Le mythe napoléonien se porte manifestement bien : debout à l'avant de sa chaloupe, bras croisés dans le dos de sa redingote grise, Napoléon est a nouveau arrivé dimanche 1er mars sur la plage de Golfe-Juan, accueilli par trois coups de canon qui ont frémir les chevaux. « Je suis heureux d'être de retour ! », a-t-il lancé à ses troupes et à des milliers de spectateurs ravis de remonter 200 ans en arrière.
Car c'est bien ici qu'il y a 200 ans que, quittant discrètement l'île d'Elbe après dix mois d'exil avec une flottille de sept navires, l'Empereur arrivait après une traversée de trois jours, sans être repéré par les navires anglais ou français, et débarquait sur cette plage déserte avec 1 200 hommes, marquant le début de l'aventure des 100 jours, qui allait se terminer le 18 juin lors de la célèbre et tragique bataille de Waterloo.
Aujourd'hui, certes, la reconstitution assurée par quelque 200 passionnés de l'épopée napoléonienne est plus modeste, mais menée tambour battant, et la ferveur était là. L'Empereur, c'est Frank Samson, un avocat parisien qui campe son personnage depuis dix ans. Il se dit qu'a l'époque, Napoléon débarqua sur les épaules d'un marin. Dans ce qui fut une légère entorse à la chronique historique, dimanche il est arrivé à pied sur un ponton, attendu par son fidèle général Bertrand, grand maréchal des logis, en costume amarante et broderies d'argent, coiffé d'un bicorne à plumes d'autruche, et escorté par son fidele mamelouk Ali.
Reprenant les paroles prononcées il y a 200 ans, l'« Empereur » s'est écrié « La victoire marchera au pas de charge, l'aigle, avec les couleurs nationales, volera de clocher en clocher, jusqu'aux tours de Notre-Dame. Vous serez des libérateurs de la patrie ! », acclamé par ses soldats. Dimanche à Golfe-Juan, Napoléon est monté sur un pur sang gris avec des garnitures cramoisies et pris la route de Cannes. A l'aube, il est ensuite parti pour Mougins, puis Grasse et la route des Alpes jusqu'à Grenoble… 200 ans après, l'aventure recommence !