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Ce que peut nous inspirer l'assassinat de Khaled Asaad, ancien directeur de Palmyre

le Quotidien du Peuple en ligne | 24.08.2015 15h33

Récemment, une nouvelle choquante nous est parvenue de la Syrie déchirée par la guerre. Khaled Asaad, qui fut pendant longtemps directeur des antiquités et des musées de la célèbre cité antique de Palmyre, a été brutalement décapité par l'« État islamique ».

La raison pour laquelle Khaled Asaad a été tué est très simple : il lui avait été ordonné de dire où se trouvaient les vestiges historiques que d'autres archéologues et lui, les considérant comme les plus précieux de la ville, avaient dissimulé avant l'arrivée de l'État islamique. Khaled Asaad a bien entendu refusé de leur répondre, mais aussi refusé de coopérer avec eux. En conséquence, les extrémistes, en colère, l'ont exécuté devant des dizaines de personnes. Les combattants de l'État islamique ont ensuite pendu son cadavre à un poteau près de la vieille ville, dans le but d'effrayer les populations locales et de les pousser à se montrer obéissants et à accepter les règles brutales de l'Etat islamique. Cet acte barbare des terroristes a été condamné avec la plus extrême vigueur par des organisations et des personnalités internationales.

La ville antique de Palmyre, qui se trouve dans le centre de la Syrie, construite au premier siècle avant JC, couvre une superficie de 6 kilomètres carrés. Elle fut autrefois une des villes les plus prospères sur l'ancienne Route de la Soie, et une de celles dont le patrimoine culturel était le plus riche. Son emplacement stratégique lui a valu de connaitre 400 ans de prospérité. Ici, on pouvait voir des palais, des temples, des théâtres, des marchés, des tombes et bien d'autres choses encore. Bien que de nombreux bâtiments soient devenus des ruines, il n'était guère difficile, grâce à leur architecture, d'admirer ce qui fit la splendeur de cette ville à cette époque. Cette ville ancienne située en Syrie, combinant les influences arabe, grecque et romaine, a été inscrite sur la Liste du patrimoine mondial de l'Unesco en 1979. Pendant 40 ans, de 1963 à 2003, Khaled Asaad a été en charge des vestiges culturels de la ville antique. 12 ans seulement après sa retraite, la vieille ville de Palmyre est tombée entre les mains de l'État islamique, conduisant au saccage de nombre de vestiges culturels.

Khaled Asaad était né en 1932 près de la vieille ville. Après l'obtention de son diplôme d'histoire et d'éducation à l'Université de Damas, il rentra chez lui à Palmyre, où il assura des travaux archéologiques et de protection. Homme brillant au vaste savoir, mais toujours modeste, il était connu sous le nom de « Monsieur Palmyre ». Auteur de nombreuses œuvres tout au long de sa vie, il s'était impliqué dans de nombreuses fouilles du site ; il était l'archéologue le plus expérimenté, le chevronné de cet endroit, et l'une des autorités de l'archéologie syrienne. Avant l'occupation de Palmyre, des responsables syriens ont procédé au transfert de statues antiques pour éviter qu'elles ne soient détruites. Bien que Khaled Asaad ait alors pris sa retraite, il s'est impliqué dans les travaux de transfert des artefacts. Lorsque les extrémistes se sont approchés de la ville antique, devant l'urgence, ses amis et ses supérieurs l'ont supplié de quitter Palmyre. En vain. Il s'inquiétait réellement pour les vestiges, et a essayé de faire tout ce qu'il pouvait pour les protéger. Mais il a hélas clairement sous-estimé le niveau de férocité de l'Etat islamique. Même face à un savant d'âge vénérable, ils se sont montrés sans pitié.

« Je ne partirai pas, même si je dois le payer de ma vie », avait dit Khaled Asaad il y a deux mois à son collègue et ami Ferzat Taraqji. Qui aurait pu croire que ces propos étaient prémonitoires ? On ne peut que le déplorer.

Pourtant, il avait une autre option : emmener sa famille à Damas, pour éviter les risques possibles et profiter ainsi des années qui lui restaient. Cependant, il ne l'a pas fait. Palmyre était une partie de sa vie. Il voulait vivre et mourir avec Palmyre ! Il voulait s'opposer personnellement au scandale que représente l'État islamique. Comme le Secrétaire au patrimoine national syrien Maamoun Abdulkarim l'a dit, « Khaled Asaad est aujourd'hui un martyr de Palmyre, et il deviendra un symbole de la résistance au terrorisme ».

Les assassinats, incendies criminels et actes de vandalisme commis par l'État islamique ne peuvent que susciter la condamnation de tous ceux qui, dans le monde, sont épris de paix et de justice. Les bourreaux de Khaled Asaad devront tôt ou tard en répondre et être punis. Ainsi que l'a dit la Directrice générale de l'UNESCO, Irina Bokova, lui rendant hommage : « Ils ont tué un grand homme, mais jamais ils ne pourront réduire l'histoire au silence ».

John Kirby, porte-parole du Département d'Etat américain, a également publié une déclaration sur cette affaire, condamnant le meurtre atroce et rendant hommage à Khaled Asaad pour avoir consacré sa vie à protéger le patrimoine syrien. Nous n'avons aucune raison de douter de la sincérité des propos de M. Kirby. Mais face à la mort de Khaled Asaad, on peut se demander s'il pensait ou non à des problèmes plus profonds : comment la guerre civile syrienne a-t-elle pu commencer ? Pourquoi l'Etat islamique a-t-il pu se développer ainsi ? Pourquoi les États-Unis s'immiscent-ils dans les affaires intérieures de la Syrie? Quand on voit les destructions dont ont été victimes les vestiges de Palmyre et l'assassinat de Khaled Asaad, les Etats-Unis n'ont-ils pas quelque responsabilité ?

Les tueries doivent cesser. Les vestiges culturels ne doivent plus être détruits. La guerre civile entre le gouvernement syrien et l'opposition modérée doit cesser. Tant que cette tragédie sans fin ne cessera pas, il ne saurait y avoir de paix au Moyen-Orient.

(Rédacteurs :Yin GAO, Guangqi CUI)
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