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La vie politique française ébranlée par la corruption

Xinhua | 20.03.2017 15h31

Entre les accusations d'emplois fictifs mettant en cause tant le candidat de la droite à l'élection présidentielle française, François Fillon, que la cheffe du parti populiste Front national, Marine Le Pen, et les révélations sur l'homosexualité présumée d'Emmanuel Macron, un autre candidat favori, trop d'"affaires" sont révélées cette année au cours de la campagne des élections présidentielles en France.

La vie politique française a été ébranlée et les élections de cette année ont dérivé, selon plusieurs experts chinois de la France.

Tout a commencé par l'affaire du PenelopeGate : le candidat de la droite à la présidentielle, François Fillon, a salarié pendant près de dix ans sa femme Pénélope pour un travail d'assistante parlementaire dont la réalité est contestée. Il est également accusé d'avoir rémunéré deux de ses enfants pour des missions controversées. Le candidat a présenté ses excuses aux Français tout en affirmant que "tout était légal". "Si ce genre de choses sont 'légales' en France, elles sont absolument considérées comme des délits de corruption en Chine", a indiqué Zheng Ruolin, spécialiste chinois renommé de la France, lors d'une interview accordée à Xinhua.

"Dans les pays occidentaux, les affaires de corruption impliquant des membres du gouvernement ou des parlementaires sont rarement signalées par la presse. En Europe, il existe des failles dans le système d'utilisation des indemnités accordées aux parlementaires ou aux hauts fonctionnaires. Un parlementaire peut embaucher un certain nombre de secrétaires, ou même embaucher sa femme en tant que 'secrétaire', même s'il ne peut pas prouver que celle-ci a rempli son devoir de secrétaire", a-t-il expliqué.

"Outre M. Fillon, la candidate d'extrême droite Marine Le Pen est également accusée d'avoir rémunéré ses assistants avec ses indemnités d'eurodéputée. D'ailleurs, l'ancien président français Jacques Chirac a également été impliqué dans des affaires d'emplois fictifs qui bénéficiaient à ses assistants au sein de son parti lorsqu'il occupait le poste de maire de Paris", a indiqué cet ancien correspondant du journal Wen Hui, qui a vécu une vingtaine d'années en France.

De nombreux hauts fonctionnaires français sont corrompus ou sont impliqués dans des affaires de corruption. Selon une enquête Ipsos/Steria de 2014, 65% des Français interrogés jugeaient que "la plupart des hommes et des femmes politiques sont corrompus" et 84% des Français estimaient "qu'ils agissaient principalement pour leurs intérêts personnels".

Outre les cas cités plus haut, "l'ancien ministre des Affaires étrangères Roland Dumas est soupçonné d'avoir accepté des pots-de-vin, de même que l'ancien président français Valéry Giscard d'Estaing", selon M. Zheng.

Au fil des années, de plus en plus de scandales ont été révélés par les médias. De Valéry Giscard d'Estaing à Nicolas Sarkozy, sans compter Jacques Chirac, plusieurs présidents français sont impliqués dans des affaires. Le dernier ministre à avoir démissionné à cause d'un scandale est Jérôme Cahuzac. La presse a révélé que cet ancien ministre de l'Economie et des Finances, chargé de lutter contre l'évasion fiscale, possédait lui-même un compte en banque en Suisse. Il avait fini par démissionner en mars 2013, puis reconnu les faits en avril.

Selon Anticor, association de lutte contre la corruption pour l'éthique en politique en France, le Parlement français doit développer une nouvelle culture de déontologie et de transparence, et cet effort est nécessaire pour renouer la confiance entre les électeurs et leurs représentants. L'élection présidentielle de cette année "va définitivement démontrer le ras-le-bol général", anticipe Jean-Christophe Pacard, président d'Anticor, qui a notamment expliqué que si l'embauche par les parlementaires de membres de leur famille est légale en France, elle "provoque incompréhension et stupéfaction hors de l'Hexagone".

Selon Zhao Chen, chercheur à l'Académie chinoise des sciences sociales (CASS), la France a une tradition politique de "dissimuler les méfaits des personnes haut placées", comme lorsque l'existence de la maîtresse de l'ancien président François Mitterrand avait été révélée.

"Ce qui est alarmant, c'est que François Fillon n'est pas le seul homme politique impliqué dans des 'pratiques' d'emplois fictifs, qui concernent 15% des parlementaires selon un sondage, ce qui constitue un gros problème au sein du système politique français", a-t-il souligné.

Pour les deux experts chinois, les élections présidentielles françaises de cette année ont dérivé et les hommes politiques ont perdu l'"élégance" de leur fonction.

Selon M. Zheng, les électeurs s'intéressent davantage aux scandales touchant les candidats qu'à leurs programmes politiques, et la course à la présidence consiste à présent à chercher des dossiers compromettants sur les autres candidats plutôt qu'à embellir leur programme politique.

"Il est intéressant de noter que François Fillon et Marine Le Pen ont tous deux connu la même affaire, mais avec des résultats tout à fait différents : la cote de popularité de M. Fillon baisse énormément, mais celle de Mme Le Pen n'a presque pas bougé. Ce phénomène d'inégalité est également une fait étrange dans les élections françaises", a souligné M. Zhao.

par Chen Junxia

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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