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Exportateur de main d'œuvre, le Sri-Lanka manque d'ouvriers pour ses propres chantiers

le Quotidien du Peuple en ligne | 20.04.2017 10h00

Depuis des décennies, la main d'œuvre sri-lankaise bon marché a construit des gratte-ciel et des ensembles immobiliers à travers le Golfe, mais aujourd'hui, à l'heure où leur pays connaît un boom de la construction sans précédent, les entrepreneurs locaux recherchent désespérément des ouvriers. La pénurie de main-d'œuvre est telle que les promoteurs immobiliers offrent même des incitations somptueuses allant de l'argent à des véhicules pour éviter que les ouvriers si convoités ne partent à l'étranger, et dans certains cas, ils emploient même illégalement des étrangers pour leurs projets.

A la fin de la guerre civile en 2009, le Sri Lanka s'est retrouvé face à une tâche de reconstruction gigantesque, avec une grande partie du Nord du pays en ruine après des décennies de combats. Les investissements annuels dans de nouvelles maisons, de nouvelles routes et de nouveaux ports, qui atteignaient environ 600 milliards de Roupies (4 milliards de Dollars US) au cours des dernières années, devraient presque tripler pour atteindre 11,6 milliards de Dollars US en 2017. Mais pour cela, le Sri Lanka a besoin 400.000 nouveaux ouvriers, soit une augmentation de deux tiers par rapport aux niveaux existants. Nissanka Wijeratne, le responsable de la Chambre de l'industrie de la construction, a déclaré que « Nous ne pouvons pas les trouver d'un jour à l'autre et nous devons en importer. Nous sommes actuellement confrontés à une grave crise du travail ». Si les entrepreneurs privés recourent à des mesures extrême pour arrêter la fuite des ouvriers vers le Golfe, offrant des bonus comme des motos et des voitures, le gouvernement a adopté une approche différente et cherche plutôt à la freiner en augmentant les exigences de salaire minimum pour ceux qui seraient tentés de partir.

Ainsi, dans le cadre d'une offre d'emploi à l'étranger, les Sri-lankais se verront interdire de partir travailler à l'étranger à moins qu'ils ne puissent présenter des preuves des revenus futurs d'un montant de plus de 400 Dollars US par mois. « Nous voulons décourager ceux qui vont à l'étranger pour de bas salaires. Certains de ces ouvriers peuvent davantage s'ils restent au Sri Lanka », a dit à l'AFP Ravi Karunanayake, le Ministre des finances. Mais c'est une stratégie risquée. Environ un Sri-lankais sur dix travaille à l'étranger et leurs envois de fonds sont la première source de précieuses devises pour cette île de 21 millions d'habitants, avec 7,24 milliards de Dollars US l'année dernière contre 6,98 milliards de Dollars US en 2015.

La demande en ouvriers locaux a également souffert d'une stigmatisation culturelle entourant le travail des cols bleus, ce qui signifie que les Sri-lankais vivant dans le pays choisissent souvent des emplois de bureau peu rémunérés malgré de nombreux emplois mieux payés en maçonnerie, menuiserie et plomberie. « Il y a une perception sociale du travail de l'industrie de la construction, et c'est pourquoi les jeunes préfèrent les emplois du secteur public, même s'ils paient beaucoup moins » a déclaré M. Wijeratne. « C'est un problème d'acceptation sociale », a-t-il souligné. Avec pour conséquence que le gouvernement estime que 200 000 étrangers environ sont employés illégalement dans le secteur de la construction.

(Rédacteurs :Wei SHAN, Guangqi CUI)
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