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La carte du « China-bashing » de Donald Trump est irréaliste

le Quotidien du Peuple en ligne | 16.08.2016 13h34

Sans surprise, la Chine est une nouvelle fois devenue un sujet clé de l'actuelle campagne présidentielle américaine. Les questions concernant les relations économiques et commerciales sino-américaines, en particulier, seront exploitées par les candidats républicain et démocrate pour exprimer leur position sur la Chine et impressionner leurs électeurs.

Ainsi du candidat présidentiel républicain Donald Trump, qui a déclaré la semaine dernière que l'application des lois sur le commerce avec la Chine serait la pièce maîtresse de son plan économique, accusant la Chine d'avoir enfreint les règles commerciales « de toutes les manières imaginables ».

La candidate démocrate Hillary Clinton n'est pas en reste, ayant déclaré jeudi qu'elle allait sévir contre « la Chine et quiconque tenterait de tirer profit des employés et des entreprises américains ». Elle a également laissé entendre qu'elle allait imposer des droits de douane ciblés si la Chine enfreignait les règles commerciales.

Ayant assisté aux élections présidentielles américaines depuis un certain nombre d'années, la Chine s'est plus ou moins habituée à la façon dont la politique américaine fonctionne, et elle s'attend à un déferlement de rhétorique antichinoise pendant les campagnes.

La politique commerciale des États-Unis envers la Chine montre déjà une forte tendance au protectionnisme. On peut le voir au travers du nombre croissant d'affaires antidumping et d'enquêtes antisubventions américaines contre les produits chinois, la position incohérente des Etats-Unis sur le statut d'économie de marché de la Chine ainsi que des organisations commerciales régionales initiées par les États-Unis et visant à la discrimination contre les pays non-membres, dont la Chine. C'est dire si de nouvelles mesures de protection commerciale supplémentaires prises par Washington ne seraient pas vraiment une surprise pour la Chine.

Dans le cas de Donald Trump cependant, il semble être plus audacieux et aller plus loin dans sa rhétorique, quand il a menacé d'imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois à de nombreuses reprises au cours de sa campagne électorale. Donald Trump estime que des droits plus élevés sur les produits chinois stimuleraient l'économie américaine et amélioreraient la compétitivité internationale du pays. Sa position ferme semble sérieuse, mais en fait ce n'est rien d'autre que l'une de ses stratégies de négociation pour faire des affaires. Il est doué pour le bluff et pour forcer son client à faire des concessions. Et quand un client n'est pas dupe de son bluff, alors il prend tout ce qu'il peut obtenir.

Il ne serait pas possible aux États-Unis d'imposer des droits de douane supplémentaires sur les produits chinois. Même si Donald Trump était élu, les États-Unis ne sont pas une entreprise Trump et ils ne seront pas gérés en vertu des règles d'un seul homme. Imposer de nouveaux droits de douane sur les produits chinois implique des procédures législatives complexes, ainsi que des affrontements entre différents groupes d'intérêt à l'intérieur même des États-Unis. Bien qu'il y ait certains Américains dont les intérêts sont affaiblis en raison du commerce avec la Chine, davantage encore de personnes bénéficient du commerce avec la Chine et ne soutiendraient pas la décision de Donald Trump. En outre, les États-Unis et la Chine sont membres de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et tout différend commercial qui surgit doit être résolu dans le cadre de l'OMC. Si les États-Unis imposent unilatéralement des droits de douane supplémentaires sur la Chine, cela porterait atteinte aux règles de l'OMC et mettrait peut-être même à bas le système multilatéral de commerce mondial libre pour l'établissement duquel les pays du monde entier ont tellement travaillé.

En outre, les États-Unis n'ont pas les moyens de supporter le coût élevé d'imposition de droits de douane supplémentaires sur les produits chinois. La Chine a déjà déploré les restrictions existantes au commerce avec les États-Unis et elle n'accepterait certainement pas une décision visant à prélever des taxes supplémentaires sur les exportations chinoises. Il est également tout à fait probable que la Chine répondrait si cette option de prélèvement fiscal devenait réalité, et elle a les moyens suffisants pour le faire étant donné sa puissance économique. Le moindre petit bénéfice que les États-Unis gagneraient en imposant de nouveaux droits de douane sur les produits chinois ne parviendraient pas à compenser la moindre conséquence économique plus vaste qui irait avec eux.

Plus important encore, la perception de droits de douane supplémentaires ne pourra pas fondamentalement inverser l'énorme déficit commercial que les États-Unis ont actuellement avec la Chine. Les Américains ont longtemps cru que le taux de change bas face au Yuan était le coupable qui expliquait le déficit commercial américain avec la Chine. Mais aujourd'hui, les Américains savent que le renchérissement du Yuan ne change pas la situation. À l'ère de la mondialisation, le déficit commercial des Etats-Unis avec la Chine est un reflet de leur déficit commercial avec le reste du monde. Si les États-Unis ne s'engagent pas dans un ajustement de leur structure économique, leurs relations économiques avec le reste du monde ne changeront pas et la structure des échanges commerciaux entre les États-Unis et la Chine restera la même.

La position en matière de protection commerciale affichée par les candidats à la présidence des États-Unis indique une tendance à l'introversion économique de la société américaine. Dans une ère médiocre de croissance toujours faible, les politiciens américains semblent plus enclins à faire beaucoup de bruit sur la mondialisation en ciblant les rivaux économiques de leur pays et ceux qui bénéficient de la mondialisation. La Chine se trouve dans les deux camps et est ainsi devenue une cible. Ce qui est inquiétant est que si les États-Unis reviennent en arrière sur la mondialisation, non seulement cela portera atteinte à leurs relations économiques et commerciales avec la Chine, mais cela posera également de graves problèmes à l'investissement et au commerce mondial. Les candidats à la présidence des États-Unis ont révélé leurs politiques économiques internationales, qui ne feront qu'ajouter davantage encore d'incertitude à l'économie mondiale et deviendront une nouvelle source de risques politiques. Ce genre de tendance doit être contrôlé et contenu par la communauté internationale.

(L'auteur est directeur du Centre pour la diplomatie économique de l'Université Fudan.)

(Rédacteurs :Guangqi CUI, Wei SHAN)
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Jean Pégouret   2016-08-16218.79.99.*
Le problème est que la campagne américaine bat son plein alors que se prépare le sommet du G20. Quelle sera la crédibilité de la délégation américaine si elle est potentiellement démentie par les deux candidats en lice. Cette situation est favorable à la Chine qui a fait des propositions concrètes et réalistes de communication et de coopération politique et économique pour remettre sur pied l'économie mondiale, renforcer le commerce et les investissements et renforcer la justice fiscale. Cette dernière proposition défend l'intérêt des consommateurs mondiaux, y compris américains, alors que la taxation des importations chinoises réduirait leur pouvoir d'achat est entraverait les échanges. L'image de la Chine sortirait renforcée auprès de la communauté mondiale en mettant en lumière sa démarche visant l'intérêt gagnant-gagnant des autres pays du G20 mais aussi des pays en voie de développement face à une démarche de repli égoïste des Etats-Unis.
  2016-08-16218.79.99.*
Le problème est que la campagne américaine bat son plein alors que se prépare le sommet du G20. Quelle sera la crédibilité de la délégation américaine si elle est potentiellement démentie par les deux candidats en lice. Cette situation est favorable à la Chine qui a fait des propositions concrètes et réalistes de communication et de coopération politique et économique pour remettre sur pied l'économie mondiale, renforcer le commerce et les investissements et renforcer la justice fiscale. Cette dernière proposition défend l'intérêt des consommateurs mondiaux, y compris américains, alors que la taxation des importations chinoises réduirait leur pouvoir d'achat est entraverait les échanges. L'image de la Chine sortirait renforcée auprès de la communauté mondiale en mettant en lumière sa démarche visant l'intérêt gagnant-gagnant des autres pays du G20 mais aussi des pays en voie de développement face à une démarche de repli égoïste des Etats-Unis.

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