Le Premier ministre irakien Haïdar al-Abadi a déclaré mardi que les récents commentaires du président français François Hollande étaient inappropriés et ne pouvaient que servir l'ennemi, c'est-à-dire l'Etat islamique (EI), le groupe extrémiste qui s'est emparé de vastes pans de territoires en Irak.
Le bureau de M. Abadi a publié un communiqué en réponse aux propos tenus lundi par M. Hollande. Lors d'une conférence de presse à Ottawa, au Canada, le président français a suggéré un manque de représentativité des différentes communautés au sein de l'armée irakienne et a encouragé Bagdad à faire davantage pour lutter contre les combattants de l'EI, comme le font les peshmergas kurdes.
"De tels propos ne sont pas seulement inexacts, ils sont aussi inappropriés, car ils ne peuvent que contribuer à la guerre psychologique contre nos forces et notre peuple. Ils ne peuvent que servir l'ennemi", souligne le communiqué de Bagdad.
Les forces irakiennes ont remporté de grandes victoires sur divers fronts contre les combattants de l'EI, elles ont notamment reconquis la majeure partie de la province de Diyala dans l'est du pays et libéré la zone de Jorf al-Sakhr au sud de Bagdad, et elles combattent actuellement dans le nord de la province de Salah al-Din pour libérer la ville de Baïji en vue d'avancer vers Mossoul, la deuxième plus grande ville du pays, détaille le communiqué.
"Les forces irakiennes sont très motivées et déterminées pour libérer chaque parcelle prise par les terroristes", souligne le texte.
"Toutes les composantes du peuple irakien sont représentées au sein du gouvernement irakien et au sein des forces de sécurité, et elles sont unies pour lutter contre le terrorisme de Daesh et les expulser d'Irak", ajoute le communiqué. Daesh est l'acronyme arabe de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), groupe qui a ensuite pris pour nom EI.
M. Hollande, dont le pays, comme le Canada, participe à la campagne de frappes aériennes contre l'EI sous la houlette des Etats-Unis, a déclaré lundi lors d'une conférence de presse à Ottawa : "Ces frappes ne peuvent pas être suffisantes. Elles doivent être accompagnées de mouvements au sol."
Et de poursuivre : "Et en Irak, c'est à l'armée irakienne et aux peshmergas du Kurdistan irakien de faire en sorte que les territoires puissent être reconquis, ce que font les peshmergas irakiens, ce que ne fait pas encore l'armée irakienne. Et donc nous l'encourageons, comme nous l'avons demandé au gouvernement irakien, à faire le rassemblement le plus large pour que cette armée puisse être suffisamment respectée par l'ensemble des communautés pour ensuite être efficace."