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France : le conflit social se durcit en Guyane

Xinhua | 05.04.2017 08h19

Le Premier ministre français Bernard Cazeneuve devait présider ce lundi après-midi une réunion ministérielle sur la situation en Guyane, après l'échec des négociations de dimanche soir entre la ministre des Outre-mer Ericka Bareigts et les collectifs locaux qui réclament un plan d'aide de 2,5 milliards d'euros.

La situation sur place ne s'améliore pas. Ce département français situé en Amérique du Sud est plongé depuis deux semaines dans un mouvement social, qui a débouché sur une grève générale, sur fond de revendications sécuritaires, sanitaires, éducatives, dans un climat de méfiance face à un gouvernement accusé de sous-investissement depuis des décennies.

La réunion à Matignon comprendra les deux ministres de retour de mission en Guyane, Ericka Bareigts (Outre-mer) et Mathias Fekl (Intérieur), ainsi que leurs collègues Najat Vallaud-Belkacem (Education), Marisol Touraine (Affaires sociales et Santé), Jean-Jacques Urvoas (Justice), Jean-Michel Baylet (Aménagement du territoire), Stéphane Le Foll (Agriculture), Patrick Kanner (Ville) et le secrétaire d'Etat au Budget Christian Eckert.

La population de Guyane se sent abandonnée par les pouvoirs publics. Ce territoire, qui compte 260.000 habitants, connaît un fort taux de chômage et une insécurité chronique. On y a dénombré 42 homicides en 2016. Selon les autorités, la criminalité émane en grande partie de l'immigration clandestine, de l'orpaillage illégal et du trafic de stupéfiants.

Dimanche soir (heure de la métropole), la rencontre en préfecture de Cayenne entre Mme Bareigts et les collectifs de protestation s'est très vite soldée par un échec. "Je prends acte que nous ne sommes pas arrivés à un accord", a déclaré la ministre. "Je suis allée au bout du chemin. Il y a beaucoup de sujets avec des avancées significatives", a-t-elle ajouté en demandant aux collectifs de mettre fin à la grève qui paralyse le territoire.

Les négociations achoppent sur le montant du plan d'aide. Mme Bareigts a réitéré que le conseil des ministres entérinerait le plan d'un montant de 1,085 milliard d'euros promis samedi par le gouvernement. Des aides jugées insuffisantes en matière de santé et d'éducation par les représentants du mouvement social qui estiment que ce plan relève du "saupoudrage".

"Nous exigeons 2,5 milliards d'euros tout de suite", un montant "qui n'est pas négociable", a déclaré un porte-parole du collectif, Olivier Goudet, à l'issue de la réunion avec la ministre. "Mme Bareigts fait comme si elle ne savait pas que nous avons 50 ans de retard, qu'on subit, que nous voyons de la misère dans notre pays. Nous allons lui montrer", a poursuivi M. Goudet, qui est également représentant du mouvement très populaire des "500 frères contre la délinquance".

Olivier Goudet a par ailleurs annoncé une nouvelle "démonstration de force" avec un rassemblement prévu mardi à Kourou, près du pas de tir de la fusée Ariane.

"Encore une fois, l'Etat a décidé de nous laisser des miettes mais cette fois, avec dignité, avec solidarité, avec classe, nous leur avons dit non. On va devoir dire à la France : c'est fini, c'est fini, c'est fini. Maintenant, les Guyanais doivent avoir ce qui leur est dû", a-t-il lancé.

A l'issue de la rencontre dimanche soir avec la ministre des Outre-mer, le nom du président François Hollande a par ailleurs été longuement hué. A moins de trois semaines du premier tour de l'élection présidentielle, le conflit social en Guyane pourrait bien s'inviter dans la campagne.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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