Interview avec M. Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Chine (3)

M. Maurice Gourdault-Montagne, ambassadeur de France en Chine accorde une interview au Quotidien du Peuple en ligne, le 19 novembre 2015. Photo : Zhou Peng /People.cn

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Q:L'innovation a été considérée comme un enjeu pour réaliser l'ajustement stratégique de l'économie chinoise. La France est réputée pour une forte capacité d'innovation technologique, alors quelles expériences la Chine pourrait-t-elle apprendre de la France à propos de l'innovation? Quelssontvosconseils?

Monsieur l'ambassadeur : Je crois que chacun apprend quelque chose de l'autre, nous nous apprenons de la Chine une énergie, une capacité d'adaptation, une volonté d'avancer, ce sont des choses positives et puis une ancienneté, la Chine est un vieux pays qui a le regard dans l'histoire et dans la perspective. Nous, nous sommes aussi ancien pays, nous sommes pays technologique effectivement, je pense que dans ce domaine il y a beaucoup de choses qui peuvent se faire, à travers l'enseignement, à travers l'enseignement universitaire, à travers les centres de recherche, les Chinois sont bienvenus chez nous, nous les avons dans les centres de recherche où l'on peut développer une innovation, conjointe dans beaucoup de secteurs. Je parlais du secteur de la ville durable, de l'efficacité énergétique, de l'énergie, quand on regarde l'industrie nucléaire en Chine, ce sont des technologies françaises, quand on voit Hualong qui sera développé, ce sera un réacteur chinois, qui sera devenu chinois, mais à l'origine qui aura été fabriqué par des ingénieurs, dont beaucoup ont été formés en France. Ensuite, ils ont inventé le propre modèle, je crois que ça vaut dans beaucoup de domaines. Il y a également le numérique, nous avons dans ce domaine énormément de perspectives que nous commençons à explorer, cette semaine, nous avions une trentaine d'industriels français du numérique, qui sont venus rencontrer des partenaires chinois, qui circulent dans toute la Chine, à Shanghai, à Guangzhou et aussi à Shenzhen, c'est une perspective qui intéresse aussi la jeunesse. Je crois qu'il y a des domaines où on peut travailler. Et l'innovation numérique est quelque chose de tout à fait central aussi.

Q: Actuellement, pour la Chine, la France est devenue la deuxième plus grande destination d'investissement en Europe. Quelles conditions avantageuses seront fournies par le gouvernement français pour encourager l'investissement des entreprises chinoises ?

Monsieur l'ambassadeur : Je crois qu'il y en a encore beaucoup à faire. Les investissements étrangers en France représentent 400 milliards d'euros, les investissements chinois en France 5-6 milliards. Il y aura encore beaucoup de progrès. Nous nous réjouissons depuis quelques années, depuis 2 ans en particulier, les investissements chinois viennent en France. Pourquoi viennent-ils? Parce qu'ils trouvent l'intérêt d'un marché très stable, très profond, d'une stabilité. Or es investisseurs veulent savoir comment ils peuvent développer leur capital avec une certaine prévisibilité. Nous avons facilité l'arrivée des capitaux étrangers, en particulier les capitaux chinois par des simplifications administratives, par un accompagnement des investisseurs chinois vers les différents interlocuteurs de l'administration – parce que dans tous les pays l'administration contrôle les investissements ; en Chine il y a aussi un certain nombre de procédures qu'il faut suivre. Nous essayons d'accompagner les investisseurs chinois. Nous essayons également de les accompagner vers des investissements de recherche, et là, on revient sur la question de l'innovation. Il y a des possibilités que la France offre des services particuliers notamment avec des délais pour payer l'impôt, donc on ne paie pas son impôt tout de suite, on a facilité la recherche, on peut payer plus tard. Nous facilitons par des réformes sur le marché de travail, nous facilitons par la fiscalité, je crois que dans tous ces domaines la France qui est un pays qui a de bonnes infrastructures de transports et de logistique, la France est bien placée en Europe parce qu'elle est à peu près centrale entre l'Europe du nord et l'Europe du sud, mais qui a également une ouverture de l'Atlantique et une ouverture de la Méditerranée. Quand vous êtes en France, vous avez un contact immédiat avec l'Afrique du Nord et avec l'Afrique. Quand vous demandez à Hainan Airlines, eux ils ont racheté Aigle Azur car Aigle Azur a une desserte vers l'Afrique. C'est une vision stratégique de la Chine qui passe par la France. Et la France également y trouve son compte. C'est donc du win-win.

Dans le domaine du tourisme, Hainan vient actuellement de passer un partenariat avec Pierre et Vacances pour développer du tourisme chinois en France, mais aussi pour développer du tourisme chinois en Chine, car ce sont des investissements communs dans des villages touristiques comme nous les savons les organiser. Donc je pense qu'il y a du savoir-faire. Les investissements chinois en France non seulement trouvent la stabilité de marché français, mais aussi le savoir-faire français qui doit permettre de grandir ensemble.

Q:Selon les statistiques, 1,7 millions de touristes chinois ont visité la France en 2014. quelles mesures prendrait le gouvernement français pour encourager les touristes chinois à y aller et faciliter la délivrance de visa?

Monsieur l'ambassadeur : Nous avons fait beaucoup déjà, si vous regardez par rapport à d'autres. Nous délivrons les visa en 48h, nous les délivrons même quelques fois en 24h, vous avez vu que depuis le début d'octobre, on a instauré ce qu'on appelle la biométrie, la France et tous les pays d'Europe ont décidé de le faire au même moment, c'est-à-dire prendre les empreintes sur le passeport, ces prises d'empreinte valent 5 ans, pendant 5 ans c'est fait, ce n'est pas un problème. Les visas que nous donnons sont de plus en plus des visas non seulement de court séjour mais des visas de circulation de 5 ans, quand on a déjà fait un voyage et qu'on retourne et on vous donne un visa de 5 ans. Donc c'est faciliter la circulation et les allers-retours des Chinois qui veulent venir en France. Nous avons avec la biométrie pour faciliter cette repise d'empreintes presque terminé une négociation avec les ministères chinois compétents qui va nous permettre d'avoir dans 15 villes de Chine des prises empreintes, ça veut dire que nous avons des consulats mais maintenant nous aurons également dans beaucoup de villes chinoises un endroit où prendre des empreintes, ce qui évitera aux touristes chinois de se déplacer dans des villes qui sont très éloignées. Ils auront une ville beaucoupplus proche. Tout est fait pour faciliter les choses. Nous essayons également sur le plan de la signalétique de faire en sorte que nous puissions trouver des inscriptions en chinois en France.

Nous faisons tout pour que la sécurité des touristes chinois soit assurée, j'insiste bien sur ce point, la France est un pays ouvert, c'est un pays qui n'est pas seul, nous sommes protégés par nous-même et par nos voisins aussi, et nous faisons en sorte que les endroits à risque soient particulièrement contrôlés, et que le plaisir d'être en France soit complet, qu'on puisse sentir à l'aise dans toute les régions de France quand on est un touriste chinois et qu'on vient goûter la culture française.