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Les attaques de Carcassonne ravivent la polémique

Xinhua | 28.03.2018 09h17

Trois jours après les attentats de Carcassonne dans l'Aude (sud-ouest de la France) qui ont fait quatre morts, le chef de file de la droite Laurent Wauquiez et la présidente du Front national Marine Le Pen ont critiqué vertement le président Emmanuel Macron, l'accusant de "naïveté" et d'"inertie" et relançant la polémique sur les modalités de la lutte contre le terrorisme islamiste.

"Je demande solennellement à Emmanuel Macron de sortir de sa coupable naïveté et d'avoir enfin le courage qui s'impose pour protéger les Français", a déclaré lundi le président des Républicains (LR) Laurent Wauquiez devant la presse au siège de son parti.

"Il n'y a plus de place pour la candeur, nous ne vaincrons pas cet ennemi à coups de 'pas d'amalgame', par de beaux discours et des gestes symboliques", a lancé l'ex-ministre de Nicolas Sarkozy, désormais à la tête de la région Auvergne-Rhône-Alpes.

Les attaques vendredi de Radouane Lakdim à Carcassonne, puis dans le supermarché Super U de Trèbes (Aude) -tuant un automobiliste en voulant voler une voiture, puis un client et le boucher du supermarché, avant d'assassiner l'officier de gendarmerie qui avait pris la place d'une otage afin de lui sauver la vie- relancent une nouvelle fois la polémique sur les modalités de la lutte contre le terrorisme islamiste dans l'Hexagone.

Dans la ligne de mire : la question du suivi des personnes "fichées S". L'assaillant de l'Aude, né au Maroc, naturalisé français en 2004 à l'âge de 12 ans, avait été signalé pour sa radicalisation et avait fait l'objet d'un suivi par les services de renseignement en 2016 et 2017.

Cependant, selon le procureur de la République de Paris, François Molins, aucun "signe précurseur pouvant laisser présager un passage à l'acte terroriste" n'avait été décelé chez Radouane Lakdim qui se considérait pourtant comme un "soldat de Daech". L'organisation Etat islamique (EI) a revendiqué les attentats vendredi.

La compagne de Radouane Lakdim, placée en garde à vue après l'attaque, est elle aussi fichée pour radicalisation. Tout comme près de 20.000 personnes inscrites au fichier des signalements pour la prévention de la radicalisation à caractère terroriste (FSPRT).

Laurent Wauquiez réclame depuis plusieurs années l'internement des "fichés S" français "les plus dangereux" et l'expulsion immédiate des ressortissants étrangers faisant l'objet de la même surveillance. "La contagion islamiste doit être éradiquée. Je demande que l'on s'en donne les moyens et que l'état d'urgence soit rétabli", a déclaré le président des Républicains qui fustige "les mêmes paroles creuses et la même absence d'action" des différents gouvernements.

L'état d'urgence, en vigueur en France depuis les attentats du 13 novembre 2015, a été levé le 31 octobre dernier mais un certain nombre de mesures ont été inscrites dans le droit pénal avec le vote de la loi sur la sécurité intérieure et la lutte contre le terrorisme le 1er novembre dernier.

La présidente du FN, Marine Le Pen, est elle aussi une nouvelle fois montée au créneau lundi sur BFMTV, réclamant l'expulsion des "fichés S" étrangers, la déchéance de nationalité, l'expulsion pour les binationaux et des poursuites contre les ressortissants français. Elle a également demandé la démission du ministre de l'Intérieur, Gérard Collomb, le jugeant "totalement dépassé par les événements".

De son côté, le chef de file souverainiste de "Debout la France", Nicolas Dupont-Aignan, a également plaidé pour le rétablissement de l'état d'urgence, l'expulsion des "fichés S" étrangers ainsi que pour l'interdiction des Frères musulmans et du salafisme.

L'ex-Premier ministre socialiste Manuel Valls, qui a rejoint les rangs de La République en marche, s'est quant à lui prononcé dimanche en faveur du principe de la rétention administrative pour certains fichés.

"Le fichier S est un outil qui ne signifie pas qu'une personne est coupable", a répondu sur Europe 1 le secrétaire d'Etat aux Relations avec le Parlement, Christophe Castaner, rappelant que "60% des auteurs d'attentats n'étaient pas des étrangers, ni des fichés S". L'expulsion systématique "n'a aucun sens", a-t-il ajouté. "Il y a eu des attentats pendant l'état d'urgence, cela n'a rien changé", a-t-il poursuivi.

Interrogé sur Europe 1, l'ancien directeur général de la police nationale, devenu vice-président LR de la région Ile-de-France chargé de la sécurité, Frédéric Péchenard s'est déclaré contre le principe de rétention administrative. "Je ne pense pas que ça ait beaucoup de sens dans la mesure où, c'est l'ancien policier qui parle, c'est très difficile à mettre en oeuvre. C'est très difficile techniquement (et) très difficile juridiquement", a-t-il dit.

Dans ce contexte, une autre polémique a surgi autour de l'inhumation du terroriste Radouane Lakdim. L'ancien député-maire de Carcassonne Jean-Claude Perez demande aux autorités de persuader "la famille de faire enterrer le terroriste ailleurs qu'à Carcassonne".

Cela fait écho à l'enterrement de Mohammed Merah, le terroriste qui a tué sept personnes dont trois enfants à Toulouse et Montauban en mars 2012 : les autorités algériennes avaient alors refusé au dernier moment d'accepter qu'il soit enterré sur leur sol, arguant que même si les parents de Merah étaient algériens, lui était en revanche un citoyen français, né en France.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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