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France : les Briançonnais appellent à l'aide pour accueillir les migrants mineurs

Xinhua | 27.09.2017 09h46

Il n'est pas ordinaire de recevoir des appels à l'aide des habitants de Briançon (Haute-Alpes), une commune française située à une dizaine de kilomètres de la frontière italienne. Pourtant, les habitants de Briançon ont récemment fait appel au gouvernement français pour venir en aide à des migrants africains mineurs arrivés dans leur commune sans accompagnateur, après avoir traversé des cols montagneux. Selon ces habitants, les migrants mineurs n'ont pas été assez sérieusement pris en charge après leur arrivée.

Ces appels à l'aide en faveur des droits humains révèlent les problèmes de gestion de la France et de l'Europe en matière d'accueil des réfugiés, ce qu'a pu constater Xinhua après une récente enquête sur place.

EXPLOSION DES ARRIVEES DE MIGRANTS MINEURS

Encerclée par les massifs montagneux des Alpes à 1.326 mètres d'altitude, la commune de Briançon est la plus haute ville de la France. Le froid, la neige, les pierres accidentées, la topographie variante, constituent des dangers importants pour ceux qui essaient d'atteindre à pied cette porte entre la France et l'Italie.

Cependant, depuis le printemps dernier, l'arrivée de migrants originaires des pays d'Afrique de l'Ouest est devenue quotidienne, avec un pic de 45 personnes en une seule journée, raconte Michel Rousseau, un des responsables de Tous Migrants, une association humanitaire non-gouvernementale, lors d'une récente interview accordée à Xinhua.

"La majorité d'entre eux sont des mineurs. Par exemple, dimanche 3 septembre, une quarantaine de personnes sont arrivées à Briançon, dont 23 mineurs", précise-t-il. Selon les statistiques diffusées en août par Tous Migrants, plus de 700 migrants ont été accueillis dans le territoire du Briançonnais pour au moins une nuit depuis le début 2017, alors que la région en accueillait habituellement "très peu", selon Joel Pruvot, un autre membre de Tous Migrants.

LES EPREUVES DES JEUNES MIGRANTS AFRICAINS

Presque chaque migrant mineur arrivé à Briançon a traversé de douloureuses épreuves, et beaucoup d'entre eux sont encore très vulnérables, a pu constater Xinhua après avoir interviewé plusieurs de ces jeunes à Briançon.

Moussa, un jeune Guinéen âgé de 15 ans, accepte de nous confier certains de ses souvenirs d'enfance. Enfant, il est envoyé par sa famille au Liberia où il devient ouvrier. En 2016 ou début 2017, il arrive en Libye pour tenter d'atteindre l'Europe, espérant ne plus connaître la faim. Moussa est aujourd'hui hébergé par des bénévoles à Briançon.

"En Libye, j'ai cherché à survivre en travaillant gratuitement pour un patron pendant mon attente. Un jour enfin, quelqu'un que je connais m'a permis de monter à bord d'un bateau vers l'Italie. Ce bateau, avec trop de monde à bord, a chaviré en mer. Heureusement, j'ai été sauvé par la Croix Rouge", se souvient le jeune Moussa.

Mais l'Europe dont avait tant rêvé Moussa n'est pas idéale. "Pendant mon séjour (en Italie) qui a duré plusieurs mois, aucun fonctionnaire italien n'est venu m'informer des procédures concernant les papiers d'identité. J'ai survécu grâce aux aides des ONG... J'ai été obligé de venir en France via Briançon."

Sur le chemin escarpé de la montagne en direction de Briançon, Moussa a chuté dans une vallée sur une cinquantaine de mètres suite à son interpellation par la police des frontières française. Suite à cette chute, il reste 72 heures dans le coma.

TRAITER HUMAINEMENT LES MINEURS

Les migrants mineurs ont-ils reçu un traitement humanitaire suffisamment sérieux de la part du gouvernement français ? Non, ont répondu à Xinhua M. Rousseau, ainsi que d'autres habitants de Briançon. Au contraire, certaines actions gouvernementales ne sont pas acceptables, selon eux.

Par exemple, les migrants mineurs de Briançon doivent faire leur inscription à la préfecture située à Gap, chef-lieu du département des Hautes-Alpes, mais l'administration ne fournit pas un service approprié pour le transport et leur premier trajet est le plus souvent payé par les bénévoles, explique M. Rousseau, soulignant le caractère "anormal" de cette situation.

La mairie de Briançon a aussi ouvert des maisons d'accueil pour les réfugiés et fourni quelques repas gratuits, mais le principal problème reste que ces aides sont loin de correspondre aux besoins réels et la plupart des frais alimentaires des migrants mineurs sont payés par les bénévoles, explique Joel Pruvot.

Selon la loi française, seul un juge pour enfant dispose du droit de décider si un migrant est mineur ou non, or aujourd'hui, des agents de la police française franchissent souvent cette ligne en jugeant par eux-mêmes qu'un migrant est mineur ou non avant de le renvoyer en Italie, raconte à Xinhua la Briançonnaise Stéphanie Besson.

"Bien sûr, la police doit protéger le territoire national, mais d'autre part, les migrants mineurs doivent être traités de façon humaine au lieu de simplement être interpellés, chassés et renvoyés en Italie. Il faut fournir des services appropriés pour les aider à s'intégrer à la nouvelle société", affirme Mme Besson.

"Nous sommes en train de jouer le rôle de l'Etat, ce n'est pas durable, l'Etat doit prendre sa part de responsabilité", insistent plusieurs des bénévoles briançonnais. "Nous voulons aller à l'école et l'Etat français doit prendre ses responsabilités", note le jeune Moussa.

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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