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Loi Travail : la forme de contestation à adopter oppose autorités et syndicats

Xinhua | 22.06.2016 08h21

Un bras fer sur la forme (rassemblement ou défilé) de la manifestation contre le projet de loi Travail prévue jeudi à Paris, oppose les autorités françaises aux syndicats organisateurs.

A défaut d'interdire la manifestation, le préfet de police de Paris invite les syndicats organisateurs à un "rassemblement statique", en lieu et place du traditionnel défilé - entre place de la Bastille et celle de la Nation.

Une proposition que rejettent les syndicalistes en dépit des raisons de sécurité invoqués par le ministre français de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, à la suite du préfet de police de Paris.

"Le préfet de police vous a proposé, à ma demande, la tenue d'une démonstration de voie publique alternative consistant à un rassemblement statique, place de la Nation. Je vous demande de prendre en considération cette proposition", a indiqué M. Cazeneuve dans une lettre en date du 20 juin, adressée a Philippe Martinez, secrétaire général du CGT, un des principaux syndicat organisateur des manifestations contre le projet de loi Travail.

Le ministre français de l'Intérieur invoque dans son courrier un contexte sécuritaire tendu, sur fond de menace terroriste pour justifier cette décision.

"Le renouvellement à l'identique d'une manifestation le 23 juin n'apparait pas envisageable d'autant que les forces de sécurité intérieure sont mobilisées sur l'ensemble du territoire national pour assurer la mission impérative de prévention d'actes terroristes pouvant être dirigés notamment contre le public de l'Euro 2016", a expliqué M. Cazeneuve.

La veille, le dimanche 19 juin, le Premier ministre français Manuel Valls a également invité les syndicats à annuler les manifestations contre le projet de loi Travail pour des raisons de sécurité, notamment les débordements notés lors de la dernière manifestation contre le projet de loi Travail.

"Les organisations devraient eux-mêmes annuler ces rassemblements. C'est du bon sens", a déclaré M. Valls dans une interview au JDD (Journal du dimanche).

Mais ces arguments sécuritaires avancés par les autorités sont rejetés par les opposants aux projets de loi Travail (syndicats et certains hommes politiques de gauche), qui y voient une tentative d'étouffer la contestation.

"C'est au gouvernement de donner des signes d'une volonté de sortie de crise. Cela fait quatre mois que le problème est posé et le gouvernement refuse toute discussion", a réagi sur Europe1 le syndicaliste Philippe Martinez.

"Il y a des débordements dans l'Euro mais pour autant on ne demande pas d'arrêter les matches.

C'est donc un prétexte", ajoute Benjamin Amar de la CGT.

Les organisations syndicales ne sont pas les seules décidées à "braver" cette proposition des autorités. Certains responsables de gauche favorables au retrait du projet de loi Travail réclament le maintient du défilé comme prévu.

Au-delà du contexte de menace terroriste, les autorités françaises pointent également du doigt les débordements fréquents notés lors des manifestations contre le projet de loi Travail, notamment celle du 14 juin dernier.

Au cours de cette dernière manifestation, 13 panneaux publicitaires étaient dégradés, huit abribus détruits, 28 vitrines d'établissement commerciaux brisées (dont cinq agences bancaires) et la façade vitrée de l'hôpital Necker sérieusement dégradées, a détaillé M. Cazeneuve dans sa lettre adressée aux syndicalistes. Il s'y ajoute, 28 fonctionnaires de police blessés dont deux ont dû être hospitalisés.

Depuis le début des manifestations, le ministre français de l'Intérieur informe que 1.776 interpellations ont donné lieu à 1.198 garde à vue et 95 condamnations en comparution immédiates prononcées par la justice. Au total, M. Cazeneuve fait état de 554 policiers et gendarmes blessés depuis le début des manifestations contre le projet de loi Travail.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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