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Les partisans du Brexit dupent-ils les électeurs avec les options EEE ou suisse?

Xinhua | 22.06.2016 16h05

Nigel Farrage, chef du parti indépendantiste britannique UKIP, n'a cessé de défendre ces derniers mois une sortie de son pays de l'Union européenne, expliquant que le Royaume-Uni serait libéré du joug bruxellois en cas de Brexit, vantant notamment l'exemple norvégien, voire suisse. En réalité, cette liberté retrouvée serait assortie de contraintes, Londres se retrouvant dans la position de devoir respecter des règles en ayant désormais perdu tout pouvoir de les changer.

De fait, plusieurs dirigeants européens, Jean-Claude Juncker en tête, ont averti les Britanniques qu'ils ne pouvaient pas tout avoir : tourner le dos à l'Europe sociale et politique, tout en restant dans le marché unique. Celui qui exporte en Europe doit en respecter les règles. Mais si les Britanniques sortent de l'UE, ils ne pourront plus influer sur l'élaboration de ces règles...

"Dedans, c'est dedans. Dehors, c'est dehors", a brutalement rappelé au magazine Der Spiegel le ministre allemand de l'Economie Wolfgang Schäuble.

Des pays comme la Norvège, l'Islande ou le Liechtenstein appartiennent à l'Espace économique européen (EEE) depuis plus de vingt ans. Ce dernier permet la libre circulation des marchandises (hors agriculture et pêche), des services, des capitaux et des personnes. En revanche, pas de monnaie unique ou de coopération diplomatique et sécuritaire ou d'entraide juridico-policière. Dans ce cas-là, des accords bilatéraux au cas par cas sont conclus séparément.

L'idée d'une Europe à la carte a toujours plu outre-Manche, où une tradition insulaire historique nourrit un fort sentiment de souveraineté doublé d'un credo économique libéral. C'est une tradition respectable, ce qui rend encore plus étonnant le fait que le camp du Brexit défend une option qui apporterait justement presque les mêmes contraintes et, surtout, l'impossibilité de peser sur des décisions prises par d'autres.

En effet, si le Royaume-Uni venait à joindre l'EEE, il ne s'exonérerait pas de continuer de verser une contribution à l'UE et de respecter d'innombrables règles et normes européennes dans de nombreux domaines.

La Première ministre norvégienne Erna Solberg, qui a d'ailleurs mis en garde Londres, a récemment rappelé que son pays avait adapté dans sa législation 75% des textes européens adoptés à Bruxelles et que sa contribution par tête à l'EEE était supérieure à certains pays de l'UE.

Un autre option avancée par le camp du "leave" est de faire comme la Suisse en signant une multitude d'accords bilatéraux avec l'UE. Là encore, un gros problème se pose : outre le fait que Genève se plie aussi à certaines normes européennes, Londres ne sera plus en position de force pour négocier face à un bloc qui absorbe environ 45% de ses exportations.

Barack Obama l'a dit à Londres en avril dernier : Washington privilégie les accords de libre-échange entre blocs, renvoyant le Royaume-Uni "au bout de la file d'attente" en cas de Brexit.

Tel un amoureux déçu, on ne voit pas comment l'UE accorderait un traitement de faveur à celui qui vient de le quitter, d'autant plus que le "traitement de défaveur" qu'elle lui réserve sera également un signal à ceux qui sont tentés de partir aussi.

"Le Royaume-Uni devra accepter d'être considéré comme un Etat tiers, que l'on ne caressera pas dans le sens du poil", a averti M. Juncker le mois dernier dans le journal Le Monde.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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