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France : une polémique éclate autour du suivi des terroristes présumés

Xinhua | 29.07.2016 08h19

Deux jours après l'attentat dans une église de Normandie mené par deux jeunes fichiés "S", une polémique éclate autour de l'efficacité des mesures antiterroristes, notamment en ce qui concerne le suivi des terroristes présumés ou des personnes fichées S, sur fond de multiplication des attaques terroristes en France.

Les deux auteurs de l'attaque de l'église de Saint-Etienne-du-Rouvray, près de la ville Rouen, au cours de laquelle un prêtre de 86 ans a été égorgé, étaient connus de la justice et étaient fichés S, à savoir surveillés pour atteinte à la sûreté de l'Etat, ce qui ne les a pas empêchés de commettre un attentat.

"Cette situation doit nous conduire à la plus grande lucidité et à enfin comprendre que nous devons changer profondément la dimension, la mesure, la stratégie de notre riposte", avait alors déclaré le président du parti Les Républicains, Nicolas Sarkozy.

Avant les auteurs de l'attaque de Saint-Etienne-du-Rouvray, d'autres individus "ayant commis des attentats ou projeté de le faire étaient aussi dans le collimateur des services de renseignement", souligne le quotidien Le Figaro, indiquant qu'"ils étaient connus de la justice, faisaient l'objet d'une fiche S ou d'un mandat d'arrêt international".

C'est le cas par exemple de Mohamed Merah, l'auteur des tueries de mars 2012 à Toulouse et Montauban, qui était connu des services de police, ou encore des frères Kouachi, auteurs de la tuerie de Charlie Hebdo en janvier 2015,qui étaient depuis longtemps dans les radars des services de renseignement.

Les trois kamikazes du Bataclan (Ismaël Omar Mostefaï, Samy Amimour et Foued Mohamed-Aggad) en novembre 2015 étaient eux aussi connus des services de renseignement.

Face à ce constat, le secrétaire nationale de l'Union syndicale des magistrats, Pascale Loué-Williaume, explique dans les colonnes du Figaro que la France est dotée de "textes de plus en plus répressifs, qui donnent plus de pouvoirs d'enquête aux magistrats", mais qu'"il ne suffit pas de voter des lois, il faut aussi le temps de les appliquer".

De son côté, le procureur général près la Cour de cassation, Jean-Claude Marin, estime que l'on ne peut que constater que "l'état d'urgence (décrété en novembre 2015) ne permet pas, à lui seul, d'éviter les actes de terrorisme".

Pour le journal Le Monde, le fait "pose la question du suivi judiciaire des suspects revenant de Syrie ou de ceux qui souhaitent s'y rendre".

En fait, face à la grande diversité des profils des terroristes, les juges "appliquent la règle du cas par cas", "évaluant d'abord leur degré de radicalisation" et leur "dangerosité", ce qui peut laisser place à une certaine subjectivité, explique le quotidien.

Le secrétaire général adjoint du syndicat de police Alliance, Frédéric Lagache, estime pour sa part que des individus comme Adel Kermiche, l'un des tueurs de Saint-Étienne-du-Rouvray portant le bracelet électronique lors de l'attentat, devraient "rester en prison" dès lors où il y a une mise en examen, et ne devraient pas être placés sous bracelet électronique.

"Commettre un attentat en étant placé sous surveillance électronique, ça peut arriver, bien sûr, parce que le risque zéro n'existe pas et que le bracelet électronique reste un pari sur l'avenir", conclut l'avocat Antoine Chaudey.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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