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Tchad: le dromadaire, une filière porteuse

Xinhua | 28.03.2018 08h56

L'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture (FAO) appuie le ministère tchadien de l'Elevage et des Productions animales à travers un projet "renforcement des capacités des acteurs des chaînes de valeur lait et viande de dromadaire en périphérie de N'Djamena", une opportunité pour contribuer à améliorer l'accès des consommateurs aux produits camelins de bonne qualité au Tchad.

Les données du recensement général de l'élevage de 2015 ont révélé 94 millions de têtes, toutes espèces confondues. L'effectif camelin au Tchad dépasse donc les six millions de têtes, ce qui atteste du potentiel jusqu'à présent sous-estimé de ce que les dromadaires pourraient représenter dans l'économie du pays et la contribution à l'atteinte de l'objectif sécurité alimentaire. La semi-sédentarisation des chameliers autour de N'Djamena, légitimée par la possibilité de vendre localement le lait et d'approvisionner les rôtisseries en viande de dromadaire dont les habitants de N'Djamena sont friands, est un phénomène récent qui représente un atout pour le développement du secteur camelin au Tchad.

La FAO, à travers son projet, appuie le ministère de l'Elevage et des Productions animales à renforcer les capacités des acteurs du secteur, afin de valoriser les produits et renforcer la participation de la filière à la génération des ressources financières pour l'économie du pays. Il s'agit de façon pratique de former les acteurs des chaînes de valeur lait et viande de dromadaire tout en mettant à leur disposition des outils nécessaires au développement de la filière.

Selon Bernard Faye, consultant de la FAO, "la mise en place du projet de la FAO visant à valoriser les produits camelins que sont le lait et la viande passe par une meilleure maîtrise de la qualité des produits au travers d'actions visant à améliorer l'hygiène lors des différentes étapes de la filière lait ou viande (traite, transport, abattage, découpe, etc.), et par une diversification des produits laitiers et carnés proposés aux consommateurs locaux".

Pour cet expert spécialiste des dromadaires, la filière cameline au Tchad est une porte de diversification de l'économie et un moyen de lutte contre l'insécurité alimentaire et la pauvreté rurale.

Il ajoute que la viande de dromadaire est "bien valorisée" dans la restauration collective, dans le contexte de "grillades", ce qui représente une incontestable spécificité tchadienne et une "opportunité de valeur ajoutée remarquable" de ce produit.

Ces dernières années, beaucoup N'Djaménois, friands de la viande grillée de mouton ou de boeuf, ont changé de goût et jeté leur dévolu sur la chair de dromadaire. Les rôtisseries ou points de grillade ont poussé partout dans la capitale, pris quotidiennement d'assaut par des consommateurs de plus en plus nombreux. Cet engouement est renforcé par une idée répandue selon laquelle la viande de dromadaire ne provoque pas de goutte, cette maladie qui attaque les articulations et donne une peur bleue à beaucoup de personnes d'un certain âge.

Toutefois, l'expert de la FAO attire l'attention sur les conditions d'abattage des animaux, de transport de la viande et de la transformation des produits qui ne répondent pas aux conditions d'hygiène suffisantes pour le consommateur.

C'est pourquoi, la FAO, à travers ce projet, appuie le ministère de tutelle dans le renforcement des connaissances et savoir-faire des producteurs. Des outils adaptés pour la transformation et la conservation des produits dérivés du dromadaire sont mis à la disposition des producteurs de la filière, afin d'améliorer les conditions d'hygiène et de distribution de ces produits.

Des progrès sont nécessaires, en particulier dans les équipements de base des rôtisseries et des étals des bouchers. En effet, l'hygiène dans cette filière passe certes par la sensibilisation et la formation des acteurs, mais aussi par un investissement minimum dans des équipements adaptés aux règles d'hygiène.

Pour assurer une bonne qualité du lait de chamelle et des produits dérivés, l'hygiène est un impératif à ancrer dans les habitudes des acteurs. "Une bonne valorisation du lait de chamelle passe indéniablement par une meilleure hygiène à toutes les étapes, de la calebasse à la tasse. Cela doit devenir une préoccupation de chaque instant de la part des producteurs, des transporteurs et des transformateurs", explique M. Faye.

La FAO à travers ce projet a renforcé les capacités de 120 chameliers dont 90 femmes et 30 hommes en technologies et hygiène des produits camelins (lait, viande); aidé les acteurs à se structurer en 9 groupements et 2 unions; former les membres aux méthodes de gestion et de comptabilité. La FAO a doté aussi les bénéficiaires de motos tricycles et des bidons jerricans pour la collecte du lait, le respect de la chaîne de froid pour la conservation des produits laitiers et de la viande.

Ce projet qui s'inscrit dans le cadre de la mise en œuvre du premier domaine prioritaire du cadre de programmation pays (2017-2021) de la FAO, "Développement des chaînes de valeur dans les secteurs de l'agriculture, de l'élevage, de la forêt, de la pêche et de l'aquaculture pour renforcer la sécurité alimentaire et nutritionnelle", pose les bases d'un développement d'une filière cameline de qualité au Tchad, avec des acteurs qui disposent d'une bonne maîtrise des meilleures pratiques, et le fonctionnement de petites unités de laiteries traitant le lait de chamelle.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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