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Difficiles pourparlers de paix sur la Syrie : l'Occident doit faire son examen de conscience

Xinhua | 02.02.2016 08h19

Malgré la reprise d'une nouvelle série de pourparlers de paix inter-syriens à Genève, le processus de règlement de la crise syrienne piétine toujours en raison de profondes divergences entre gouvernement et opposition, mais sans doute aussi en grande partie à cause de l'ingérence des puissances occidentales.

La délégation gouvernementale est arrivée vendredi soir au Palais des Nations à Genève, où elle a eu des discussions avec l'émissaire de l'ONU pour la Syrie, Staffan de Mistura, en absence de l'opposition.

Le Haut comité des négociations (HCN), une coalition d'opposants politiques et militaires formée en décembre dernier, avait d'abord annoncé qu'il boycotterait ce rendez-vous avant de recevoir des assurances de l'ONU. Mais il s'est finalement rendu à Genève samedi soir après avoir reçu des "garanties" des parrains occidentaux.

S'exprimant pour la première fois depuis son arrivée en Suisse, le chef de la délégation gouvernementale, Bachar el-Jaafari, également ambassadeur de Syrie à l'ONU, a dénoncé dimanche les "ingérences étrangères" dans le conflit qui déchire son pays et a assuré que Damas était déterminé à "mettre fin au bain de sang".

La guerre civile en Syrie, qui a éclaté en mars 2011, a déjà fait plus de 260.000 morts ainsi que des millions de déplacés et réfugiés, soit plus de la moitié de la population du pays, provoquant une crise humanitaire sans précédent dans le pays et au Proche-Orient.

Cette crise, dans laquelle l'Occident s'est immiscé dès le début afin de voir s'effondrer le régime alaouite de Bachar al-Assad, a directement affecté l'Europe en retour : des centaines de milliers de migrants, majoritairement syriens, ont risqué leur vie pour tenter d'atteindre le Vieux Continent afin d'y trouver refuge, provoquant une crise migratoire jamais vue en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale.

Les pourparlers genevois risquent d'échouer à peine entamés. L'opposition syrienne réclame comme préalable la fin des bombardements sur les civils, la libération des villes assiégées et de certains prisonniers avant d'entamer les discussions. Et de menacer, avec le soutien des puissances occidentales, de repartir si elle n'obtient pas satisfaction.

La politique interventionniste de l'Occident a d'une certaine manière participé à la transformation du Moyen-Orient en terrain propice à l'émergence de groupes extrémistes, avec comme conséquence la percée du groupe Etat islamique (EI) qui, depuis juin 2014, s'est emparé de larges pans de territoire en Irak et en Syrie.

Il est à noter que la France est devenue une victime du terrorisme, l'EI ayant revendiqué les attentats sanglants qui ont frappé de plein fouet Paris en novembre 2015.

C'est également l'expansion du terrorisme en Europe et aux Etats-Unis, ainsi que la crise des réfugiés en Europe, qui ont poussé le Conseil de sécurité de l'ONU à adopter en décembre 2015 une feuille de route qui prévoit pour la Syrie un cessez-le-feu, la mise en place d'un gouvernement de transition d'ici six mois ainsi que des élections dans un délai de 18 mois.

Pour arriver à ce but, les puissances occidentales, l'Europe en particulier, si elles veulent montrer qu'elles se préoccupent réellement du sort de la population syrienne qui souffre, doivent bien y réfléchir et réexaminer leur politique syrienne.

Elles doivent ainsi cesser d'imposer leur volonté sur le sort de Bachar al-Assad dans la future période de transition et de continuer de soutenir des opposants et des combattants radicaux inspirés par l'EI. Elles doivent aussi faire en sorte d'amener le gouvernement et l'opposition autour d'une même table de négociation afin d'arriver à une sortie de crise en Syrie et de rétablir au plus vite la paix et la stabilité dans la région.

(Rédacteurs :Qian HE, Guangqi CUI)
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