Le Parlement grec a adopté tôt dimanche la proposition du Premier ministre Alexis Tsipras de tenir un référendum le 5 juillet sur tout éventuel accord conclu avec ses créanciers internationaux, tandis que la date butoir du 30 juin - et celle d'un possible Grexit en cas de défaut de paiement-se rapproche dangereusement.
Avec le soutien des deux partis au pouvoir, la coalition de gauche radicale Syriza et le parti nationaliste Grecs indépendants (ANEL), mais aussi du parti d'extrême droite Aube dorée, la proposition en forme de coup de poker de M. Tsipras a été adoptée par 178 députés de la Vouli sur 300.
Mais le bluff grec n'a pas ému les ministres des Finances de l'Eurogroupe qui ont sèchement rejeté toute idée de prolonger le plan d'aide à la Grèce faute de l'adoption de réformes structurelles supplémentaires. Pour Athènes, il ne peut pas être question de quelconque "ultimatum", M. Tsipras accusant l'UE de chercher à "humilier" son pays.
Sans prolongation de l'aide, la Grèce sera donc incapable de rembourser pas moins de 1,5 milliard d'euros (1,7 milliard de dollars) d'ici le 30 juin au Fonds monétaire international (FMI). Ce défaut de paiement pourrait risquer de coûter cher à une population grecque qui fait de gros sacrifices depuis plus de cinq ans, mais aussi d'avoir un impact sur la zone euro et le système bancaire, avertissent les analystes.
Imputant l'échec des négociations à l'Eurogroupe, et à l'Allemagne en particulier, Alexis Tsipras s'est montré lyrique samedi en déclarant que son gouvernement n'avait pas besoin de l'autorisation de l'UE pour protéger la démocratie en Grèce.
Il a toutefois insisté sur le fait que ce référendum n'était pas une tentative de scission avec l'Europe, mais "une scission avec des pratiques qui sont un affront pour l'Europe". Il a vivement rejeté toute tentative de faire de ce scrutin un vote contre l'euro, blâmant une nouvelle fois l'UE pour avoir rejeté ses propositions et ses recherches de compromis ces derniers jours à Bruxelles.
Le chef du gouvernement grec a tenté de rassurer ses compatriotes, citant à l'appui le président américain Franklin Roosevelt: "La seule chose dont nous devons avoir peur, c'est la peur elle-même".
Dans les rues d'Athènes et du pays, une certaine angoisse pouvait néanmoins être ressentie depuis l'appel surprise au référendum. Redoutant des scénarios catastrophes comme l'effondrement du système bancaire grec, certains épargnants continuaient de faire la queue devant les distributeurs automatiques d'argent.
Les experts financiers se tournent désormais vers la Banque centrale européenne (BCE), se demandant si elle maintiendra ou non le mécanisme de "fourniture de liquidités d'urgence" (ELA) en cas d'éventuel défaut de paiement grec la semaine prochaine.
Lors d'entretiens téléphoniques samedi avec ses pairs européens, indique-t-on de sources gouvernementales grecques, M. Tsipras a martelé que son pays survivrait, quelque soient les décisions prises à Bruxelles. Néanmoins, il semble que la population soit divisée sur la question. De récents sondages indiquent que six Grecs sur dix sont favorables à un maintien dans la zone euro à n'importe quel prix.