Déchirée par plus de trois ans de guerre, la Syrie va bientôt organiser des élections présidentielles. Que les pays occidentaux reconnaissent ou non ces élections, elles auront lieu comme prévu le 3 juin. Les médias internationaux ont largement spéculé sur le fait que les élections ayant uniquement lieu dans les zones contrôlées par le gouvernement, le président sortant, Bachar al-Assad devrait en sortir vainqueur.
Peu importe ce qu’en dira le monde extérieur, il n’en reste pas moins que le gouvernement syrien prépare ces élections de manière sérieuse. La Cour suprême constitutionnelle de Syrie a annoncé le 4 mai qu’il y aura au total trois personnes formellement designées comme candidats à l'élection présidentielle, dont Bachar el-Assad. L'Assemblée du peuple syrien a de son côté invité 13 « pays amis » à envoyer des délégations d’observateurs pour surveiller les élections. Enfin, le Gouvernement syrien a récemment renforcé sa surveillance du marché, afin d'assurer la stabilité de l’ordre économique pendant le scrutin.
À l'heure actuelle, la situation sur le champ de bataille a également créé des conditions plus favorables à la tenue de ces élections. Quand on regarde la carte de la situation de la guerre, on s’aperçoit que les troupes gouvernementales occupent actuellement de vastes régions de l'Ouest. Les rebelles armés et les extrémistes islamistes occupent quant à eux la majeure partie de la Syrie du Nord. Toutefois, au début du mois de mai, la ville de Homs, la soi-disant « capitale de la révolution » est entièrement retombée sous le contrôle des forces gouvernementales après que les rebelles s’en soient retirés. Cette victoire a permis à l’évidence au du gouvernement syrien de reprendre l'initiative sur le plan militaire.
Sur le front diplomatique, les efforts du gouvernement syrien sont louables. Les travaux d’enlèvement et de destruction des armes chimiques sont en bonne voie. Actuellement, moins d’1% seulement des armes chimiques restantes attendent de quitter le pays. Le Gouvernement syrien a bien coopéré pour se mettre en conformité avec les efforts d’interdiction internationale des armes chimiques.
Vu sous cet angle, les élections syriennes vont se dérouler dans une situation où les interférences seront rares. Sauf surprise, le président el Assad sera réélu. Mais que se passera t-il après les élections ?
Selon les dernières données publiées par l’association « Syrian Human Rights Watch », depuis le déclenchement de la guerre civile, le conflit syrien a causé la mort de 160 000 personnes, dont plus de 8 000 enfants. Des millions d'autres ont également été déplacées. Actuellement encore, à Alep, dans le Nord de la Syrie, l’armée gouvernementale et les forces anti-gouvernementales s’affrontent. Mais on voit également que des contradictions déchirent les partisans du Jihad. Le Front Al Nosra, lié à l’organisation Al-Qaida et l'Etat islamique en Irak et au Levant sont entrés en compétition depuis la fin du mois d’avril pour les zones stratégiques productrices de pétrole dans la province du Nord-Est de Deir ez-Zor et ont officiellement commencé à s’affronter, avec son cortège de morts et de gens en fuite. La dure réalité de la guerre civile n'a pas changé, inquiétant la communauté internationale et les gens épris de paix.