L'Ukraine a finalement signé son Accord d'association avec l'Union européenne (UE) vendredi dernier à Bruxelles en marge du sommet trimestriel des 28, après une suspension en novembre 2013 qui est à l'origine des protestations de rue pro-UE, de l'expulsion du président pro-russe Viktor Ianoukovitch, de la réintégration de la péninsule de la Crimée à la Russie et des conflits armés qui se poursuivent dans l'est de l'Ukraine autour du problème de l'indépendance de cette région à forte population russophone.
Cette association entre Kiev et Bruxelles est regardée d'un mauvais oeil par Moscou, qui s'est engagé à prendre des mesures appropriées pour protéger son marché domestique et la zone de libre échange de la Communauté des Etats indépendants (CEI) issue de l'ex-Union soviétique. Si Moscou passe de la parole à l'action, bien qu'il déclare ne pas avoir l'intention d'imposer des sanctions à l'Ukraine, les exportations et l'économie de cette dernière auront un coup dur.
Cheval de Troie commercial ?
L'association entre l'Ukraine et l'UE risque en premier lieu d'entraîner la désassociation entre l'Ukraine et la Russie, parce que Moscou estime que Kiev pourrait ainsi devenir un cheval de Troie commercial de l'UE au sein de la Russie et de la CEI. Moscou a d'ores et déjà menacé de supprimer les privilèges tarifaires sur les produits ukrainiens et restreindre les importations en provenance de l'Ukraine, pour que le marché russe et la zone de libre échange de la CEI ne soient pas inondés par des produits de l'UE bénéficiant des privilèges tarifaires s'inscrivant dans l'Accord d'association Kiev-Bruxelles.
La Russie est depuis longtemps la principale destination de produits ukrainiens, selon des analystes, les mesures de protection de Moscou pourraient coûter à Kiev des pertes de 30 à 40 milliards de dollars US chaque année. Qui pis est, la Russie s'est engagée à ne plus pratiquer "le prix préférentiel" dans l'approvisionnement de l'Ukraine en gaz naturel.
Avec l'Accord d'association, des produits et des entreprises ukrainiens se verront directement sous le choc des concurrents de l'UE et se trouveront sous la pression d'investir beaucoup dans leur adaptation aux normes de l'UE, alors que leur accès à l'ouest ne sera pas facile.
Les Ukrainiens souhaitent s'intégrer à l'UE par l'Accord d'association. Ce processus pourrait, à long terme, favoriser leur développement économique et leur amélioration de vie, mais à court et moyen termes, les Ukrainiens subiront des retombées négatives de l'association avec l'UE et de la désassociation avec la Russie, telles que la hausse des prix du gaz naturel et de l'électricité, la faillite en chaîne d'entreprises suite à la perte du marché russe, ainsi que l'élargissement du fossé entre riches et pauvres. Une transition agitée ou calme est devant la société ukrainienne.