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L'adhésion de la Finlande et de la Suède à l'OTAN aura probablement de lourdes conséquences

Xinhua | 16.05.2022 08h03

L'adhésion probable de la Finlande et de la Suède à l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) a été motivée par les craintes que suscite dans ces pays le conflit actuel entre la Russie et l'Ukraine. Mais selon les analystes, cette évolution pourrait avoir des conséquences qui vont au-delà de la crise actuelle.

La Finlande et la Suède sont membres de l'Union européenne depuis 1993, mais jusqu'à présent, elles faisaient partie d'une petite minorité d'Etats membres de l'UE ne faisant pas partie de l'alliance militaire de l'OTAN. Une fois qu'elles auront adhéré, seuls quatre des 27 Etats membres de l'UE - l'Autriche, Chypre, l'Irlande et Malte - resteront en dehors de l'OTAN.

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde (à droite), et le ministre de la Défense, Peter Hultqvist, lors d'une conférence de presse sur une analyse sur la sécurité à Stockholm, en Suède, le 13 mai 2022. (Ninni Andersson/gouvernement suédois/via Xinhua)

Cela signifie également que 24 des 32 membres de l'OTAN seront membres de l'Union européenne.

Selon les analystes, l'adhésion des deux pays à l'OTAN renforcera l'alliance : les deux pays font partie des nations les plus riches du monde, selon les données de la Banque mondiale, et les dépenses militaires des deux pays sont globalement conformes aux moyennes de l'OTAN, exprimées en pourcentage du produit intérieur brut de chaque pays.

"Ce que cela signifie, c'est que les liens entre l'OTAN et l'Union européenne vont devenir encore plus étroits", a confié à Xinhua Elena Sciso, professeur de droit international à l'Université Luiss à Rome, ajoutant : "Songez que le traité de Lisbonne de l'Union européenne de 2009 comprend une clause de défense mutuelle et collective, tout comme l'OTAN."

La ministre suédoise des Affaires étrangères, Ann Linde (6e à gauche), le ministre de la Défense, Peter Hultqvist (5e à gauche), et d'autres représentants de partis parlementaires présentent le résultat d'une analyse sur la sécurité lors d'une conférence de presse à Stockholm, en Suède, le 13 mai 2022. (Ninni Andersson/gouvernement suédois/via Xinhua)

Nicolai von Ondarza, politologue et chef de la division Union européenne à l'Institut allemand pour les affaires internationales et de sécurité, a estimé que la Finlande et la Suède n'ont jamais été "entièrement neutres" en matière de sécurité, notant que leurs forces armées coordonnaient déjà leurs activités avec celles des pays de l'OTAN et qu'elles partageaient des renseignements. Par ailleurs, elles pratiquaient ce qu'il a appelé la "neutralité armée" , en d'autres termes, si nécessaire, elles sont prêtes à utiliser la force militaire pour maintenir leur neutralité.

"Ce que cela signifie notamment, c'est que la mer Baltique deviendra en grande partie une mer de l'OTAN", a considéré M. von Ondarza dans une interview, en faisant référence à la vaste étendue d'eau située dans le nord de l'Europe et entourée par le Danemark, l'Estonie, la Lettonie, la Lituanie, la Pologne et l'Allemagne - tous des Etats membres de l'OTAN - ainsi que par la Finlande, la Suède et la Russie.

Photo prise le 24 mars 2022 du siège de l'Organisation du traité de l'Atlantique Nord (OTAN) à Bruxelles, en Belgique. (Xinhua/Zheng Huansong)

"Je pense également que nous assisterons à un changement de politique en matière de politique étrangère et militaire, qui passera de la gestion de crise à la défense territoriale", a-t-il dit.

Selon Mme Sciso, de l'Université Luiss, cette évolution pourrait avoir des répercussions bien au-delà de l'Europe. Elle a fait remarquer que l'océan Arctique - une région pratiquement non peuplée et sans grande étendue terrestre qui contiendrait 160 milliards de barils de pétrole et jusqu'à 30 % du gaz naturel de la planète - est actuellement administrée par les huit pays qui la bordent, dont cinq sont membres de l'OTAN : le Canada, le Danemark, l'Islande, la Norvège et les Etats-Unis. Lorsque la Finlande et la Suède auront rejoint l'OTAN, ce nombre passera à sept sur huit, seule la Russie n'étant pas membre de l'alliance.

"C'est important parce que les Etats qui gouvernent la région seront dominés par l'OTAN", a poursuivi Mme Sciso, ajoutant : "Les pays concernés sont tenus de respecter les règles convenues pour la région sur des sujets allant des droits de pêche aux essais nucléaires, mais ils restent des Etats souverains et deux d'entre eux sont les plus grandes puissances nucléaires du monde."

(Rédacteurs :Ying Xie, Yishuang Liu)
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