Dernière mise à jour à 08h27 le 29/01
Chaque Journée de l'Australie, un citoyen australien éminent est fait Australien de l'année en reconnaissance de ses contributions à la société australienne. Celle de cette année a été une occasion de mettre la pression sur le gouvernement pour qu'un véritable chef de l'Etat australien soit nommé à la place de l'actuel, qui n'est rien moins que sa gracieuse majesté la Reine Elizabeth II. Australien de l'année 2016, l'ancien chef de l'armée David Morrison, a déclaré dans son discours d'acceptation qu'il avait l'intention d'utiliser son nouveau profil public pour faire campagne en faveur d'une rupture des liens constitutionnels de l'Australie avec la Grande-Bretagne. En clair, il s'agit de faire de l'Australie une république.
Car pour l'heure, Elizabeth II, si elle est Reine de Grande-Bretagne, est aussi Reine d'Australie. Il y a déjà eu un référendum allant dans le même sens en 1999, qui avait été une cuisante défaite, avec le Premier ministre d'alors John Howard qui avait fait campagne contre le changement. Cependant, les choses ont changé depuis, et le soutien au Mouvement pour la République Australienne, qui milite pour une chef de l'Etat australien, est en augmentation. C'est sans doute ce qui a incité M. Morrison à dire qu'il était temps qu'un autre référendum ait lieu pour décider de qui devrait être le véritable chef de l'Etat australien.
« Je suis un membre du mouvement républicain, je suis un républicain depuis toujours. Mais lorsque je servais dans l'armée, ces vues étaient très privées » , a dit David Morrison à l'Australian Broadcasting Corp. « Aujourd'hui, sans pour autant lui donner une résonance indue, j'ai l'intention de contribuer au moins à un débat national, si jamais il devait y en avoir un, sur l'endroit où nous pourrions aller dans le futur », a-t-il dit. Et il n'est pas seul : cette semaine 7 des 8 dirigeants des Etats et territoires de l'Australie ont signé une déclaration de soutien à la proposition du Mouvement pour la République Australienne demandant un vote national sur la transformation de l'Australie en république en 2020.
Lors de la Journée de l'Australie de l'année dernière, l'ancien Premier ministre conservateur Tony Abbott, un monarchiste convaincu, avait suscité un tollé en annonçant qu'il avait fait du mari de la Reine, le Prince Philip -d'origine dano-allemande et né Grec- avant de devenir un chevalier. Beaucoup ont pensé alors que M. Abbott aurait dû utiliser la journée nationale, qui marque l'arrivée des premiers colons britanniques à Sydney en 1788, pour honorer un citoyen australien. M. Abbott a été remplacé en septembre par le Premier ministre actuel Malcolm Turnbull, qui était président du Mouvement pour la République Australienne au moment du référendum de 1999.
Mais beaucoup de membres de son gouvernement veulent conserver la Reine Elizabeth à la tête de l'Etat australien, et de fait, après être devenu premier ministre, M. Turnbull a dit qu'il était pas pressé de rompre des liens constitutionnels entre son pays et la Grande-Bretagne et ne croyait pas qu'il doive y avoir un autre référendum tant que la Reine serait sur le trône. « Franchement, il y avait plus d'élan à la fin des années 1990 qu'à l'heure actuelle », a déclaré M. Turnbull aux journalistes, se référant à l'humeur du public. « J'ai mené la campagne du ‘oui' pour une république à une défaite héroïque, je n'ai aucune envie de le faire à nouveau ». Le leader de l'opposition Bill Shorten a cependant déclaré de son côté que l'Australie ne devrait pas retarder la tenue d'un référendum.