Dernière mise à jour à 13h36 le 07/03
Les avis sont partagés parmi les Portugais en ce qui concerne la création d'un passeport européen pour le vaccin contre le COVID-19, un document qui garantirait la libre circulation entre les pays de l'Union européenne (UE).
Le vice-président de la Commission européenne, Margaritis Schinas, a déclaré le 1er mars que la Commission était sur le point d'introduire un passeport vert numérique qui permettra l'ouverture de l'Europe en toute sécurité "tout en préservant les sacrifices consentis jusqu'à présent".
M. Schinas a indiqué que cette mesure sera annoncée le 17 mars lors d'un sommet de l'UE qui portera sur les voyages et la mobilité ainsi que sur la levée des restrictions.
Il a ajouté que le passeport vert numérique comprendra des informations sur la vaccination, les résultats des tests et les déclarations de guérison, et respectera pleinement la protection des données, la sécurité et la vie privée. "L'objectif serait de définir une orientation commune vers l'ouverture sûre de l'Europe", selon lui.
Le Premier ministre portugais Antonio Costa, à l'issue d'une vidéoconférence du Conseil européen le 26 février, a annoncé qu'un passeport de vaccination à l'échelle du bloc serait créé "dans les prochains mois", ce qui permettrait aux personnes vaccinées de voyager librement dans l'UE "sans quarantaine".
"Nous sommes favorables à cette mesure pour toute l'Europe, et à cette fin, nous travaillons en tant que présidence de l'UE, en collaboration avec la Commission européenne, afin que ce document puisse exister d'ici l'été", a-t-il dit.
Lors d'un talk-show sur la chaîne de télévision portugaise SIC vendredi, le commentateur politique Luis Pedro Nunes a estimé que le "passeport européen des vaccins" ne fonctionnerait pas parce qu'il existe différents types de vaccins et que tous n'offrent pas la même protection contre le COVID-19.
"En outre, il n'est pas possible de prouver que la personne vaccinée ne transmet pas le virus, ce qui nécessiterait un test négatif avant de voyager. Ce concept de passeport n'est donc qu'une idée absurde", a-t-il dénoncé.
M. Nunes a toutefois nuancé son propos, disant que la proposition d'un "certificat d'immunité numérique n'est pas une mauvaise idée en soi" car il s'agirait d'une base de données "alimentée par des laboratoires accrédités" avec des informations unifiées provenant des personnes ayant passé un test avant l'embarquement.
Clara Ferreira Alves, écrivain et critique littéraire, a jugé que la création d'un passeport vaccinal était une idée "extrêmement agressive et impossible à mettre en pratique".
"L'Europe a fait une erreur avec les vaccins, car il n'y en a pas assez pour tout le monde. Il y a quelque chose de très étrange, de malade et de sinistre dans la relation de l'UE avec les industries pharmaceutiques puisque les vaccins qui ne sont pas occidentaux sont rejetés", a-t-elle déploré.
Le commentateur de la chaîne de télévision SIC Daniel Oliveira n'a pas pour sa part trouvé de problèmes éthiques dans le passeport vaccinal contre le COVID-19, car cet instrument existe déjà pour des maladies telles que la fièvre jaune, à condition que le vaccin soit disponible pour tout le monde.
Selon lui, la Commission européenne devrait utiliser des moyens légaux pour briser les brevets sur les vaccins et ainsi "garantir la santé pour tous et non le profit pour certains".
Alors que le monde lutte pour contenir la pandémie, la vaccination est en cours dans un nombre croissant de pays, avec plusieurs vaccins contre le nouveau coronavirus déjà autorisés.
Par ailleurs, 261 candidats vaccins sont encore en train d'être développés dans le monde entier - 79 d'entre eux sont en cours d'essais cliniques - dans des pays tels que l'Allemagne, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni et les Etats-Unis, selon les informations publiées par l'Organisation mondiale de la santé le 5 mars.