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"Les murs sont un signe de faiblesse", estime la présidente du Parlement italien à propos de la crise migratoire

Xinhua | 30.09.2015 08h25

A l'issue de son discours devant l'Assemblée parlementaire du Conseil de l'Europe (APCE), la présidente du Parlement italien, Laura Boldrini a exprimé mardi, à Strasbourg, devant la presse, de vives critiques quant à la construction de barrières pour empêcher les réfugiés de franchir les frontières européennes.

"Je pense que les murs sont un signe de faiblesse. Je veux dire, vous êtes faible quand il vous faut vous résoudre à ériger des murs ou des grillages. En fait, vous ne voulez pas mettre en oeuvre d'autres mesures ou solutions", a déclaré la présidente au sujet des barrières construites le long de certaines frontières européennes dont l'objectif viserait à enrayer le flux migratoire.

"Ce ne sont pas des outils démocratiques", a-t-elle poursuivi. "Ces mesures vont à l'encontre de notre ADN d'Européens", a-t-elle insisté.

De telles mesures ne sont "pas efficaces" comme en témoigne l'intensification des tentatives de réfugiés pour rejoindre l'Europe par la mer depuis que la Turquie a construit un mur à sa frontière avec la Grèce, a affirmé Mme Boldrini.

La présidente du Parlement italien pointait ainsi du doigt la Hongrie, vivement critiquée par les autres pays de l'Union européenne (UE) et par les ONG, pour avoir construit une barrière à sa frontière avec la Serbie.

Le ministre hongrois de la Justice, lundi, à l'issue de sa rencontre avec le secrétaire général du Conseil de l'Europe à Strasbourg, avait déclaré devant la presse que la clôture était "efficace" et assuré que Budapest "respecte et respectera les règles internationales".

L'Italie comme la Hongrie sont en première ligne dans la crise migratoire qui a vu des centaines de milliers de personnes tenter de pénétrer sur le Vieux continent. Mme Boldrini a insisté sur la nécessité pour l'Europe entière de partager le poids des pays qui sont la porte d'entrée des migrants en Europe.

Elle a par ailleurs déploré que, par le passé, cette crise migratoire n'ait été considérée que comme un "problème italien ou grec ou maltais". "Maintenant que les réfugiés atteignent le coeur de l'Europe, c'est finalement un problème européen ...", a-t-elle ajouté.

Mettant en exergue le besoin urgent d'une réponse commune, Mme Boldrini a par ailleurs estimé que cette crise pourrait néanmoins conduire à une plus grande intégration européenne : "Je pense qu'une politique commune en matière de droit d'asile serait un moyen de relancer le projet européen".

"L'Europe est considérée comme une terre d'asile, une terre des droits de l'homme. Nous ne pouvons pas nous permettre le chaos, nous devons nous montrer à la hauteur du défi", a encore plaidé la présidente du Parlement italien en appelant à la création de critères communs pour la protection et l'assistance des demandeurs d'asile.

"En théorie, un demandeur d'asile devrait pouvoir bénéficier des mêmes conditions, des mêmes standards, en Grèce, en Allemagne ou en Italie, mais ce n'est pas le cas pour le moment", a-t-elle déploré.

Elle s'est également prononcée en faveur d'une meilleure dotation financière de l'EASO (European Asylum Support Office), le bureau européen d'appui pour l'asile, et demandé que davantage d'accords pour la "relocalisation" soient trouvés à l'instar de celui, approuvé début septembre par le Parlement européen, dans le but de répartir 120 000 demandeurs d'asile dans les différents pays membres de l'UE.

"Nous devons renforcer notre unité, nous devons renforcer notre intégration politique si nous voulons être en mesure de donner des réponses", a-t-elle ajouté, tout en tirant la sonnette d'alarme quant au danger d'une récupération politique par des mouvements anti-européens si des solutions communes n'étaient pas trouvées.

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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