Dernière mise à jour à 14h58 le 27/07
La prise d'otages survenue mardi dans une église de Saint-Etienne-du-Rouvray, dans le département de la Seine-Maritime (nord), a fait un mort, un blessé et un mineur a été placé en garde à vue, a indiqué le procureur de la République François Molins.
Cette attaque revendiquée par le groupe Etat islamique à travers l'agence AMAQ a "entraîné la mort par blessure par arme blanche à la gorge et au thorax d'un homme (prêtre) qui poursuivait sa mission pastorale", a confirmé M. Molins lors d'un point presse organisé dans la soirée.
"Un paroissien, également blessé par arme à la gorge, a été transporté à l'hôpital, son pronostic vital ne serait pas engagé", a ajouté le procureur.
Dans le cadre de l'enquête en cours, le procureur a indiqué qu'un individu mineur né le 18 août 1999 en Algérie a été placé en garde à vue mardi à 11h40 heure locale.
"Il s'agit du frère cadet d'un individu faisant actuellement l'objet d'un mandat d'arrêt pour être parti en zone irako-syrienne le 20 mars 2015 avec les papiers d'identité d'Adel Kermiche, l'un des deux auteurs formellement identifié après comparaison de ses empruntes capillaires", a expliqué M. Molins.
Adel Kermiche, né le 25 mars 1997 dans le département de la Seine-Maritime, a un casier judiciaire vierge, mais est connu de la justice antiterroriste pour avoir tenté de se rendre en Syrie en mars 2015.
Il a été interpellé par les autorités allemandes, selon le procureur, et placé en garde à vue à son arrivée sur le sol français le 24 mars 2015. Mis en examen le 28 du même mois, pour chef d'association de malfaiteurs en vue de la préparation d'acte de terrorisme, Adel Kermiche a été placé sous contrôle judiciaire par le juge d'instruction avec les obligations suivantes : "interdiction de quitter le département de la Seine-Maritime et obligation de pointage une fois par semaine au commissariat de son lieu de résidence", a expliqué M. Molins.
Mais Abdel Kermiche récidive : interpellé en Turquie le 15 mai 2015, puis expulsé vers son lieu de provenance, la Suisse, Abdel Kermiche est remis le 22 mai aux autorités françaises en exécution du mandat d'arrêt lancé à son encontre.
"Il est mis en examen le jour même pour cette nouvelle tentative de départ et son contrôle judiciaire révoqué. Il est placé en détention provisoire jusqu'au 18 mars 2016, date à laquelle le juge d'instruction antiterroriste ordonne son placement sous contrôle judiciaire dans le cadre d'une assignation à résidence sous surveillance électronique", a indiqué le procureur.
Le terroriste aura entre autres obligation de fixer sa résidence au domicile familiale avec le droit de sortir du lundi au vendredi de 8H30 à 12h30 et le samedi et le dimanche de 14h à 18h, interdiction de quitter le département de la Seine-Maritime, obligation de pointage une fois par semaine au commissariat de son lieu de résidence.
Selon François Molins, le parquet de Paris a fait appel de ce placement sous contrôle judiciaire en requérant le maintien du mis en examen en détention provisoire. Mais la chambre d'instruction de la Cour d'appel de Paris a par décision du 25 mars 2016 confirmé la décision du juge d'instruction de mise en liberté sous contrôle judiciaire avec assignation à résidence sous surveillance électronique.
Quant au second terroriste, son identification est toujours en cours, a fait savoir le procureur, qui a rappelé que les deux terroristes porteurs d'armes blanches et de faux engins explosifs ont surgi dans l'église pendant la messe matinale et pris en otage les six personnes présente dans l'église : le prêtre, 3 religieuses et un couple de paroissien.
Les deux terroristes ont été neutralisés par la Brigade de recherche et d'intervention après leur sortie de l'église avec les otages, a-t-il indiqué. Le président François Hollande, qui s'est rendu à Saint-Etienne-du-Rouvray accompagné par le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, a appelé à la cohésion contre les terroristes qui veulent diviser la France.
"Ce que veulent ces terroristes, c'est nous diviser, c'est pourquoi nous devons être dans une cohésion, dans un ensemble, dans un bloc que personne ne doit pouvoir fissurer", a affirmé M. Hollande tout en assurant que la France va mener cette guerre par tous les moyens dans le respect du droit.
Le Premier ministre français Manuel Valls a également souligné cet objectif de division que vise Daech.
"En s'attaquant à un prêtre et à l'église catholique, on voit bien quel est leur objectif : jeter les Français les uns contre les autres, s'attaquer à une religion pour provoquer une guerre de religion. Mais notre réponse, c'est la démocratie, c'est aussi la force de notre diversité qui doit leur être opposée sans la moindre complaisance", a-t-il indiqué mardi soir sur TF1.
Pour l'église catholique, la prière est la seule réponse à cette attaque terroriste. La Conférence des Evêques a appelé les catholiques à une journée de prière et de jeun vendredi prochain.
Selon BFMTV, le président Hollande recevra mercredi les représentants des cultes en France.