Dernière mise à jour à 08h19 le 29/01
Le nombre de mal-logés en France est en hausse, avec 3,8 millions de personnes concernées en 2015, s'inquiète le 21e rapport annuel de la Fondation Abbé Pierre publié jeudi.
"La crise s'est traduite par une forte hausse de la pauvreté au cours de la période 2008-2012 et le logement s'inscrit au cœur du décrochage des couches populaires", indique le rapport.
Le nombre de pauvres s'est accru de 800.000 personnes et la pauvreté touchait en 2014 8,6 millions d'habitants, soit 14,2% de la population française, contre 13% en 2008, selon la fondation.
D'après le rapport, c'est surtout l'extrême pauvreté, à 40% du revenu médian (660 euros par mois et par unité de consommation), qui affiche la remontée la plus marquée. Après avoir sensiblement baissé entre 1996 et 2002, elle est ensuite repartie à la hausse pour atteindre 2,3 millions de personnes en 2012, soit une augmentation vertigineuse de 69% en dix ans.
"Le logement est le reflet des inégalités, mais il est aussi accélérateur des inégalités", a indiqué Christophe Robert, délégué général de la Fondation Abbé Pierre.
Au total, cette crise du logement concerne 14,5 millions de personnes en France. Parmi les 3,8 millions de personnes mal-logées, 900.000 sont contraintes de vivre chez des tiers, dont un nombre croissant d'adultes (+19% en dix ans) qui retournent résider chez leurs parents, faute de moyens.
La fondation évalue à 934.000 le nombre de personnes vivant dans un logement en "surpeuplement accentué" (deux pièces manquantes par rapport à la norme française de peuplement) et 3,5 millions de personnes souffrent d'un manque de chauffage. Le manque d'hygiène, conséquence du mal-logement, cause des problèmes respiratoires et des intoxications.
Selon l'Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE), le surpeuplement, l'humidité ou le bruit "augmentent chacun de 40% le risque pour une personne de se déclarer en mauvaise santé (...) Ce pourcentage atteint 50% pour les personnes en situation de précarité énergétique", s'alarme la fondation, soulignant que dans les bidonvilles, la mortalité est huit fois supérieure à la moyenne française.
Enfin, 141.000 personnes vivent dans la rue ou en centre d'hébergement, soit une hausse de 50% en dix ans, indique le rapport.