Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a prévenu vendredi que des frappes militaires contre les militants sunnites en Irak pourraient être inefficaces et contreproductives, appelant les communautés opposées du pays à s'unir pour combattre les terroristes qui ont pris possession d'une grande partie du territoire du pays.
M. Ban a évoqué vendredi la crise irakienne dans un discours sur la Syrie à la Société de l'Asie.
Le chef de l'ONU a également dénoncé les combats interconfessionnels et les représailles qui s'ensuivent, appelant le gouvernement irakien et ses partisans à ne pas s'en prendre à la communauté sunnite pour se venger des attaques de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), inspiré par al-Qaïda.
Le gouvernement irakien a demandé des frappes aériennes américaines pour arrêter l'insurrection des extrémistes sunnites qui avancent vers Bagdad, la capitale de l'Irak. Le président américain Barack Obama s'est retenu d'agir pour l'instant, mais il a annoncé jeudi que les Etats-Unis étaient prêts à envoyer jusqu'à 300 conseillers militaires en Irak pour former, conseiller et soutenir les forces irakiennes dans leur combat contre l'insurrection. Il a insisté sur le fait que les forces américaines ne retourneraient pas combattre en Irak.
M. Ban a mis en garde que "des frappes militaires contre l'EIIL pourraient avoir peu d'effet à long terme ou même être contreproductives s'il n'y a pas d'évolution vers un gouvernement de rassemblement en Irak".
Qualifiant l'affrontement interconfessionnel de "catastrophe pour tous", M. Ban a expliqué qu'il était impératif que le gouvernement irakien et ses partisans évitent les représailles contre la communauté sunnite.
"Les extrémistes sunnites de l'EIIL essayent de montrer que les gouvernements à Bagdad, en Iran et aux Etats-Unis travaillent ensemble pour soutenir les atrocités contre les sunnites", a expliqué M. Ban. "Cela les aiderait à mobiliser le soutien de la majorité sunnite qui ne partage pas la vision des extrémistes. Il est essentiel que le gouvernement d'Irak et ses partisans fassent tout leur possible pour éviter de tomber dans ce piège".
Le secrétaire général a rappelé que les armes et les combattants traversaient la frontière poreuse entre la Syrie et l'Irak et il a demandé aux dirigeants religieux et politiques de la région d'appeler à la retenue et à éviter plus de violence interconfessionnelle.
Traiter la menace régionale des extrémistes faisait partie des six points du nouveau plan du secrétaire général pour faire face au conflit syrien.