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France : la mise en examen de son épouse plombe un peu plus la campagne de François Fillon

Xinhua | 30.03.2017 08h30

Les ennuis judiciaires de François Fillon, candidat du parti de droite Les Républicains à l'élection présidentielle française, ne sont pas près de s'arrêter. Après avoir lui-même été mis en examen fin janvier, c'est au tour de son épouse Pénélope d'être inculpée mardi soir dans le cadre de l'affaire du PénélopeGate, dans laquelle le candidat est soupçonné d'avoir salarié sa femme pour un emploi fictif. A moins d'un mois du premier tour de scrutin, l'ancien Premier ministre, pourtant parti favori dans les sondages, ne parvient pas à relancer sa campagne.

A l'issue d'une longue audition au pôle financier du tribunal de grande instance de Paris, Mme Fillon a été mise en examen mardi soir pour "complicité et recel de détournement de fonds publics", "complicité et recel d'abus de biens sociaux" et "recel d'escroquerie aggravée", selon une source judiciaire citée par l'Agence France-Presse.

Les juges n'ont toutefois pas retenu les chefs de faux et d'usage de faux dans leur convocation adressée à Pénélope Fillon, selon cette source.

Son avocat, Pierre Cornut-Gentille, a contre-attaqué dans un communiqué de presse. "Lorsque cette affaire sera examinée dans la sérénité et le respect des principes de droit, je maintiens que l'innocence de Pénélope et de François Fillon sera reconnue", a-t-il affirmé.

Il a repris la ligne de défense adoptée par le camp Fillon depuis le déclenchement du PénélopeGate, arguant que "les magistrats instructeurs ont décidé de mettre en examen Pénélope Fillon, dans la logique d'une enquête et d'une instruction conduites exclusivement à charge, au mépris de la séparation des pouvoirs et de la présomption d'innocence, dans des délais de rapidité hors norme".

L'épouse du candidat Les Républicains est soupçonnée d'avoir bénéficié d'emplois fictifs rémunérés par de l'argent public à l'Assemblée nationale sur une période s'étalant de 1986 à 2013 pendant laquelle elle a perçu 680.380 euros net, soit environ 3.600 euros mensuels en moyenne.

Les magistrats, saisis par le Parquet national financier à la fin février, doivent déterminer si Pénélope Fillon a travaillé de façon effective lorsqu'elle était employée comme assistante parlementaire par son époux, puis par le suppléant de ce dernier, Marc Joulaud.

Selon des informations du quotidien Le Monde, Pénélope Fillon a donné quelques précisions sur la nature de son activité auprès de son époux lors de son audition par la police judiciaire. "Je lui préparais des fiches", "il m'arrivait de le représenter" dans des manifestations culturelles, a-t-elle notamment déclaré.

Dans les colonnes du Journal du Dimanche, elle a par ailleurs affirmé il y a trois jours qu'elle s'occupait du "courrier arrivant à [leur] domicile", des "demandes d'administrés, problèmes personnels de gens en difficulté, sollicitations diverses".

Des soupçons d'emploi fictif pèsent également sur les missions de Pénélope Fillon, entre mai 2012 et décembre 2013, au sein de la Revue des deux mondes, propriété d'un richissime homme d'affaires ami de son mari, pour lesquelles elle a été rémunérée 5.000 euros brut mensuels.

Depuis le déclenchement du PénélopeGate fin janvier, François Fillon a fortement chuté dans les sondages pour le premier tour de la présidentielle, qui se tiendra le 23 avril.

Il est désormais nettement devancé par la candidate de l'extrême droite Marine Le Pen et Emmanuel Macron, ancien ministre du président socialiste François Hollande, qui a lancé son propre mouvement politique En Marche !.

Sa mise en examen, une première pour un candidat majeur à la présidentielle, a provoqué un véritable tollé dans l'Hexagone, d'autant que cet ancien Premier ministre de Nicolas Sarkozy avait fait de la probité l'axe central de sa campagne.

François Fillon se dit victime d'un "complot", d'une "machination" qui viserait à empêcher la droite d'accéder à l'Elysée. Il n'a pas hésité à accuser frontalement le président François Hollande et à évoquer l'existence d'un "cabinet noir". Mais sa ligne de défense ne convainc pas au-delà de son socle de partisans.

François Hollande a pour sa part condamné avec la plus grande fermeté les "allégations mensongères" du candidat des Républicains, dénonçant un "trouble insupportable" à la campagne présidentielle et affirmant que, depuis son élection en 2012, "l'exécutif [n'était] jamais intervenu dans aucune procédure judiciaire et [avait] toujours respecté strictement l'indépendance de la magistrature".

Jamais le climat d'une campagne présidentielle n'a été aussi délétère dans l'Hexagone. Au PénélopeGate s'ajoutent d'autres affaires impliquant notamment la candidate de l'extrême droite, Marine Le Pen, pour des emplois fictifs présumés au Parlement européen et des financements illégaux de campagne.

Le ministre socialiste de l'Intérieur Bruno Le Roux a par ailleurs été contraint à la démission la semaine dernière au lendemain de révélations sur des emplois parlementaires octroyés à ses filles.

D'ici le 23 avril, les Français pourraient bien avoir encore de drôles de surprises.

(Rédacteurs :Qian HE, Wei SHAN)
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