspendues.
Andreas Malmberg, directeur général du fabricant de plastique Trioworld, a déclaré à la télévision suédoise que les consommateurs devront "payer davantage" pour tout ce qu'ils achètent.
De nombreux Suédois partagent l'opinion de M. Malmberg sur le fait que l'inflation devrait durer.
"Faire ses courses devient de plus en plus cher, en particulier si vous avez trois enfants, dont deux adolescents, à nourrir", a expliqué à Xinhua Fredrik Sandberg, père de trois enfants vivant dans la capitale suédoise.
La hausse des prix de l'énergie inquiète M. Sandberg pour l'avenir, même s'il est conscient que bien d'autres personnes sont dans une situation encore plus difficile que lui.
"Bien que je sois prêt à payer plus pour l'alimentation, il y a une limite à cela et nous finirons peut-être par acheter des produits moins chers pour nous en sortir financièrement", a-t-il noté.
"Hélas, beaucoup de personnes, en particulier les parents seuls à faibles revenus, ont déjà été forcées de le faire et personne ne sait quand cette inflation croissante prendra fin", a-t-il ajouté.