Dernière mise à jour à 09h00 le 26/05
Les analystes palestiniens estiment que les chances de réussite de l'initiative française pour résoudre le conflit israélo-palestinien sont "très minces", au vu de l'insistance d'Israël à rejeter à répétition ce projet.
Le Premier ministre israélien Benyamin Netanyahou a en effet rejeté lundi l'initiative française visant à organiser une conférence internationale pour faciliter les efforts de paix entre Israël et la Palestine. Il a déclaré au Premier ministre français Manuel Valls, en visite en Israël, qu'il préférait rencontrer le président palestinien Mahmoud Abbas en tête-à-tête pour discuter de la paix.
En réponse à cette déclaration, le Premier ministre palestinien Rami Hamdallah a accusé M. Netanyahou de chercher à temporiser, dans la mesure où "les 22 dernières années de négociations bilatérales directes n'ont jamais permis d'obtenir aucun résultat entre Israël et la Palestine". Le chef du gouvernement palestinien a par ailleurs salué l'initiative française, affirmant qu'elle "tombait à point nommé" pour les Palestiniens.
Au cours de sa visite à Ramallah mardi, le Premier ministre français a déclaré que la France était disposée à accueillir des négociations directes entre Palestiniens et Israéliens dans le cadre d'une conférence de paix internationale.
"Nous sommes prêts à soutenir tout dialogue direct, sincère et constructif qui irait dans la bonne direction", a déclaré M. Valls.
L'initiative française sera d'ailleurs à l'ordre du jour au cours de la réunion d'urgence des ministères des Affaires étrangères de la Ligue arabe, qui doit se tenir samedi au Caire.
Selon l'initiative de paix française, une rencontre préliminaire au niveau des ministres des Affaires étrangères devrait se tenir le 3 juin à Paris, sans la présence des représentants israéliens et palestiniens. La conférence de paix elle-même aura lieu ensuite en automne, avec pour but de relancer les négociations de paix entre Israël et la Palestine.
Mohamed Ishtaya, ancien négociateur palestinien et membre du Comité central du parti Fatah, a accusé Israël de s'opposer à toute initiative française ou internationale visant à relancer le processus de paix et à résoudre la question palestinienne.
"Tout ce que veut Netanyahou, c'est vider l'initiative française de son contenu et la faire dérailler, afin d'éviter à Israël toute pression internationale - une pression qui prendrait par exemple la forme d'une coalition internationale contre la poursuite de l'occupation israélienne des territoires palestiniens", a déclaré M. Ishtaya à Xinhua.
La presse israélienne a par ailleurs rapporté mardi que des contacts diplomatiques avaient été initiés par l'Egypte pour organiser sous peu un sommet tripartite au Caire entre MM. Abbas et Netanyahou et le président égyptien Abdel Fattah al-Sissi.
Les Palestiniens espèrent que les efforts de la France parviendront à rassembler une coalition internationale, susceptible de parrainer un processus de paix basé sur l'application des résolutions internationales concernées.
Samir Awad, professeur de sciences politiques à l'Université de Beir Zeit en Cisjordanie, a affirmé que l'initiative française était porteuse de progrès, et qu'il n'était pas impossible de former une coalition internationale pour essayer de trouver une solution juste à la question palestinienne.
"Mais au bout du compte, je dois avouer que les chances de réussite d'une solution pacifique au conflit israélo-palestinien sont assez minces", a déclaré M. Awad à Xinhua. "Il est néanmoins extrêmement important pour les Palestiniens de soutenir l'initiative française et d'approfondir leurs liens avec l'Europe s'ils espèrent un jour parvenir à des résultats positifs", a-t-il ajouté.