Les frappes de la coalition menées par les Etats-Unis en Syrie visant à mettre un terme à la progression de l'Etat islamique (EI), également appelé Daech en arabe, sont "inefficaces", a déclaré le ministre syrien de l'Information Omran al-Zoubi.
"Cette coalition agit en dehors du cadre des Nations Unies et a lancé plus de 1 000 frappes aériennes (contre l'EI). Cependant, toutes ces frappes sont inefficaces dans la lutte contre la progression de Daech", a indiqué le ministre dans une interview récemment accordée à Xinhua.
La coalition dirigée par les Etats-Unis mène des frappes aériennes contre des positions de l'EI situées dans le nord et l'est de la Syrie depuis fin septembre. Cependant, les raids ont peu contribué à enrayer la progression du groupe terroriste.
Le ministre a souligné que des efforts de lutte contre le terrorisme sérieux devraient être entrepris sous l'égide de l'ONU et mobiliser les gouvernements des pays en proie au terrorisme.
"Nous ne pourrons pas parler d'efforts de lutte contre le terrorisme sérieux tant qu'il n'y aura pas un grand effort international organisé et parrainé par l'ONU dans le cadre duquel les gouvernements syrien et irakien pourraient participer à une coalition" contre le terrorisme, a-t-il déclaré.
M. al-Zoubi a salué le récent accord conclu entre l'Irak, la Syrie et l'Iran sur la poursuite de la coopération contre le terrorisme et a affirmé que les trois pays souhaitaient lutter contre le terrorisme militairement, économiquement, politiquement et même socialement.
"La Syrie et l'Irak sont confrontés au terrorisme depuis longtemps et l'Irak a fait l'objet d'une agression terroriste de grande échelle, tout comme la Syrie (...). L'Iran est un pays ami de la Syrie et de l'Irak et il est compréhensible que les ministères des Affaires étrangères des trois pays se rencontrent et coordonnent leurs efforts de lutte contre le terrorisme", a déclaré M. al-Zoubi.
Reprenant des allégations déjà formulées par le gouvernement syrien, le ministre a accusé certains pays de la région et Etats occidentaux de soutenir les groupes radicaux, ce qui aurait conduit à la propagation du terrorisme dans la région.
"Je pense que la propagation du terrorisme est une conséquence naturelle des vastes opérations de financement (du terrorisme dans la région), de la mobilisation et de la formation d'hommes armés et de leur déplacement d'une région à une autre dans le monde", a-t-il expliqué.
"Les terroristes viennent maintenant en Irak et en Syrie de partout dans le monde, mais ce processus signifie forcément que ces terroristes pourraient retourner dans d'autres parties du monde et créer des foyers de tension", a-t-il averti.
Interrogé sur la dernière initiative du nouvel envoyé de l'ONU en Syrie, Staffan de Mistura, qui a récemment proposé de cesser les combats dans la province d'Alep (nord de la Syrie), le ministre a répondu que l'Etat syrien "avait été clair quand il avait déclaré qu'il étudierait cette proposition et cela signifie que l'Etat syrien répond positivement sur le principe au concept de cesser les combats (...)".
Cependant, le plan de M. de Mistura n'a pas proposé de "détails spécifiques" jusqu'à présent, a-t-il fait remarquer. "Nous attendons que M. de Mistura explique sa vision consistant à faire cesser les combats ainsi que ses significations et ses implications, et à la lumière de ce que M. de Mistura mettra en avant, on pourra affirmer que l'Etat syrien prendra position", a-t-il ajouté.
Par ailleurs, M. al-Zoubi a salué la position de la Russie, qui plaide pour la recherche d'une solution politique à la crise syrienne, et a en particulier salué les récents efforts déployés par la Russie pour organiser un dialogue entre le gouvernement et les partis d'opposition syriens à Moscou.
"La Russie est un pays ami qui a déployé de grands efforts ces derniers temps pour aider à mettre fin à la guerre contre la Syrie", a-t-il déclaré. "Les amis russes, tout comme nous, considèrent que le concept de dialogue pourrait ouvrir une grande porte vers la fin à la crise syrienne."
Le ministre a également souhaité que l'année à venir soit meilleure que les précédentes. "Les Syriens ont payé le prix fort de la crise et du terrorisme par leur sang et leurs conditions de vie", a-t-il souligné.
"Nous souhaitons surmonter ces événements pour que le pays redevienne ce qu'il était et même mieux", a-t-il déclaré avant d'ajouter : "la solution politique est un choix permanent pour lequel nous n'avons cessé de plaider et de travailler".
La crise syrienne, qui se poursuit depuis plusieurs années, s'est compliquée lorsque des groupes radicaux ont profité de la situation chaotique du pays pour s'emparer de territoires. La crise a fait plus de 190 000 morts et a forcé des millions de personnes à se réfugier dans des pays voisins.