Dernière mise à jour à 08h36 le 23/05
La campagne officielle pour les élections législatives des 11 et 18 juin a débuté, lundi, dans un contexte de profonds bouleversements sur l'échiquier politique français. Quel que soit le résultat de ce scrutin décisif, l'entrée en scène de La République en marche (LREM) du nouveau président Emmanuel Macron, l'usure et les divisions des partis traditionnels et les nouvelles règles de non cumul des mandats vont transformer le visage de l'Assemblée nationale.
Après la clôture du dépôt des candidatures, vendredi, et l'ouverture de la campagne électorale, lundi, les candidats disposent de trois semaines pour convaincre les quelque 47 millions d'électeurs de l'Hexagone. Quelque 6500 candidats sont dans la course pour constituer l'Assemblée nationale qui compte 577 députés.
Quel que soit le verdict des urnes, le renouvellement voulu par le nouveau président Emmanuel Macron semble bel et bien à l'horizon. Beaucoup de candidats se présentent en effet pour la première fois. D'autre part, plus de 200 députés sortants ont décidé de ne pas se représenter (soit près du double que lors du dernier scrutin en 2012).
Parmi ceux qui quittent l'Assemblée nationale, on trouve nombre de vieux routiers de la politique française, de gauche comme de droite, à l'instar de Bernard Cazeneuve et Jean-Marc Ayrault qui furent tous deux Premier ministre du président Hollande, du ministre de l'Economie et des Finances sortant Michel Sapin, de l'ancien Premier ministre, candidat de la droite à la présidentielle François Fillon, ou encore du numéro 2 chez Les Républicains (LR), Laurent Wauquiez.
Ils sont légion à avoir renoncé à se lancer dans la bataille des législatives, en raison notamment de l'application de la loi (votée sous le quinquennat du président Hollande) sur le non-cumul de fonctions exécutives locales avec le mandat de député mais aussi par crainte d'être balayés par les grands chamboulements provoqués par l'irruption du mouvement d'Emmanuel Macron sur la scène politique.
Souvent présenté comme le troisième tour de la présidentielle, les élections législatives sont capitales pour le nouveau Président qui doit s'assurer une majorité suffisamment large à l'Assemblée s'il veut pouvoir conduire sa politique. Faute d'une majorité absolue (289 députés) qui semble encore difficile à atteindre, il devra former des coalitions avec des élus issus de la droite ou de la gauche.
Le Premier ministre qu'il s'est choisi, Edouard Philippe, issu de la droite, qui a renoncé à son mandat de maire du Havre pour se consacrer à Matignon, monte au créneau. "Mon objectif est de donner une majorité au chef de l'État. Je ferai donc campagne pour les candidats qui partagent cet objectif", a-t-il déclaré dans l'édition du 21 mai du Journal du Dimanche, laissant clairement entendre qu'il combattrait ceux de sa famille d'origine LR qui s'y opposeraient.
Après avoir dynamité le parti socialiste lors de la présidentielle, le camp Macron compte désormais fracturer un peu plus une droite ébranlée par le PenelopeGate et en proie à de profondes divisions entre d'un côté ceux qui espèrent prendre leur revanche aux législatives et contraindre le Président à une cohabitation, et de l'autre ceux qui sont prêts à faire alliance avec La République En Marche.
Le casting du gouvernement d'Edouard Philippe, qui a attribué des ministères clés à des personnalités issues de la droite avec la nomination notamment de Bruno Le Maire et Gérald Darmanin à Bercy, s'inscrit dans cette stratégie de dynamitage.
Le chef de file LR François Baroin, a appelé samedi lors d'un meeting à Paris à créer les conditions d'une "alternance franche", opposée à l'"alternance de la confusion" que constitue selon lui le gouvernement formé la semaine passée. Mais sur le terrain, les prétendants investis par LR font état de leurs difficultés face à une situation complexe, entre les ralliements au président Macron, la volonté d'éviter l'opposition frontale et les enjeux locaux.
Le mouvement fondé par Emmanuel Macron a publié vendredi une liste de 526 noms, dont une petite trentaine sont des députés sortants, tous de gauche, et une moitié proviennent de la "société civile". Il a toutefois laissé 51 circonscriptions, sans investir de candidat, dans le but de ménager des dirigeants de droite, de gauche et centristes qui sont de potentiels soutiens à l'Assemblée.
Le MoDem, parti centriste du nouveau ministre de la Justice, François Bayrou, qui avait fait alliance avec Emmanuel Macron avant le premier tour de la présidentielle, a de son côté obtenu l'investiture LREM dans plus d'une trentaine de circonscriptions jugées gagnables et devrait être à même de constituer un groupe dans la future Assemblée.
Le Front national, fort des 10,5 millions de voix recueillies par Marine Le Pen au second tour de la présidentielle, présente des candidats dans toutes les circonscriptions. Comme en 2012, la présidente du FN a décidé d'être candidate à Hénin-Beaumont dans le Pas-de-Calais alors que des rumeurs de défection avaient circulé suite aux vives critiques dont elle a fait l'objet après son débat manqué de l'entre deux tours.
Le mouvement La France insoumise (LFI), qui présente 60% de candidats issus de la société civile, joue gros lui aussi dans ce scrutin. Son leader Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu presque 20% des voix à la présidentielle, a clairement affiché son ambition: "remplacer" le PS et devenir le chef de la future opposition. Il affrontera le député PS sortant Patrick Mennucci dans les Bouches-du-Rhône. Tout un symbole.
Les récents sondages donnent l'avantage à La République en Marche!, qui bénéficie d'un effet de souffle après l'élection d'Emmanuel Macron, avec environ 30% d'intentions de vote au premier tour. LR/UDI et le Front national sont crédités tous deux de 20%, devant LFI à 15% et le PS donné entre 6% et 11%.
Les législatives se déroulent selon un mode de scrutin uninominal à deux tours.
Pour se qualifier au deuxième tour, prévu le 18 juin, les candidats doivent obtenir plus de 12,5% des suffrages. Il peut donc y avoir deux, trois ou quatre candidats, respectivement dans des duels, triangulaires ou quadrangulaires.