Dernière mise à jour à 13h34 le 02/04
Les relations se sont tendues entre Ankara et Paris après que le président français Emmanuel Macron a exprimé son soutien aux combattants kurdes des Forces démocratiques syriennes (FDS), menées par les Unités de protection du peuple (YPG) qui sont actuellement la cible d'une opération militaire antiterroriste turque.
La déclaration du président Macron a fait l'effet d'une bombe en Turquie, où le président Recep Tayyip Erdogan s'en est pris directement à l'attitude de son partenaire de l'OTAN. Vendredi, il a publiquement averti la France qu'elle pourrait devenir une "cible" en raison de son soutien aux YPG.
"La France a choisi une approche totalement erronée", a déclaré M. Erdogan, ajoutant qu'il espère que "la France ne se tournera pas vers (nous) pour obtenir de l'aide quand les terroristes syriens et irakiens envahiront leur pays sous leurs encouragements".
La France soutient traditionnellement la cause du peuple kurde depuis les années 80, lorsque les Kurdes irakiens étaient la cible de répressions de la part du régime du dictateur Saddam Hussein.
Le soutien de M. Macron aux Kurdes syriens coïncide avec la déclaration surprise du président américain Donald Trump du retrait imminent de 2.000 soldats américains déployés au nord de la Syrie. Une confrontation turco-américaine était pourtant à craindre dans le cadre d'une opération turque contre les YPG dans la ville d'Afrin, au sujet de laquelle la France est ouvertement opposée et qu'elle considère comme une invasion.
Les FDS sont affiliés aux yeux d'Ankara au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK), un mouvement considéré comme terroriste par l'Union européenne et les Etats-Unis. Ce n'est pas le cas des YPG, qui ont été un élément-clé dans les combats contre l'Etat islamique (EI).
M. Macron a rencontré jeudi au Palais de l'Elysée une délégation des FDS constituées de membres des YPG. Suite à cette réunion, un officiel kurde a indiqué que le président avait promis d'envoyer plus de troupes dans le cadre de la coalition, de fournir une assistance humanitaire et de procéder à une "médiation" entre les Kurdes et Ankara. Une source proche du président a ensuite précisé que "la France n'envisage aucune nouvelle opération militaire sur le terrain au nord de la Syrie en dehors de la coalition internationale".
M. Erdogan a accusé samedi le géant industriel français Lafarge d'avoir construit "des tunnels et des bunkers" pour la milice kurde. De son côté, l'agence de presse officielle turque Anadolu a publié une carte détaillant la localisation des bases militaires françaises dans le nord de la Syrie. Le ministre de la Défense turc Nurettin Canikli a également profité de l'occasion pour dissuader la France de renforcer sa présence militaire en Syrie, ce qui serait considéré comme "une invasion".
Les relations franco-turques sont difficiles depuis plusieurs années. La France semble opposée à l'entrée de la Turquie dans l'Union européenne et propose à la place un partenariat commercial. Avec les Etats-Unis, elle est également méfiante à l'égard du rapprochement de la Turquie avec la Russie sur la question de la guerre en Syrie et sur les problématiques commerciales et énergétiques majeures.